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Dans un village abandonné de l'ouest de la Russie, au milieu d'une nature sauvage de plus en plus envahissante, Nadia et Lev se déchirent autour de leurs non-dits. C'est ici, parmi leurs animaux, que ce couple de biologistes dirigeait autrefois un laboratoire et un refuge pour oursons orphelins. Mais les bénévoles ne viennent plus.
Depuis un certain temps, des bruits étranges se font entendre dans le ciel et la forêt «?comme si Dieu poussait des meubles?». Ces bruits n'augurent rien de bon, et déjà les souvenirs les plus sombres remontent à la surface. Que reste-t-il de la vie qu'ils voulaient se construire?? Sans fard, Nadia raconte son histoire. Mais peut-on lui faire confiance?? Et qui est Esther, cette femme venue de l'Ouest qu'elle aimerait tant oublier??
Un tissage fascinant, tant son pouvoir évocateur est d’amplitude
« Les Grands Bruits », diaphane, l’indéfectible génie d’une littérature insurpassable.
Marente De Moor dévoile un univers de ciel perdu.
Un village abandonné, replié dans l’autarcie mentale.
Les fissures et les brisures de la Russie en plein ouest. C’était hier, c’était il n’y a pas si longtemps.
Au cœur d’une région boisée, sauvage, et sans spectacle joyeux, où même les lignes des toits sont effacées.
Un huis-clos qui cisaille l’espoir et enserre Nadia, la narratrice et l’épicentre de ce récit magnétique.
Une femme d’un âge certain, bien plus jeune que son mari vieillissant. Levonia, Lev Valerievitch, professeur L. V. Bolotov de vingt ans son aîné. Elle était son élève.
La biologie en connivence, la passion à l’instar d’un habitacle. Ils ont un rite, le seul, se lover le soir sur la terrasse de bois, l’ultime rapprochement.
Ils écoutent les Grands Bruits, le ciel qui grince. Les craquements de bois. Le silence lourd d’un lieu où ils n’ont plus la main. Ils sont dans cette posture où les années passées ensemble ne peuvent céder face à l’adversité. Et pourtant !
Ce village où l’eau potable est aléatoire. En goutte à goutte, l’agonie lente qui fait exploser toute confiance, toute considération en l’avenir.
Les frôlements, les lancinantes et longues heures, où ils ne sont qu’étrangers, l’un à l’autre. Les gestuelles rythmées dans une cadence de survie.
Nadia, vigoureuse, secrète, acerbe parfois. Les traits durs de son visage, l’emblème de son cœur qui ne peut absoudre la raison. Distante avec sa fille et son fils, partis de l’antre, depuis que…
Son grand fils, Dimka qui veille sur ses parents. Observe la chute lente, le silence qui encercle cet antre. Seuls les Grands Bruits et la vulnérabilité d’une nature qui se venge, hantent cet espace où tout va voler en éclat.
Un quotidien d’épreuves sourdes. Le village aux aiguilles arrêtées au cadran de l’irrévocable. La voix de Nadia, conte, la litanie machiniste. L’Histoire de la Russie omniprésente, une écorce déchiquetée, les arbres fous et insolents. Le prisme d’une forêt où l’étrange est cause humaine.
Nadia et Lev, zoologistes, férus de biologie, de recherches. Protéger les animaux, étudier jusqu’à plus d’heure dans le laboratoire, maintenant à l’abandon, envahit d’herbes notoires et de flacons brisés. Les bénévoles disparus, l’arrêt de mort.
Que s'est-il passer ? L’élevage des petits ours, abandonnés des mères car tuées par les chasseurs et les braconniers. Acte de résistance, la passion d’engendrer une génération, puis une suivante, jusqu’au jour où…
Nadia boit, Nadia observe Lev, se cache et pressent l’opacité ambiante, l’explosion des vérités en advenir. Lev, dont les silences lourds et inachevés, ne parlent que trop à Nadia.
Les Grands Bruits, mystérieux et annonciateurs d’un désastre. La forêt semble sans oiseaux, ténébreuse et sourde à la vie. L’électricité s’emballe. Les factures sont démentielles. Tout est déréglé. Machiniste où es-tu ?
Ainsi clame Nadia, et Marente De Moor, dont le talent surpasse la normalité.
« - Je crois qu’il n’y a plus de saisons, dis-je. - Non, elles sont toujours là, assure Lev d’un ton résolu. Elles sont juste tombées dans l’oubli, c’est différent. Elles sont tombées dans l’oubli parce que la nature a trop a faire ailleurs. »
Nadia dans le sublime de ses remords et de ses peurs.
On entend la canopée lancinante, rebelle et murmurante. Le chant sylvestre qui voudrait détourner les Grands Bruits, mais qui n’y arrive pas.
L’évènementiel qui frappe à vitre sans état d’âme. Les Grands Bruits, sans convocation, maîtres et démons, bruits insistants, métalliques et angoissants.
Nadia et ses litanies. « Je le laisserais partir, je crois, et je courrais vers toi, machiniste. Nous sommes liés par une promesse. » « Je ne vois rien de réjouissant à ce que les oiseaux décident soudain de changer de chant, ou l’eau de couleur. »
Nadia qui a peur. Nadia qui réfute l’arrivée d’Esther. Cette femme emblématique qui porte sur elle l’énigme de ce récit aux mécanismes implacables et fascinants.
La Russie contemporaine, qui se méfie de ses fantômes. « Ils ont encore ici. »
Lev pressent la venue de la parole exutoire. Et cette nature ravagée est l’allégorie de la chute.
« Les Grands Bruits » est la métaphore d’un désastre de l’humanité. Ne pas dire où les bruits disparaissent. Si c’est dans la mémoire à jamais ou dans les insistances de l’Histoire d’une Russie qui devient universelle. Ou dans le tremblement des hôtes des pages.
Nadia est le souffle de grand livre époustouflant, intemporel et célèbre de par le monde.
« J’ai hâte d’avoir la clef de l’énigme. »
Nous aussi !
Traduit du néerlandais par Noëlle Michel. Après " La Vierge néerlandaise", publié aux Argonautes en 2023, Prix de littérature de l’Union européenne et prix AKO, " Les Grands Bruits" a reçu les prestigieux prix : Jan Wolkers et F. Bordewijk.
Publié par les majeures Éditions Les Argonautes éditeur.
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