Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Marente De Moor

Marente De Moor
Marente de Moor nous offre le portrait ardent d'une femme aux prises avec ses choix. Les Grands Bruits est un jeu psychologique saisissant et un hommage sublime à la puissance de l'imaginaire

Avis sur cet auteur (5)

  • add_box
    Couverture du livre « Les grands bruits » de Marente De Moor aux éditions Les Argonautes

    Evlyne Léraut sur Les grands bruits de Marente De Moor

    Un tissage fascinant, tant son pouvoir évocateur est d’amplitude
    « Les Grands Bruits », diaphane, l’indéfectible génie d’une littérature insurpassable.
    Marente De Moor dévoile un univers de ciel perdu.
    Un village abandonné, replié dans l’autarcie mentale.
    Les fissures et les brisures de la...
    Voir plus

    Un tissage fascinant, tant son pouvoir évocateur est d’amplitude
    « Les Grands Bruits », diaphane, l’indéfectible génie d’une littérature insurpassable.
    Marente De Moor dévoile un univers de ciel perdu.
    Un village abandonné, replié dans l’autarcie mentale.
    Les fissures et les brisures de la Russie en plein ouest. C’était hier, c’était il n’y a pas si longtemps.
    Au cœur d’une région boisée, sauvage, et sans spectacle joyeux, où même les lignes des toits sont effacées.
    Un huis-clos qui cisaille l’espoir et enserre Nadia, la narratrice et l’épicentre de ce récit magnétique.
    Une femme d’un âge certain, bien plus jeune que son mari vieillissant. Levonia, Lev Valerievitch, professeur L. V. Bolotov de vingt ans son aîné. Elle était son élève.
    La biologie en connivence, la passion à l’instar d’un habitacle. Ils ont un rite, le seul, se lover le soir sur la terrasse de bois, l’ultime rapprochement.
    Ils écoutent les Grands Bruits, le ciel qui grince. Les craquements de bois. Le silence lourd d’un lieu où ils n’ont plus la main. Ils sont dans cette posture où les années passées ensemble ne peuvent céder face à l’adversité. Et pourtant !
    Ce village où l’eau potable est aléatoire. En goutte à goutte, l’agonie lente qui fait exploser toute confiance, toute considération en l’avenir.
    Les frôlements, les lancinantes et longues heures, où ils ne sont qu’étrangers, l’un à l’autre. Les gestuelles rythmées dans une cadence de survie.
    Nadia, vigoureuse, secrète, acerbe parfois. Les traits durs de son visage, l’emblème de son cœur qui ne peut absoudre la raison. Distante avec sa fille et son fils, partis de l’antre, depuis que…
    Son grand fils, Dimka qui veille sur ses parents. Observe la chute lente, le silence qui encercle cet antre. Seuls les Grands Bruits et la vulnérabilité d’une nature qui se venge, hantent cet espace où tout va voler en éclat.
    Un quotidien d’épreuves sourdes. Le village aux aiguilles arrêtées au cadran de l’irrévocable. La voix de Nadia, conte, la litanie machiniste. L’Histoire de la Russie omniprésente, une écorce déchiquetée, les arbres fous et insolents. Le prisme d’une forêt où l’étrange est cause humaine.
    Nadia et Lev, zoologistes, férus de biologie, de recherches. Protéger les animaux, étudier jusqu’à plus d’heure dans le laboratoire, maintenant à l’abandon, envahit d’herbes notoires et de flacons brisés. Les bénévoles disparus, l’arrêt de mort.
    Que s'est-il passer ? L’élevage des petits ours, abandonnés des mères car tuées par les chasseurs et les braconniers. Acte de résistance, la passion d’engendrer une génération, puis une suivante, jusqu’au jour où…
    Nadia boit, Nadia observe Lev, se cache et pressent l’opacité ambiante, l’explosion des vérités en advenir. Lev, dont les silences lourds et inachevés, ne parlent que trop à Nadia.
    Les Grands Bruits, mystérieux et annonciateurs d’un désastre. La forêt semble sans oiseaux, ténébreuse et sourde à la vie. L’électricité s’emballe. Les factures sont démentielles. Tout est déréglé. Machiniste où es-tu ?
    Ainsi clame Nadia, et Marente De Moor, dont le talent surpasse la normalité.
    «  - Je crois qu’il n’y a plus de saisons, dis-je. - Non, elles sont toujours là, assure Lev d’un ton résolu. Elles sont juste tombées dans l’oubli, c’est différent. Elles sont tombées dans l’oubli parce que la nature a trop a faire ailleurs. »
    Nadia dans le sublime de ses remords et de ses peurs.
    On entend la canopée lancinante, rebelle et murmurante. Le chant sylvestre qui voudrait détourner les Grands Bruits, mais qui n’y arrive pas.
    L’évènementiel qui frappe à vitre sans état d’âme. Les Grands Bruits, sans convocation, maîtres et démons, bruits insistants, métalliques et angoissants.
    Nadia et ses litanies. « Je le laisserais partir, je crois, et je courrais vers toi, machiniste. Nous sommes liés par une promesse. » « Je ne vois rien de réjouissant à ce que les oiseaux décident soudain de changer de chant, ou l’eau de couleur. »
    Nadia qui a peur. Nadia qui réfute l’arrivée d’Esther. Cette femme emblématique qui porte sur elle l’énigme de ce récit aux mécanismes implacables et fascinants.
    La Russie contemporaine, qui se méfie de ses fantômes. « Ils ont encore ici. »
    Lev pressent la venue de la parole exutoire. Et cette nature ravagée est l’allégorie de la chute.
    « Les Grands Bruits » est la métaphore d’un désastre de l’humanité. Ne pas dire où les bruits disparaissent. Si c’est dans la mémoire à jamais ou dans les insistances de l’Histoire d’une Russie qui devient universelle. Ou dans le tremblement des hôtes des pages.
    Nadia est le souffle de grand livre époustouflant, intemporel et célèbre de par le monde.
    « J’ai hâte d’avoir la clef de l’énigme. »
    Nous aussi !
    Traduit du néerlandais par Noëlle Michel. Après " La Vierge néerlandaise", publié aux Argonautes en 2023, Prix de littérature de l’Union européenne et prix AKO, " Les Grands Bruits" a reçu les prestigieux prix : Jan Wolkers et F. Bordewijk.
    Publié par les majeures Éditions Les Argonautes éditeur.

