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Les premières cités et la naissance de l'écriture

Couverture du livre « Les premières cités et la naissance de l'écriture » de  aux éditions Actes Sud
  • Date de parution :
  • Editeur : Actes Sud
  • EAN : 9782742794898
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

La majorité des spécialistes placent l'apparition de l'écriture au moment où les hommes éprouvent le besoin de comptabiliser les denrées stockées dans le but de les vendre. Ils se sédentarisent et organisent une vie urbaine nécessitant une comptabilité pour l'entretien des digues et la... Voir plus

La majorité des spécialistes placent l'apparition de l'écriture au moment où les hommes éprouvent le besoin de comptabiliser les denrées stockées dans le but de les vendre. Ils se sédentarisent et organisent une vie urbaine nécessitant une comptabilité pour l'entretien des digues et la construction des palais et des temples. Dans cet ouvrage, des archéologues et des historiens examinent ce sujet en différents endroits clés - Mésopotamie, Égypte, Moyen-Orient, Méditerranée, Chine, vallée de l'Indus et continent américain - et exposent les nouvelles découvertes archéologiques, dont certaines changent les datations et les lieux des premiers balbutiements de l'écriture. Quelles sont les raisons pour lesquelles les hommes commencent à écrire? De quelle manière? Sur quel support ?
Considérant comme réductrice l'hypothèse selon laquelle les Sumériens auraient inventé l'écriture pour des raisons économiques, Jean-Jacques Glassner replace, dans un cadre cognitif, la création des cunéiformes, écriture de syllabes et de mots. Les progrès dans le déchiffrement des sources et la meilleure connaissance de l'artefact qu'est l'écriture permettent aujourd'hui d'ouvrir d'autres voies, en particulier la volonté des Sumériens de classer le monde et la volonté d'une élite sociale de renforcer son pouvoir.
Depuis fort longtemps, on nous explique que l'écriture est apparue en Égypte en même temps que l'état pharaonique, vers 3000 av. J.-C., pour répondre aux besoins de son appareil administratif. Ce vieux dogme présuppose que la gestion d'un état aussi développé requiert inévitablement la maîtrise de l'écrit. Les découvertes archéologiques des dernières décennies révèlent l'existence de notations hiéroglyphiques antérieures d'au moins deux siècles à la naissance du système hiéroglyphique. L'écriture est certes associée au pouvoir, mais pas à celui d'un pharaon: il s'agit plutôt de pouvoirs contrôlant une portion de la vallée, à partir des premiers ensembles urbanisés. Dans ses emplois attestés, l'écriture n'est pas confinée à la simple gestion administrative, loin de là : selon la croyance, fixer par écrit la dénomination de produits précieux, c'est avoir une chance d'en préserver la vertu efficace à travers le temps et dans l'au-delà.
L'écriture chinoise apparaît sous la forme d'une idéographie entièrement spécialisée dans l'enregistrement des divinations. Selon Léon Vander meersch, cette idéographie est si formalisée dans cette fonction qu'il convient de la caractériser, non pas comme «écriture» (au sens de notation de la parole), mais comme «langage manticologique» (comme on parle de langage mathématique). Olivier Venture rappelle que l'écriture chinoise ne remonte qu'au milieu du XIIIe siècle av. J.-C., alors que de grandes cités existent au IVe millénaire av. J.-C. Il s'attache en particulier à montrer comment, au sein des villes, l'usage de l'écriture, d'abord cantonné à un domaine particulier, se répand par la suite en prenant une place de plus en plus importante dans la société de l'époque. Quant à Viviane Alleton, elle insiste sur la continuité de cette écriture chinoise, qui évolue au fil des temps, des textes les plus anciens jusqu'aux oeuvres modernes, sans pour autant présenter de modification radicale dans ses principes.
En Anatolie, Isabelle Klock-Fontanille expose la situation complexe où des écritures cunéiformes empruntées coexistent avec un système hiéroglyphique autochtone, attesté surtout dans les inscriptions monumentales. Elle souligne qu'il ne s'agit pas d'un simple cas de «digraphie», mais d'accidents historiques.
Chez les Aztèques, revient sur la question de la ville - leurs cités sont très vastes - dans le contexte d'une population mouvante et d'une culture originale.
Les Aztèques, population de langue nahuatl provenant probablement du Nord du Mexique, derniers arrivés dans le bassin de Mexico, vers le début du XIIIe siècle, parviennent au terme d'une longue migration porteurs d'une écriture. Marc Thouvenot s'interroge sur son émergence et sur la manière dont cette écriture se développe avant la conquête espagnole.
Dans la vallée de l'Indus, Asko Parpola démontre avec brio, sur la base des langues dravidiennes, des mythologies indienne et mésopotamienne, comment une approche à la fois linguistique et culturelle permet d'identifier la valeur des signes. Les inscriptions de la vallée de l'Indus considérées, jusqu'à peu de temps encore, comme indéchiffrées, sont étudiées par l'un des rares spécialistes de cette écriture, Vers la fin du VIIIe siècle av. J.-C., les Étrusques copient l'écriture grecque utilisée par les colons grecs de Cumes, en Campanie, avec qui ils sont directement en contact. L'écriture étrusque est donc au départ une écriture grecque et elle donne à son tour naissance au cours du VIIe siècle av. J.-C. à l'écriture latine. Dominique Briquel souligne le rôle des transformations apportées par les Étrusques à l'alphabet grec avant qu'il ne soit emprunté par les Latins.

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