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Quand en 1783 débute l'éruption du Laki, la plus grande de tous les temps, seule l'intervention miraculeuse de Jón Steingrimsson, le Pasteur de Feu, put arrêter une coulée de lave ravageuse et sauver in extremis le pays de l'effondrement. Un bienheureux miracle mais de fâcheuses conséquences pour le reste du monde : famines, exodes, Révolution française et guerres napoléoniennes... Sur l'île débarque comme un retour de bâton un drôle de roi qui régna du 13 juillet au 23 août 1809, pendant les journées les plus chaudes, alors que brille au firmament Sirius, l'astre des miracles et des désastres. Oyez, oyez, la saga revisitée de Jorundur, le roi de la canicule !
Avec panache et humour, Einar Mar Guðmundsson joue avec les sources et retrace en facétieux conteur, les tribulations et aventures de ce Danois qui avant trente ans s'est embarqué sur un baleinier, a accosté au Cap, fait escale à Tahiti et en Tasmanie, accompagné des botanistes dans les îles du Pacifique, s'est fait pirate et emprisonner à Londres, avant de retourner à Copenhague puis de se retrouver en Islande pour en devenir roi à peine le temps d'un été. Une épopée explosive - et on ne vous parle pas que de volcans ! -, une anti-saga islandaise avec son lot de prodiges et calamités, à la gloire d'un roi éphémère, magnifique anti-héros replacé au coeur du monde.
Jørgen Jørgensen est un danois, né au 18e siècle. Il a fait plusieurs fois le tour du globe, après avoir lu avec envie les récits des grands navigateurs. Polyglotte et fervent admirateur de l’Angleterre, il y devient agent secret, échappant de peu au peloton d’exécution, avant d’être exilé en Tasmanie en tant que bagnard puis traqueur de hors la loi. Entre temps, il est roi d’Islande, le « Roi de la canicule, Jörundur Jörundarson » durant l’été 1809.
Une vie hautement romanesque, et pourtant tout est vrai ! En tous cas aussi vrai que possible, comme nous le dit l’auteur : « Quand je vous dis que tout ici est vérité, cela inclut évidemment les mensonges. »
Einar Már Gudmundsson prend pour témoin les sagas islandaises en les tournant en dérision à la manière de Cervantès, le tout agrémenté d’antithèses poussant vers le paradoxe. Il profite de ce retour dans le passé pour mettre en lumière la société islandaise, cette petite île qui a été sous domination danoise jusqu’en 1944. Jörundur Jörundarson est ainsi le premier indépendantiste, bien en avance sur son temps.
Je découvre cet auteur mais je retrouve dans sa plume les caractéristiques des auteurs islandais que j’aime tant : un art poétique de la narration et cet humour, léger et naturel, proposant un avis implacable sur le monde tout en le tournant en dérision.
Traduit par Eric Boury.
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