  • add_box
    Couverture du livre « La Vierge néerlandaise » de Marente De Moor aux éditions Les Argonautes

    Les Lectures de Cannetille sur La Vierge néerlandaise de Marente De Moor

    La Vierge néerlandaise est la personnification de la liberté dans l’iconologie batave remontant au XVIe siècle. On la représente habituellement, comme sur les timbres postaux il y a cent ans, en compagnie d’un lion couronné portant épée et faisceau de flèches, emblématique des États Généraux des...
    Voir plus

    La Vierge néerlandaise est la personnification de la liberté dans l’iconologie batave remontant au XVIe siècle. On la représente habituellement, comme sur les timbres postaux il y a cent ans, en compagnie d’un lion couronné portant épée et faisceau de flèches, emblématique des États Généraux des Provinces Unies des Pays-Bas. C’est donc tout un pays que désigne le titre de ce roman, en même temps qu’une jeune fille de dix-huit ans, Janna, à l’orée d’un apprentissage qui va brutalement la faire passer à l’âge adulte.

    Fascinée par la championne germanique Helene Mayer, Janna la Hollandaise se passionne pour l’escrime. Pour lui permettre de parfaire son art, son père, un médecin idéaliste et rêveur exerçant à Maastricht, l’envoie un été chez un ami à lui, l’aristocrate germanique Egon von Bötticher dont il a sauvé la vie lors de la Première Guerre Mondiale. L’homme vit avec ses cicatrices, tant physiques que morales, dans son domaine du Raeren tout proche de la frontière avec les Pays-Bas. En cette année 1936 où le national-socialisme hitlérien accélère la bascule de l’Allemagne vers un ordre nouveau, lui s’accroche bec et ongles aux valeurs et au code d’honneur prussiens, enterrés avec la chute de l’Empire allemand en 1918 et tout entiers incarnés dans sa passion pour le cheval et pour les combats à l’épée, au sabre ou au fleuret. Il est en l’occurrence le dernier à organiser chez lui la traditionnelle Mensur, ce combat d’escrime à armes réelles interdit par les nazis en 1933.

