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Elysée Gaumont est un musicien de jazz d'une cinquantaine d'années, un saxophoniste anarchiste, qui vit à cent à l'heure, dans un petit appartement parisien. Un peu enveloppé, il aime bien l'alcool et abuse parfois des bonnes choses. Victime d'un AVC, il part se refaire une santé dans les calanques marseillaises, loin des tumultes de la capitale. Alors qu'il aspire à se reposer, il se retrouve mêlé, bien malgré lui, à une sombre affaire d'enlèvement et de meurtre qui l'entraîneront dans une aventure surprenante et mystérieuse. Maladroit et peureux, ce pauvre Elysée, héros malgré lui et détective par défaut, essaiera, comme il le peut, d'échapper à des malfrats qui ne reculent devant rien pour parvenir à leurs fins et parviendra même à trouver le coupable.
Un grand moment de musique : on entend le jazz des grands : Miles Davis, Duke Ellington, Ella Fitzgerald, Chet Baker, ... et beaucoup d'autres, et il donne même envie de les (ré)écouter. Bon, on y parle aussi variété française, puisque pour vivre Élysée écrit des musiques sur des paroles très "variétés", parfois il vaut mieux écouter des chansons étrangères, au moins on ne capte pas la vacuité des propos. Mais, c'est un travail alimentaire pour Élysée qui lui permet des extras comme payer le train, le taxi ou l'hôtel pour filer tel suspect, se cacher de ses poursuivants : merci Léo Fériot (le parolier et interprète payeur).
Un polar drôle, léger et musical, quoi de mieux pour cet été ? C'est drôle et léger parce que les personnages sont assez peu attendus dans les situations auxquelles ils font face, ils sont maladroits, gênants, bruyants là où il faudrait du calme et ne pensent qu'à la musique qui les habite (et les nourrit). Je dis les personnages car Élysée s'adjoint les services (et plus car affinités) de "Déborah, la belle contorsionniste douce comme une ballade de Richard Galliano" (4ème de couverture) et de Vauchillon, un collègue marseillais qui lui trouve du boulot et la planque lorsque les ennuis commencent. C'est drôle aussi parce que Delphine Solère fait preuve d'un style audiardien qui mêle argot, expressions humoristiques, une gouaille fort bienvenue et fort agréable ; par exemple lorsque les jazzmen jouent à l'enterrement d'un richissime éleveur de poulets (accessoirement père de la jeune fille évaporée à Notre Dame de la Garde) : "Il y avait un passage assez chiant à cause d'un changement de rythme que le batteur négocia avec la maestria d'un coureur de Formule 1, puis les endimanchés, à la vitesse d'un gastéropode qui aurait fumé du libanais, disparurent dans la grande église." (p. 60)
L'enquête est longue à démarrer puisque c'est uniquement page 110 qu'Élysée se sent "mêlé à une sale affaire. J'ai su aussi que je ne pouvais plus faire confiance à personne. Ni les amis ni la police. J'ai ressenti un trouble que je ne connaissais pas. Le sentiment d'avoir cherché volontairement à me mettre dans une situation débile et maintenant de ne plus pouvoir la maîtriser." Mais cette relative lenteur du début n'est pas rébarbative, bien au contraire, tant on se plaît en compagnie d'Élysée et de ses amis, les musiciens vivants et les morts. En fait, on aimerait bien prolonger un peu les moments avec eux tous, les bons moments du début ou les plus durs (mais toujours drôles de la suite). Je ne sais pas si une suite est prévue, mais si oui, j'en suis !
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