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Lorsque Dag Hammarskjold, Secrétaire Général de l'O.N.U., écrit à Alexis Leger pour la première fois, le 7 septembre 1955, c'est au poète qu'il s'adresse, alors que le 31 juillet 1961, dans sa dernière lettre qui est un document historique, c'est avant tout à l'ancien Secrétaire Général des Affaires Étrangères qu'il se confie, après les événements de Bizerte. Ces deux lettres encadrent une correspondance à la fois littéraire et politique, où il est souvent question des poèmes de Saint-John Perse et du prix Nobel, mais aussi de la France, du général de Gaulle, des événements et des crises politiques sur la scène internationale. Cette correspondance réconcilie en effet ce qu'Alexis Leger avait toujours tenu à séparer : la politique et la poésie. Il avait été lui-même surpris de découvrir que ce grand diplomate suédois était aussi «poète» et même «magicien». Comment Dag Hammarskjold aurait-il pu autrement traduire Chronique en pleine crise du Congo et déclarer que ce poème était avant tout «un reflet de l'actualité» ? Et le 10 décembre 1960, lors de la remise du prix Nobel, en faisant son discours, c'est, en secret, au Secrétaire Général de l'O.N.U., au «guide conduisant la plus vaste "Anabase" de peuples», que s'adressait Alexis Leger. Pensait-il alors au Conquérant, au Prince ou simplement au Poète ?
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