    Chez Janna, aussitôt sous le charme du maître et de sa prestance de hussard en même temps qu’intriguée par sa relation manifestement compliquée avec son père, la curiosité dépasse très vite le simple champ du perfectionnement sportif. Entre première expérience amoureuse, investigation du douloureux passé de von Bötticher au travers de vieilles lettres qu’elle lui dérobe en fouillant son bureau, et ambiance électrique au Raeren où, malgré son isolement campagnard, finissent par se télescoper les courants contradictoires d’une société allemande déstabilisée par l’effondrement de ses repères depuis 1918 et profondément animée d’un esprit général de revanche, ce sont autant de pans de son innocence qui volent à jamais en éclats.

    Dans cette histoire très janusienne d’Entre-Deux-Guerres, tout n’est que dualité et passages : entre enfance et âge adulte ; entre deux pays, l’un qui resta neutre pendant la Grande Guerre, l’autre qui n’en finit pas de ruminer l’humiliation, renforcée par la crise économique, d’un Traité de Versailles pris comme un diktat ; entre Guerre et Paix comme l’ouvrage de Tolstoï emporté par Janna dans ses bagages. Les autres élèves présents au Raeren sont deux adolescents jumeaux dont la relation fusionnelle se craquelle pour la première fois sous l’effet de la rivalité amoureuse, les amenant chacun au conflit avec leur double, pour ainsi dire avec eux-mêmes, exactement à l’image de cette première leçon de combat reçue par Janna face au miroir. Tout cela pour, dans une réflexion nourrie par l’ouvrage d’un Maître hollandais du XVIIe siècle, le plus complet jamais publié sur la question, insister sur les automatismes empathiques nécessaires au bon escrimeur : « Quand tu comprends qu’en fait l’ennemi n’est pas différent de toi, tu peux, avec un simple petit calcul, prévoir la portée de ses mouvements. »

    C’est ainsi que le roman, dans un cheminement certes un peu décousu qui pourra parfois déconcerter le lecteur pris d’une sensation de confusion, s’avère une métaphore aux multiples facettes, l’escrime servant un message de dépassionnalisation des conflits par l’observation et la compréhension mutuelle : « Un bon escrimeur garde la tête froide ; débarrassé de l’esprit de vengeance, il considère son adversaire à distance. Il est ainsi le spectateur de son propre combat, il n’est pas commandé par ses affects mais par une vérité absolue. » « Si votre art de combattre se base sur l’observation des intentions de l’adversaire, vous remarquerez que vous vous rapprochez de lui, car vous êtes dans la même situation. Il est dans votre intérêt à tous deux de travailler de concert. » Et le sage Girard Thibault d’espérer en 1630 : « J’essaie constamment d’en convaincre l’Électeur, dans l’espoir vaniteux que je pourrais éviter une nouvelle guerre. N’est-il pas toujours plus raisonnable d’observer avant que de verser inutilement le sang ? »

    S’appuyant sur la très ancienne déontologie de ce sport de combat qu’est l’escrime, Marente de Moor nous invite au rêve, le temps d’une lecture : quel monde de paix si l’on y résolvait les conflits à la mode des fleurettistes…

  • add_box
    Couverture du livre « La Vierge néerlandaise » de Marente De Moor aux éditions Les Argonautes

    Géraldine C sur La Vierge néerlandaise de Marente De Moor

    L'histoire s'enracine dans l'entre-deux-guerres, avec Janna, jeune fille de dix-huit ans issue d' une famille néerlandaise, qui souhaite devenir escrimeuse, à l'image de son modèle Hélène Mayer, championne allemande dans la catégorie. Elle est ainsi envoyée chez un ancien ami de son père, Egon...
    Voir plus

