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Vincent Revel, journaliste parisien, écrivain raté, trentenaire désabusé, rencontre deux êtres qui vont relancer sa fièvre initiale. Le premier est une jeune femme inspirée : Lia Silowsky, habitée par une forme de mysticisme où se mêlent chants bulgares et visions oniriques. Le second, Emmanuel Starck, est un aventurier revenu s'installer à Paris après avoir beaucoup voyagé, expert en hacking comme en arts martiaux, hanté par les traditions d'une chevalerie résolument obsolète. Avec eux, Vincent se livre à des sabotages symboliques plus proches du happening que de l'attentat, tandis que son intérêt pour Lia se mue en authentique passion.
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Ils sont une soixantaine, dans cette rentrée littéraire, à faire le grand saut, celui de la publication du premier roman, avec la perspective d’une carrière prolifique. Romaric Sangars fait notamment parti de ceux-là. Critique littéraire de métier et co-fondateur du Cercle Cosaque et déjà auteur d’un pamphlet qui répond au doux titre de Suffirait-il d’aller gifler Jean d’Ormesson pour arranger un peu la gueule de la littérature française ?, paru en 2015 aux éditions Pierre-Guillaume de Roux, il signe ici son premier roman, Les Verticaux, aux éditions Léo Scheer, mettant en scène des personnages en proie à des idéaux qu’ils comptent bien défendre.
Paris, ville Lumière, que ce soit par la multitude des monuments qui orne la capitale que par le milieu prépondérant de la mode et du luxe et la résonance des salons littéraires. C’est dans cette ville qu’évolue Vincent Revel, un journaliste qui se rêve écrivain et dont les rares écrits ne méritent pas d’être rendus public. Ses idéaux de jeunesse ayant fait place au caractère désabusé de la vie, Vincent déambule dans Paris, sans but, sans finalité, jusqu’au jour où il rencontre deux êtres qui vont prendre un place particulière dans sa vie et relancer cet élan, cette flamme qui l’animait : d’abord Lia Silowsky, une femme à la voix caractéristique dont les chants interpellent Vincent dans la rue, puis Emmanuel Starck, dont le plus grand regret consiste à la disparition de ces traditions chevaleresques d’antan. C’est avec eux qu’il formera, lors de la nuit fatidique du 17 février, un groupe activiste, les Verticaux, dont l’action se concentrera dans des faits symboliques, ne serait-ce que dans cette idée de mouvement vertical.
Difficile d’entrer de plain-pied dans l’ouvrage tant il se révèle assez hermétique, de prime abord : le narrateur, Vincent, pour commencer, est un personnage désabusé et particulièrement imbu de sa personne et devient même assez antipathique tout au long du roman. Plus qu’un héros classique et militant, Romaric Sangars cherche clairement à mettre en scène un antihéros dont la carapace se fendillera après ces deux rencontres décisives : avec Lia Silowsky, qui parviendra à toucher une corde sensible grâce à ses chants, et avec Emmanuel Starck, qui réveille cette flamme révolutionnaire dans l’esprit de Vincent, ainsi que cette volonté de combattre pour ses idéaux et qui dévoilera cette part sensible du narrateur.
Le second obstacle réside dans cette écriture quasi métaphysique, faite de mouvements des corps et d’évolution de pensées : Romaric Sangars ne cherche pas à décrire avec minutie l’environnement dans lequel évoluent ses personnages, il préfère une écriture psychologique, qui est à même de décrire cette espèce de réveil de Vincent Revel, notamment à travers de grandes conversations avec d’autres protagonistes où ils refont le monde à tout va, en brandissant cette liberté bafouée, en regrettant cet esprit chevaleresque disparu au profit d’un certain individualisme. On est alors dans la contemplation, dans l’instant et on parvient même à retrouver un certain aspect quasiment cinématographique à quelques scènes.
Les Verticaux est un ouvrage qui demande beaucoup d’investissement de la part du lecteur et qui se révèle plus abouti, plus profond que l’on pourrait le penser. L’écriture et le style de Romaric Sangars charment et invitent le lecteur à deux choses : à vivre avec intensité les évènements que le narrateur raconte et à militer pour ses idéaux. C’est, au final, un premier roman engagé et qui mérite que l’on parle de lui et un style dans lequel on retrouve une fougue qui manque à la littérature française d’aujourd’hui.
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