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La Quatrième ne serait-elle qu'une parenthèse superflue ? Assurément oui, si on juge par sa mauvaise réputation. Stigmatisée comme un régime impuissant, c'est-à-dire incapable de passer à l'acte, la Quatrième est souvent présentée comme une victime de l'instabilité gouvernementale et de partis irresponsables, plus occupés par des opérations manoeuvrières que par la prise de décision.L'histoire de la République entre 1945 et 1958 donne raison à Raymond Aron : « Quand les hommes ne choisissent pas, les événements choisissent pour eux. » Pendant treize ans, la vie politique marque une tendance au bégaiement. Les discours à l'Assemblée nationale en portent la trace mais ils restituent aussi fidèlement la lucidité des élus de la nation confrontés à des défis de taille. Ces défis, même difficilement et imparfaitement, ont été en partie relevés. La Quatrième République a été une parenthèse nécessaire et fondatrice. Reconstruction après quatre années de guerre, décolonisation, Guerre froide, politique nucléaire, pacification et unification européennes, telles sont quelques-unes des grandes questions débattues dans l'hémicycle du Palais-Bourbon dont les prérogatives sont fortes. Même rationalisé, le parlementarisme règne. La nature des enjeux politiques, économiques et sociaux de l'après-guerre confère un extraordinaire intérêt aux discours prononcés pendant cette première moitié des « Trente Glorieuses ». On retrouve des tribuns chevronnés tels qu'Édouard Herriot, Paul Reynaud ou Pierre Cot, mais on découvre aussi une jeune garde qui n'a rien à envier à ses aînés dans la maîtrise du verbe : François Mitterrand, Jacques Chaban-Delmas ou Félix Gaillard. À leurs côtés, pour la première fois, des oratrices, à l'exemple de Germaine Poinso-Chapuis et de Jeannette Vermeersch, qui savent se faire écouter, même si elles sont encore peu nombreuses. Passionnants et passionnés, débats et discours baignent dans l'histoire ; celle, lointaine, que connaît un personnel politique pétri par les Humanités et celle, récente, qui a éveillé ou réveillé, dans les souffrances de la guerre, les vocations politiques. La geste de la Résistance transcende les clivages politiques et contribue à tisser des fils invisibles, mais réels, entre élus et dirigeants d'un bord à l'autre de l'hémicycle. Les textes, présentés ici ont été sélectionnés pour leur qualité rhétorique mais aussi pour leur pertinence historique : on a privilégié le beau discours dont le contenu éclaire les années 1945-1958. Sabine Jansen est maître de conférences au Conservatoire national des arts et métiers, chercheur au Centre d'histoire de Sciences Po et vice-présidente du Comité d'histoire parlementaire et politique. Elle a notamment publié Pierre Cot. Un antifasciste radical (Fayard, 2002), Les pouvoirs et le citoyen IVe-Ve Républiques (La documentation française, 2000), La IVe République (La documentation française, 1992).Préface de Jean-Louis Debré, Président de l'Assemblée nationale.
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