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Le 3 mars 1944, les habitants d'un hameau perdu des gorges de l'Ardèche ont été fusillés à l'aube par des soldats SS, parce qu'ils avaient caché des maquisards. Dans ce village, il y avait quinze habitants, mais on y a retrouvé seize corps. Qui était ce seizième homme ? Personne n'avait jamais cherché à le savoir.
Ce livre débute comme une enquête, soixante-quinze ans après les faits, pour identifier l'inconnu. Sur place, les réticences à parler sont encore fortes. Mais peu à peu, les langues se délient, des habitants exhument des boîtes en fer contenant des photos, des carnets de notes, autant de souvenirs de famille qui permettent de mieux comprendre la lourde chape de silence qui s'était posée sur ces derniers mois de l'Occupation. Ces découvertes lancent l'auteur sur les routes, à la poursuite du maquis Bir-Hakeim, groupe atypique, nomade et intrépide qui, dans un périple héroïque et tragique, de Toulouse à la Lozère, fut cause de sombres tensions au sein de la Résistance intérieure et avec les populations civiles.
Une enquête originale, à la fois road-trip et récit historique sensible, sur un de ces « petits massacres » oubliés du printemps 1944.
Ardéchois moi-même, le livre-enquête signé Olivier Bertrand m’intéresse depuis quelques mois déjà et je suis content de l’avoir lu, d’avoir plongé au cœur des réseaux de la Résistance du sud de la France, grâce à Vincent que je remercie.
Les Imprudents m’a emmené dans le sud du département, tout près du Gard, à Labastide-de-Virac dont j’avais visité le château il y a bien longtemps. Ce château huguenot domine un beau village et ses propriétaires ont fait reconstruire deux tours et deux tourelles. Une magnanerie, un élevage de vers à soie en agrémentait la visite, comme aujourd’hui encore.
Olivier Bertrand, journaliste et auteur de documentaires, venait régulièrement en vacances à Labastide dont sa famille est originaire. Il savait que, le 3 mars 1944, tous les habitants du hameau des Crottes, à l’écart du village, avaient été fusillés par les Allemands. Ils étaient quinze à vivre là mais on avait dénombré seize corps.
Qui est « L’inconnu des Crottes » ?
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le mystère est resté complet. Alors, poussé par son professionnalisme et le souci de rendre justice à un homme mort pour que nous vivions libres, Olivier Bertrand s’est lancé dans une formidable enquête, passionnante de bout en bout.
Pour tenter de découvrir l’identité de ce corps enfoui dans une tombe sans plaque, l’auteur est allé de témoignage en souvenir, de document en déclaration, ne ménageant ni son temps, ni ses déplacements.
C’est ainsi que Les Imprudents est devenu un véritable parcours au cœur de ces années 1943-1944, dans une France occupée et divisée entre collaborateurs et résistants, plus ceux qui attendent sans se mouiller pour voir de quel côté le vent va tourner.
Pour l’instant, la force est du côté de l’envahisseur soutenu par le régime de Vichy qui crée la Milice, de sinistre mémoire, le 30 janvier 1943. Afin de parvenir à découvrir l’identité de son inconnu, Olivier Bertrand commence à assembler son puzzle.
C’est le dimanche 5 mars, deux jours après le massacre, que son corps a été découvert à trois kilomètres des Crottes. Il n’est pas de Labastide mais appartient à Bir-Hakeim, mouvement de maquisards issu du groupe Campagne créé à Toulouse par Jean Capel en octobre 1942. C’est à Lestibie, à quinze kilomètres de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron), que le maquis s’est appelé Bir-Hakeim : « Sur l’idée d’un étudiant en droit, Xavier Moissinac-Massénat, en hommage à la bataille des Forces françaises libres, un an plus tôt en Libye. »
Notre enquêteur connaît les vêtements de l’inconnu, des initiales (JP) brodées sur un mouchoir kaki, sait qu’on le surnommait « Grand-Père » et c’est tout ! Sur sa moto, il sillonne une bonne partie de la France, surtout le Sud, pour faire découvrir à son lecteur la vie des réseaux de résistance, les noms de leurs principaux responsables, leurs actions, leurs façons de procéder mais aussi la répression féroce des SS, de la Gestapo, bien soutenus et renseignés par une partie de la gendarmerie, de la police et surtout de la Milice.
