La plupart des travaux et des réflexions sur le Liban ont porté sur la nature du système politique libanais, la capacité de la formule libanaise de coexistence communautaire à résister ou non aux transformations internes et au contexte régional et international ou sur le Liban comme caisse de résonnance des conflits régionaux, mais l'on a eu tendance à ignorer ou à minorer l'importance de la question sociale, qui est apparu comme un angle mort de la pensée. Le Liban figure actuellement parmi les pays les plus endettés au monde, le niveau de croissance du pays reste faible, les taux de consommation élevés au sein de la classe supérieure s'accompagnent d'un accroissement des disparités sociales, les débats sur la réforme économique, sur l'utilisation de la dette publique, sur les effets sociaux du modèle de développement choisi, ont été négligés par les pouvoirs publics et les principaux partis politiques. Or, les évolutions socio-politiques et les développements dont nous sommes témoins aujourd'hui et qui menacent la stabilité sociale et politique du pays trouvent leur origine dans ce déni de la question sociale depuis la fin de la guerre civile.
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