Le diagnostic établi il y a un demi-siècle par la philosophie africaine moderne est incontestable, et toujours valable : la conscience africaine est en crise. Pour surmonter cette crise identitaire, certains penseurs africains ont proposé de rétablir la fierté africaine en célébrant l'apport de l'Égypte antique dans l'histoire universelle des savoirs ; un autre courant de pensée africain soutenait qu'il fallait restaurer l'authenticité africaine en décolonisant les consciences, faisant ainsi revivre les cultures africaines précoloniales.
Force est de constater que malgré des résultats encourageants, la crise africaine perdure et cela parce que la philosophie africaine ne s'est pas attaquée à la racine du mal africain ; ce mal nous le connaissons puisqu'il se dresse fièrement devant nous telle une montagne, c'est la colonisation. Il n'y a pas de « bienfaits » de la colonisation : la colonisation européenne en Afrique, c'est l'occupation militaire de territoires étrangers, l'exploitation et le pillage des ressources, l'assujettissement et l'aliénation des populations.
De toute évidence et à mon grand regret, la colonisation a façonné l'Africain : celui-ci est donc un « rejeton de la colonisation ». Or, que faire désormais de cette part de lui-même que ce dernier honnit ? L'Africain serait-il capable de dialectiser la liberté et la colonisation alors même que ces deux aspects de sa conscience s'opposent comme le jour et la nuit ? L'Africain serait-il capable de sortir de la spirale du ressentiment, de l'inaction et de la haine de soi pour exister telle une conscience multiculturelle ? Cet essai philosophique, vous l'aurez compris, au regard du thème qu'il se propose d'aborder, ambitionne de revigorer une philosophie africaine contemporaine qui doit continuer à se réinventer.
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