Il faut vraiment lire cette quête, cette recherche patiente, obstinée car l’auteur ne ménage pas les informations, les détails à la fois terribles et éloquents d’une période noire de notre Histoire.
Sans cesse pourchassés, les membres de Bir-Hakeim déménagent souvent pour venir se fixer dans le Gard, puis dans le sud de l’Ardèche et en Lozère. Ces hommes sont jeunes, hardis mais imprudents, réussissant parfois à se mettre la population à dos comme à Saint-Étienne-Vallée-Française, en Lozère.
Pour tenter d’abattre cette résistance qui s’étoffe, l’occupant n’hésite pas à semer la terreur, à massacrer des civils, incendier leurs maisons, piller leurs ressources. Il y a eu Oradour-sur-Glane de sinistre mémoire mais d’autres petits massacres de civils oubliés ont jalonné cette année 1944.
Le récit progresse peu à peu vers son dénouement. L’auteur a joint les photos de plusieurs résistants dont il parle, a ajouté des dessins et même les portraits du traitre, celui du lieutenant Ernst Gütmann, celui qui a commandé l’exécution des quinze habitants de Crottes.
Fausses pistes, découvertes parfois chanceuses, travail acharné dans les archives, recueil de témoignages oraux comme écrits, il fallait bien tout cela pour finalement identifier cet homme dont je vous laisserai découvrir l’identité et la photo en lisant Les Imprudents d’Olivier Bertrand.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Le roman débute un matin froid de mars au cimetière de Labastide-de-Virac, village du sud de l'Ardèche, pour une cérémonie autour de six tombes, à la mémoire des 16 victimes fusillées le 3 mars 1944 par des soldats de la SS. Il s'agit des quinze habitants du hameau des Crottes, massacrés pour avoir caché des maquisards. Cinq tombes, donc, portant les noms des membres de cinq familles et une sixième sans plaque. Mais qui est donc ce seizième cadavre qui n'a jamais été identifié ?
L'auteur, Olivier Bertrand, journaliste et auteur de documentaires, ancien correspondant de Libération à Lyon, dont la famille est originaire de ce village décide d'enquêter pour essayer de découvrir soixante-quinze ans après, l'identité de ce mystérieux inconnu.
Il va, pour cela, tenter d'interroger les anciens pour recueillir leurs témoignages. Quelques éléments, comme des photos, certaines publiées dans le livre d'ailleurs, des carnets de notes, le détail des objets retrouvés sur le cadavre par les gendarmes, dont un mouchoir brodé des initiales "J.P." vont conduire notre enquêteur sur la trace des résistants et du fameux maquis Bir-Hakeim, créé en 1943 par Jean Capel, avec un petit noyau de jeunes gens courageux. Il cherche également la trace d'un résistant du groupe dénommé "Grand-père".
Le récit historique de ce maquis Bir-Hakeim et la description de la vie quotidienne menée par ces jeunes gens dont l'intrépidité et l'attitude désinvolte vont attirer d'autres jeunes en quête d'aventures et voulant fuir le STO sont racontés de telle façon qu'ils nous replongent soudainement dans la réalité de l'époque. Ceux-ci s'appuieront toujours sur la confiance des habitants, à la fois pour se cacher et se ravitailler.
Leur intrépidité en oubliant parfois la terrible réalité et les possibilités entre autres de dénonciations et leurs provocations à l'encontre de l’envahisseur nazi leur seront fatales.
À la fois enquête très originale et récit historique, Les imprudents se lit comme un véritable roman policier d'une grande sensibilité, dans lequel est toujours présente l'émotion de l'écrivain. La ténacité de celui-ci pour retrouver cet inconnu est vraiment exemplaire. Jamais découragé, il ira jusqu'au bout ! Et comme lui, nous pouvons nous poser les questions suivantes : "Qu'aurais-je fait ? Que ferais-je ?", et comme lui répond Chantal de Roquemaurel :" C'est bien de se poser la question, mais sans être en situation vous ne pouvez pas savoir. Il y a des lâches qui se sont révélés courageux, des braves qui se sont dégonflés."
Si l'on a tous en mémoire l'horrible massacre d'Oradour-sur-Glane, il ne faut pas pour autant reléguer dans l'ombre et le silence comme c'est le cas, les "petits massacres" oubliés de l'hiver 1943-1944, comme les appelle l'historien allemand Peter Lieb et celui de Labastide en est un.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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