"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il y a quelque chose de pourri au royaume du bio.
Voilà pourquoi, après le constat alarmant dressé dans Vous êtes fous d'avaler ça ! , son premier best-seller, et les solutions concrètes pour manger sainement apportées dans Et maintenant on mange quoi ? , Christophe Brusset part en croisade contre les " imposteurs du bio ". Pour répondre à l'engouement pour les produits biologiques, et surtout pour mettre la main sur cette nouvelle manne, les multinationales de l'agroalimentaire, devenues expertes en greenwashing, ont lancé une multitude de produits supposés bios, écoresponsables, éthiques, etc.
Le constat de l'auteur est édifiant : ces produits, souvent vendus avec des marges abusives, ne sont pas tous, loin s'en faut, bons pour la santé des consommateurs ou pour la planète. D'autant qu'en France un tiers des produits bios sont importés de certains pays lointains où le laxisme voire la corruption sont de véritables fléaux. Devenu ardent détracteur de la malbouffe, Christophe Brusset, ancien trader de l'agroalimentaire, mène une enquête décapante sur ces industriels du food-business producteurs, transformateurs, distributeurs, etc.) qui continuent inlassablement de vous tromper au détriment de votre santé...
Et de vos finances ! " Ce n'est pas parce que la jungle de la malbouffe est repeinte en vert qu'elle est pavée de bonnes intentions ! "
Les produits bio ou supposés tel, souvent vendus avec des marges abusives, sont-ils tous vraiment bons pour la santé des consommateurs ou pour notre planète ? C’est d’autant moins certain que nous en importons un bon tiers de pays lointains (Chine, Turquie, Egypte, Afrique noire, Asie et Amérique du Sud) n’appliquant pas nos normes de culture et où le laxisme écologique et la corruption endémique règnent en maîtres. De plus, le bio n’est pas forcément synonyme de naturel. Par exemple, le sulfate de cuivre, largement utilisé en bio, est en réalité une substance pseudo-naturelle, un pesticide toxique et polluant, tout comme l’huile de neem, dangereuse pour les abeilles, les mouches, certains insectes et poissons. Autrefois relégués dans les rayons de compléments alimentaires, les produits bios disposent maintenant de vastes linéaires dans tous les super et hypermarchés, car les industriels de l’agro-alimentaire ayant flairé le bon filon se sont lancé à fond dans une filière qui est en constante progression et leur permet de s’octroyer des marges doubles de celles qu’ils pratiquent sur les produits non bio.
« Les imposteurs du bio » est un essai assez documenté se proposant de dénoncer la plupart des dérives d’une filière que d’aucuns imaginent vertueuse et bienfaisante. On y apprend pas mal de chose sur le sujet, par exemple que les organismes de certification sont des organismes privés pour la plupart, que les vérifications sont plutôt insuffisantes et parfois même pratiquées hors saison quand il n’y a rien à contrôler dans les champs ! Que les logos apposés sur les emballages sont forts nombreux, souvent fantaisistes et même auto-décernés pour mieux berner le consommateur. L’auteur en a relevé jusqu’à 12 sur un seul paquet de café ! On en est malheureusement ainsi arrivé à du bio de deux sortes, de qualité médiocre à quasi-nulle dans la grande distribution et acceptable dans les boutiques spécialisées plus ou moins militantes comme Biocoop ou la Vie Claire. Du bio pour prolo et du bio pour bobo en quelque sorte. Livre aussi coruscant que « Vous êtes fous pour avaler ça ! », mais qui reste un peu trop dans les généralités. Le lecteur aurait aimé plus de faits concrets pour illustrer et étayer le propos. À lire pour perdre quelques illusions…
Un titre accrocheur qui laisse penser que l'auteur va nous dévoiler tous les dessous nauséabonds de l'industrie du bio. Il y a en effet un peu de ça dans le livre, mais cela ne me semble pas être l'essentiel...
En fait, Christophe Brusset passe en revue les limites des labels "bio" :
- Des cahiers des charges qui ne concernent que les processus de production et de fabrication, mais pas la qualité des produits, et dont l'application est insuffisamment contrôlée ;
- Des cahiers des charges qui ne prennent pas en compte certains critères comme l'impact sur l'environnement ou la protection des travailleurs ;
- Des pratiques qui facilitent la fraude, par exemple en permettant à un producteur de faire à la fois du bio et du non bio, ou via l'importation massive de certains produits ou composants depuis des pays où les contrôles sont quasi impossibles ;
- La multiplication des labels bio, qui ne permet pas aux consommateurs de s'y retrouver facilement ;
- Les surcoûts du bio, qui sont bien réels, mais ne justifient pas tous les sur-prix pratiqués par des distributeurs qui ne voient souvent dans le bio qu'un moyen d'augmenter leurs marges.
Il inclut également, au fil de l'eau ou dans des chapitres dédiés, quelques conseils sur le choix des meilleurs distributeurs (bio et/ou circuits courts) et sur l'utilisation d'applications numériques permettant de mieux s'y retrouver parmi les labels et les évaluations de produits disponibles (notamment le nutricode).
Il termine enfin sur une diatribe certainement justifiée contre l'inaction des politiques, ou leur trop grande écoute des lobbys, et une charge anti-européenne qui paraît très exagérée.
Un livre utile, qui n'exclut pas un minimum d'esprit critique chez le lecteur...
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2021/04/22/les-imposteurs-du-bio-christophe-brusset-flammarion-des-limites-du-bio/
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