    L'histoire s'enracine dans l'entre-deux-guerres, avec Janna, jeune fille de dix-huit ans issue d' une famille néerlandaise, qui souhaite devenir escrimeuse, à l'image de son modèle Hélène Mayer, championne allemande dans la catégorie. Elle est ainsi envoyée chez un ancien ami de son père, Egon von Bötticher, un Allemand, qui a combattu pendant la guerre et qui en est revenu gravement blessé et défiguré. Elle part ainsi faire son initiation sportive chez cet étrange et taciturne individu, dans un pays où les svastikas pullulent sur les brassards des soldats et l’antisémitisme s'affiche franchement sur les murs, les uniformes, les figures et dans les discours. Si notre vision des années vingt et trente est franco-française, on se déplace, ici, de part et d'autre d'une frontière germano-néerlandaise, de pays dont les relations nous sont peu familières : on se rappelle ainsi que les Pays-Bas ont été neutres pendant les deux guerres mondiales (avant néanmoins d'être envahis par l'Allemagne en 1940), ce qui rend ainsi la Suisse moins solitaire dans l'attitude qu'elle s'est choisie.

    Janna est une escrimeuse avertie et c'est la première fois qu'elle sort de son cocon familial, et national, et va se confronter à un univers bien sombre, abrité par la grande demeure en Rhénanie du maître escrimeur, où elle demeure dans une mansarde, entre oiseaux et toiles d'araignées. À côté de Egon von Bötticher, maître des lieux, il y a Heinz et Lenni, ce couple de domestiques qui s'occupent de ce domaine de Raeren, et des frères jumeaux escrimeurs, également, Friedrich et Siegbert, ainsi que leur mère. Janna comprend bien vite le caractère obtus de l'homme, et tente de comprendre le conflit qui l'oppose à son père. Roman d'initiation pour cette jeune fille qui s'en va perfectionner son art avec un professeur qui la dirige d'une main de fer, d'une façon autrement plus autoritaire que son ancien professeur, le gentillet jeune homme toujours prompt à applaudir et à féliciter. Et qui s'engouffre dans une passion amoureuse à travers le désir charnel de l'homme qui a la charge de l'entraîner chaque jour. Attirée par la force physique et mentale qui se dégage de l'homme, dont le visage balafré garde jalousement sa part de mystère, l'attraction qu'elle éprouve est davantage que physique, d'une curiosité née avant même qu'elle ne le rencontre.

    D'une rencontre effectuée sur une photo, rêvée et fantasmée à la Emma Bovary, même si le livre choisi pour relayer ses rêveries ne relève pas de la romance pure, mais de Guerre et Paix de Dostoïevski, la réalité s'arrange pour ramener Janna à la réalité : car de guerre, et de paix nettement moins, il n'y a que ça dans cette fiction à l'aube d'une nouvelle guerre aussi mondiale que dévastatrice, au lendemain d'une première guerre dont les plaies et les traumatismes sont encore béants. Il faut dire que la première vision de la demeure à laquelle est confrontée la jeune fille, c'est l'image d'un couvercle de cercueil, et ce premier sentiment morbide qui s'en dégage dès cet instant comme tout au long du séjour dans cette maison labyrinthique. Quand bien même l'escrime est un sport ou le fleuron, l'auteure nous l'apprend, ne vise pas à achever son adversaire en lui perforant cœur ou poumon, il reste un sport de combat et cette idée d'affrontement, par le biais du sport ou de la guerre, reste présente dans tout le livre. Il en est même le fil conducteur : Von Bötticher, le soldat blessé et défiguré, donc réformé, a entrepris de former les épéistes de demain, Janna comme les jumeaux, dont certains seront les soldats de cette guerre qui s'annonce à travers des signes annonciateurs sinistres et qui ne manquent pas d'accentuer cette sinistrose qui pèse de plus en plus sur le domaine. Dont l'ultime combat entre les frères jumeaux.

