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C'est l'été à Paris. Certains marchent d'un pas léger dans ce paradis de pierre et d'histoire. D'autres espèrent l'oubli ou la rédemption, sous le soleil éclatant. Et tous croient au destin. D'une chambre d'hôpital au Parc Monceau, des allées feutrées d'un ministère à la Colline du crack, d'un commissariat au Conservatoire, les distances sont comme effacées par le fleuve...
Max est sorti de prison. Il retrouve peu à peu ses sensations d'homme libre, et Laure qu'il aime, et sa fille Mélodie, mais une ombre le suit : est-ce l'angoisse qui désormais recouvre tout ou ce qu'il a fait et vu derrière les murs de la maison d'arrêt ? De temps en temps, une main glisse des photos dans sa boîte aux lettres. Ilan erre dans Paris, tel un faon blessé, il cherche son frère Amin et son père, venus de Syrie eux aussi. Laure n'a pas connu la prison, mais la violence dorée du pouvoir, sale comme une main, comme une passion mauvaise. Dans sa grande maison vient un autre Paris. Et une idée nouvelle, se révolter, mettre le feu au passé. Lui aussi a quitté sa cellule : Marcos est malade, il se bat et refuse les sentences définitives. Max lui rend visite. Maria, sa femme, aussi. Quant à Paula, sa fille, elle détient, sans le savoir, une clé mystérieuse. Un don grâce auquel, toujours, elle saura où le trouver.
C'est un Paris en habits d'été, où les femmes et les hommes poursuivent une quête. Cherchent-ils un refuge ? Une échappée ? Un dernier amour ? ou simplement continuer à vivre sans les coups, les casiers judiciaires, les mauvais gestes ? Tous se cherchent, se frôlent, se méconnaissent, parfois se désirent, souvent se menacent. La violence habite notre monde comme une prison, mais la douceur aussi.
Les paradis ne sont pas perdus : telle est la leçon de Pauline Claviere, dans ce roman noir et tendre impossible à quitter.
Max, la Bête et la prison
Pour son second roman Pauline Clavière a choisi de redonner du service à Max Nedelec, désormais sorti de prison. Mais est-il un homme libre pour autant? Son passé carcéral va venir le hanter, de plus en plus menaçant pour lui et ses proches. Un roman âpre, douloureux et sans concessions.
Pauline Clavière n'en a pas fini avec la prison et avec Max Nedelec. Dans «Laissez-nous la nuit», son premier roman, elle suivait les pas d'un petit patron victime d’une justice aveugle nommé Max Nedelec. Ce dernier se retrouvait en prison où il subissait les dures lois de cet univers impitoyable.
Cette fois, on le retrouve sa peine purgée, au moment où il est à nouveau convoqué par la justice. Une demande qui l'inquiète, même s'il n'a rien à se reprocher, car il sait que tout peut déraper à chaque moment. En fait son cas intéresse les politiques chargés d'une réforme carcérale et qui aimeraient recueillir son témoignage pour étayer son opinion sur l’état des maisons d'arrêt. "La nourriture, les cellules, le personnel, la direction. Ils passent tout au peigne fin." Une mission que n'accueille pas de gaîté de cœur Michel Vigneau, responsable de la prison, au centre d'un fait divers qui commence à faire couler beaucoup d'encre:
Prison : enquêtes sur la mort de deux détenus
passée sous silence
Au cours d’un incendie survenu dans une cellule début janvier, les prisonniers ont dû être évacués des derniers étages de la prison. Durant l’évacuation, un des détenus a été sauvagement assassiné et l’individu logé dans la cellule d’où semble s’être déclenché le feu n’a pas survécu.
Les deux hommes ont trouvé la mort à quelques minutes d’intervalle, dans des circonstances troublantes.
Lui qui a toujours pris un soin particulier à ce que la prison ne s’invite pas au sein de sa famille aimerait préserver sa femme Caroline et sa fille Chloé du scandale qui s'annonce. Une fébrilité partagée par le commissaire Matthias Mallory et son équipe, par les avocats impliqués dans ces dossiers et par le ministère qui entend mener à bien la réforme sans faire de vagues.
Aussi quand il s'avère que Laure Tardieu, conseillère Afrique au Quai d'Orsay partage la couche de Max, les cercles médiatico-politiques sont aux abois. Car "la plus brillante analyste et connaisseuse de la région" peut leur mettre des bâtons dans les roues. D'autant qu'autour de Max gravitent d'anciens codétenus. D'abord les amis, Marcos Ferreira, hospitalisé pour un cancer et Ilan, un jeune homme réfugié syrien qu'il accepte d'héberger chez lui. Puis les toxiques Redouane Bouta, Julian Mandini et Mohammed El Ouazidi. "La bête c’était eux, une bête à trois têtes. La prison était leur territoire, la violence leur mode d’action."
C'est durant le mois de juillet 2018, quand la France devenait championne du monde de foot pour la seconde fois, que Pauline Clavière situe son roman, qu'elle va faire se heurter la liesse populaire aux faits d'hiver sordides. Le choc n'en est que plus violent. Avec force détails qui cernent parfaitement la psychologie des personnages, elle nous démontre qu'on n'en a jamais vraiment fini avec la prison, que tous ceux qui s'y frottent sont marqués à vie. Il faut alors une incroyable force de caractère pour se libérer de ses chaînes, pour gagner les paradis.
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Max Nedelec est sorti de prison après une longue année passée derrière les barreaux. L’occasion pour le quinquagénaire de renouer avec une vie normale, de retrouver Mélodie, sa fille ; Laure, la femme dont il est amoureux ; Gino, son neveu. De débuter dans un nouvel emploi, d’entamer ce fameux travail de réinsertion. Mais comment oublier cette période si sombre de sa vie ? Elle a laissé des traces indélébiles, d’autant que certains événements vont venir perturber son quotidien et le replonger dans ce qu’il aimerait fuir et oublier.
Quel plaisir de retrouver les personnages rencontrés dans le premier roman de Pauline Clavière, Laissez-nous la nuit. Chacun d’entre eux est arrivé à une nouvelle étape de sa vie et l’auteure entremêle dans ce nouvel opus les fils de leurs destins. On croise ainsi des anciens co-détenus de Max ainsi que ses proches dont les histoires parallèles finissent par tisser la trame d’un récit choral très prenant.
L’ensemble est sans contexte moins sombre que le premier volet qui se déroulait en prison et en montrait toute l’inhumanité. Il y a plus d’espoir et un peu moins de noirceur dans ce nouvel ouvrage même si Pauline Clavière dénonce une nouvelle fois ici les dysfonctionnements du milieu carcéral. Elle démontre ici toute la difficulté à retrouver une vie dite normale après le traumatisme de l’enfermement, à renouer les fils d’une vie qui s’est délitée et à faire face aux fantômes qui sont restés accrochés.
Il émane de ce récit une certaine tendresse et une pointe d’optimisme, présents dès ce joli titre, Les Paradis gagnés, et qui ne se démentiront pas tout au long du roman malgré les événements qui arriveront. On pourra aussi noter chez Pauline Clavière le soin particulier qu’elle met à donner vie à ses personnages secondaires comme aux principaux dans ce récit qu’elle maîtrise parfaitement.
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