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Jørgen Jørgensen est un danois, né au 18e siècle. Il a fait plusieurs fois le tour du globe, après avoir lu avec envie les récits des grands navigateurs. Polyglotte et fervent admirateur de l’Angleterre, il y devient agent secret, échappant de peu au peloton d’exécution, avant d’être exilé en Tasmanie en tant que bagnard puis traqueur de hors la loi. Entre temps, il est roi d’Islande, le « Roi de la canicule, Jörundur Jörundarson » durant l’été 1809.
Une vie hautement romanesque, et pourtant tout est vrai ! En tous cas aussi vrai que possible, comme nous le dit l’auteur : « Quand je vous dis que tout ici est vérité, cela inclut évidemment les mensonges. »
Einar Már Gudmundsson prend pour témoin les sagas islandaises en les tournant en dérision à la manière de Cervantès, le tout agrémenté d’antithèses poussant vers le paradoxe. Il profite de ce retour dans le passé pour mettre en lumière la société islandaise, cette petite île qui a été sous domination danoise jusqu’en 1944. Jörundur Jörundarson est ainsi le premier indépendantiste, bien en avance sur son temps.
Je découvre cet auteur mais je retrouve dans sa plume les caractéristiques des auteurs islandais que j’aime tant : un art poétique de la narration et cet humour, léger et naturel, proposant un avis implacable sur le monde tout en le tournant en dérision.
Traduit par Eric Boury.
Pour moi un bon livre ce n’est pas celui qui se lit en deux heures, c’est plutôt l’inverse.
J’aime les livres qui offre un univers particulier, une superbe écriture qui n’oublie pas la poésie.
J’aime lorsque l’histoire me laisse contemplative car à travers les mots, la maîtrise narrative, j’acquiers la certitude d’avoir ressenti la vie qui y souffle plus fort qu’ailleurs.
Le livre s’ouvre sur la description d’un orage dantesque qui se prépare au-dessus de la tête des habitants d’un quartier de Reykjavík.
Cet orage est un personnage à lui tout seul, jouant des lieux et enveloppant de sa symphonie tout un petit monde, qui vit presque en vase clos.
C’est une bulle supplémentaire pour le pasteur et sa femme, pour l’artisan sellier qui réunit dans son atelier, le soir tombé des pêcheurs, Gunnar le veuf poète, chanteur et danseur…
Atelier proche d’un ancien hôpital psychiatrique, a un décor particulier avec son squelette de baleine, son renard empaillé et heureusement un chien vivant. Gunnar est le dernier paysan de cette communauté.
Au plus fort de l’orage le sellier raconte l’histoire d’un homme perdu dans la montagne. La femme du pasteur se réveille d’une somnolence alors qu’elle passait sa soirée à faire de la broderie.
« Et dehors, l’obscurité se déverse. Elle se découle de la gorge du ciel. Elle coule à travers des lèvres silencieuses pour rejoindre le Tout-Puissant. »
Le lecteur découvre une histoire qui s’inscrit dans les secondes de silence que laisse l’orage entre deux grondements.
Il visualise cette petite communauté battue par cette pluie qui frappe sans discontinuer tout ce qui est sur son passage.
Par un focus façon « magie hitchcockienne » dans son adaptation des Oiseaux, le lecteur découvre des portraits hilarants et caustiques à la fois, une vraie peinture des mœurs insulaires.
Un roman où il ne se passe rien ? N’en soyez pas si sûr…
Votre certitude en refermant ce livre c’est que vous aurez vécu une aventure très particulière, qui vous aura pénétré, comme la pluie diluvienne jusqu’à l’os. Une histoire qui flirte de façon très poétique avec le Fantastique.
Laissez-vous ensorceler.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 12 mai 2019.
J'aime beaucoup les couvertures Zulma -signées David Pearson-, un peu moins certaines qui peuvent irriter mes yeux, mais celle-ci est particulièrement réussie, sans doute, pour moi, l'une des plus belles de la maison d'édition. Mais arrivons au sujet qui nous intéresse, ce roman de Einar Már Guðmundsson, écrit en 2012. Sa lecture est assez déroutante surtout, si comme moi, vous êtes vite perdus dans une accumulation de personnages. Le romancier construit son histoire en retours en arrière et avancées rapides, il nomme ses héros quasiment à toutes les phrases, et croyez-moi, les noms islandais, ce n'est pas évident à prononcer ni à lire : Arnfinnur, Ástvaldur, Haraldur, Gunnar, Ingólfur, ... et là, je ne mets volontairement que les plus faciles, les prénoms, pas les noms de famille ni ceux des lieux. Ceci étant dit, il fait bien de le renommer souvent, car à chaque fois, d'une courte description, il replace chacun dans sa lignée, si bien que je ne suis pas tant perdu que cela et que je me suis repéré assez aisément dans les époques et les familles. mais ce procédé a un défaut, celui de la répétition et donc de longueurs un peu lassantes. Néanmoins, le pli pris, j'ai pu passer outre et apprécier cette critique à peine masquée de la société et de la politique islandaises. Critique très largement applicable à d'autres pays. Einar Már Guðmundsson sait être léger et drôle tout en étant lucide et profond. J'ai appris pas mal sur l'Islande et ses traditions tout en me distrayant. Son roman que l'on pourrait qualifier de saga n'est pas construit linéairement comme souvent dans le genre, ce qui, si j'oublie les longueurs évoquées plus haut, rend son livre plus original, plus barré. Ajoutons qu'il peut être lu comme une simple saga, mais ce serait dommage de se priver de la part critique évidente et claire, bien menée, finement et intelligemment, Einar Már Guðmundsson ne se contente pas de dire, les politiques sont tous des nuls ou des pourris.
Une très belle découverte, à tous les niveaux, puisque au risque de me répéter -mais j'ai l'habitude- cette couverture est magnifique !
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