    Janna passant de Maastricht à Aix-la-Chapelle, d'un ami à l'autre, est à la figure une figure médiatrice, entre deux hommes qui ont perdu contact, car leur conception de la vie est basiquement différente, l'un assume ses blessures, l'autre tente de les effacer à tout prix. Elle porte cette dimension mythique, à l'image de son modèle Hélène Mayer, fleuretiste juive allemande, qui a porté l'art à son meilleur niveau, dont la posture orne la première de couverture du roman, à l'image d'une déesse guerrière. Sans oublier ces jumeaux, qui m'ont interpellée dès leur apparition, déposés au domaine pour exercer leur art eux aussi, à la fois complices et ennemis, Friedrich et Siegbert, figures et prénoms très wagnériens, comme moult autres détails du texte - dont cette double paternité des jumeaux, entre père adultérin et père officiel, qui font écho à la propre vie du chef d'orchestre - qui sonnent comme l'ombre du romantisme allemand. Des jumeaux incestueux, Siegmund et Sieglinde des opéras de Wagner, ou Alexandre Hélios et Cléopâtre Séléné, les jumeaux de Cléopâtre et de Marc-Antoine. (...)

  • add_box
    Couverture du livre « La Vierge néerlandaise » de Marente De Moor aux éditions Les Argonautes

    Régine R. sur La Vierge néerlandaise de Marente De Moor

    La vierge néerlandaise de Marente de Moor traduit par Arlette Ounanian est mon premier livre lu dans la bibliothèque néerlandaise des belles éditions Les Argonautes et c’est un coup de cœur absolu.

    Il se dégage de ce roman un charme foudroyant obsolescent qui m’a complétement captivée...
    Voir plus

    La vierge néerlandaise de Marente de Moor traduit par Arlette Ounanian est mon premier livre lu dans la bibliothèque néerlandaise des belles éditions Les Argonautes et c’est un coup de cœur absolu.

    Il se dégage de ce roman un charme foudroyant obsolescent qui m’a complétement captivée tout au long de ma lecture. Sur fond d’histoire et de drames, j’ai appris quelques règles d’escrime et surtout l’existence d’Hélène Mayer à laquelle je me suis intéressée.

    Dans un huis-clos dramatique, j’ai été touchée par ses personnages pris dans les sangles de l’Histoire mais follement épris de l’instant même le plus évanescent.

    En 1936, Janna âgée de 18 ans quitte Maastricht pour Aix la Chapelle afin de parfaire son apprentissage de l’escrime auprès de l’illustre grand maître, le baron allemand Egon Von Bötticher.
    Jacq, le père de Janna et Egon se sont connus pendant la première guerre mondiale au cours de laquelle Egon grièvement blessé et défiguré a été soigné par Jacq, médecin au front mais ils ne se sont plus revus depuis 20 ans.

    Comme j’aime autant les personnages que le décor et les lieux, j’ai été immédiatement séduite par la demeure de Raeren à la fois austère et majestueuse, vieille gardienne solitaire du code chevaleresque à l’image de son hôte le baron Egon.

    L’auteure Marente De Moor en seulement deux saisons, l’été et l’automne, les couleurs du roman, nous fait entrer dans un monde sensoriel, palpable et vivant qui se confronte aux secrets scellés des vieilles lettres dans les tiroirs d’une chambre fermée à clef.

    La demeure comme ses habitants, Janna, Egon et le couple de domestiques Heinz et Léni vivent les derniers moments d’une époque sertis dans l’odeur de la cire, le parfum de la clématite enjambant le portail, le bruit des casseroles dans la cuisine enfumée.

    L’écriture de l’auteure et narratrice tout en poésie et finesse, saisit l’instant voluptueux avant qu’il ne devienne souvenir, abandon. Destruction.
    J’ai aimé le romantisme exacerbé de Janna, tout autant que sa droiture dans les jeux de la passion et de l’escrime.

    Les bouleversements de l’histoire s’immiscent graduellement et presque sournoisement dans la demeure de Raeren servis par une galerie de personnages extérieurs inquiétants et réalistes.

    Je me souviendrai longtemps de Janna, la jeune fille au fleuret, et d’Egon, le dernier baron de la cavalerie.

    Ce roman d'une désuétude douceur irremplaçable m’a enveloppé de son charme magnétique qui traverse le temps par la magie de l’écriture de Marente De Moor.

    J’ai hâte de lire la prochaine traduction aux éditions les Argonautes.

Discussions autour de cet auteur

Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur

Soyez le premier à en lancer une !