Entretien avec Vanessa Bamberger : la souffrance à l’école est-elle un passage obligé ?
Le syndrome de l'enfant parfait ? Roxane a intégré depuis toujours les exigences de ses parents. L'excellence et la performance lui sont des impératifs naturels. Pourtant, depuis la rentrée en classe de première, rien ne va plus, ni les notes, ni l'amitié, ni les amours, ni l'apparence physique. Pour soigner l'acné qui enflamme son visage, elle n'a d'autre recours que de solliciter un ancien ami de son père, François, devenu médecin. Avec son verbe franc, direct, slamé, elle raconte la pression scolaire, la perte de confiance en soi, la peur de décrocher et l'incompréhension des adultes. Autour d'elle, personne ne voit venir le drame. De ce qui est arrivé à Roxane, François devra répondre.
Entretien avec Vanessa Bamberger : la souffrance à l’école est-elle un passage obligé ?
Parce que le spectre du chômage nourrit leurs angoisses, parce que notre société est une société de performance et de réussite sociale, la grande majorité des parents ne cessent de mettre la pression à leurs enfants. Ils attendent énormément de leur progéniture surtout d'un point de vue scolaire. Alors quand en plus, les copines s'éloignent, que les amours échouent, que le corps change et que les hormones s'en mêlent, tout peut basculer. Et si le remède à ce mal-être était l'isotrétinoïne, une substance active médicamenteuse pouvant entrainer des troubles psychologiques ?
Roxanne, l'héroïne de L'enfant parfaite est embourbée dans son adolescence. Mal dans sa peau, elle est sujette à des poussées d'acné qui la défigurent. Comme sa mère ne veut pas que l'on prescrive à sa fille le remède miracle et comme cette femme ne réalise pas le malaise profond qui s'installe, Roxanne mettra tout en œuvre pour obtenir une ordonnance, quitte à se mettre en danger. Tout, plutôt que d'être défigurée.
L'enfant parfaite est un roman qui non seulement dénonce la pression que nous mettons à nos enfants, mais également l'incompréhension qui s'installe entre parents et enfants durant cette délicate période qu'est l'adolescence. Deux voix, deux points de vue s'affrontent pour tenter d'expliquer comment l'impensable a pu se produire. François le cardiologue analyse les faits pour se justifier devant le Conseil de l'ordre des médecins. Quant à Roxanne elle raconte son malaise grandissant, sa fragilité, sa faiblesse. Au détour d'une histoire qui met en cause la pression scolaire et les effets secondaires dévastateurs d'un médicament, Vanessa Bamberger raconte avec finesse et puissance cette difficile période de la vie qu'est l'adolescence. Parents d'adolescents lisez L'enfant parfaite et si votre ado est traité pour son acné par l'isotrétinoïne, soyez tout particulièrement attentifs, on ne parle pas encore suffisamment des ravages que fait de médicament.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2021/06/mon-avis-sur-lenfant-parfaite-de.html
L'année dernière, j'avais beaucoup apprécié 'Alto braquo' le second roman de Vanessa Bamberger.
Je n'avais aucune idée du thème traité dans "L'enfant parfaite", mais ce livre m'a bousculée, fait trembler, secouée, perturbée ..
Roxane est en Première S, dans un grand lycée élitiste parisien, où les profs appliquent déjà les méthodes déstabilisantes habituelles en classes préparatoires, mais pas avant.
Ses parents ont divorcé, sa mère est altiste courant le cachet, son père, informaticien chez IBM - marathonien - fou de glisse et de sport, vit à Sète avec sa nouvelle compagne et la fille de celle-ci, étudiante à HEC.
Les parents de Roxane souhaitent la voir faire des études d'ingénieur, gage d'un métier sur et lucratif. Ils la veulent parfaite, et quand une poussée d'acné la défigure, Roxane lutte avec sa mère, bio et anti-médocs, pour être autorisée à suivre un traitement dermatologique.
Dans sa première partie, le ton de ce roman montre la montée inexorable de l'angoisse, la pression devant les notes qui s'effondrent, la solitude de Roxane, qui fait bonne figure contre désespoir grimpant. Pour ne pas perdre la face devant ses parents, elle désactive les liens informatiques qui les relient au lycée, et pris dans leurs vies, ils n'en voient rien ...
Et puis, le ton change.
La recherche des causes du drame ne pointe personne du doigt.
Les différents éléments s'alignent au fil des pages sans qu'aucun ne soit unique responsable
Mais ne serait-ce le refus de voir, de parler, de communiquer qui serait responsable?
Jusqu'où peut-on ne pas voir, se préoccuper de choses aussi futiles que la préparation d'une course, d'une fête d'anniversaire, de réussite, à en oublier autant son enfant ?
Je me souviens que les profs de prépa de ma fille nous avaient recommandé d'être vigilants sur le sourire, et d'alerter s'il disparaissait.
Un roman fort et puissant dont on ne se=ressort pas indemne.
Roxanne vit à Paris avec sa mère Mélanie accaparée par son métier de musicienne tandis que son père Cyril a refait sa vie à Sète.
Mélanie et Cyril sont plus qu'attentifs aux résultats scolaires de leur fille qui fréquente un lycée élitiste. Roxane y obtient de bons résultats ce dont ils sont très fiers.
Entre pression scolaire, acné, premières expériences sexuelles, complexes, absence des parents, … Roxane éprouve une angoisse grandissante.
François est cardiologue. Jeune il était le meilleur ami de Cyril. Aujourd'hui ils n'ont plus guère de contact excepté une fois l'an à l'occasion de l'anniversaire de Cyril.
Alors que François décline l'invitation à la prochaine fête d'anniversaire de Cyril, ce dernier va lui demander un service : une ordonnance.
Les destins de Roxanne et de François basculent. La justice devra décider s'il y a un lien de causalité.
Alternant l'histoire de Roxanne et de François, ce roman nous rappelle très justement les bouleversements émotionnels subis à l'adolescence et les rôles essentiels de la présence et de la responsabilité parentales.
« Daronne » d'une fille du même âge que Roxanne, j'ai été très touchée par ce roman. La pression de cette société où la performance, la réussite sociale, le paraître prédominent au détriment des valeurs y est magnifiquement décrite. le vocabulaire « ado » et la musique participent remarquablement à l'atmosphère du récit.
Merci à l'autrice pour ce rappel nécessaire qui incite à faire une pause pour regarder les siens dans cette course effrénée que nous impose le monde d'aujourd'hui.
Petite parenthèse en ce qui concerne le lexique: je n'avais jamais vraiment entendu ce vocabulaire « ado » dans la bouche de ma fille hormis quelques mots déjà ancrés dans le langage courant. Lorsque je lui en ai parlé, elle m'a dit « vas-y, demande-moi pour voir ! ». A ma grande stupeur, elle connaissait toutes les expressions . Et c'est là qu'on prend un coup de vieux
Un livre marquant!parents-enfants,éducation,importance des résultats et exigences scolaires etc...mal-être adolescent...un livre émouvant,qui interroge.Le lecteur ne peut qu'être remué!!!!
Je louchais depuis plusieurs semaines sur ce roman arrivé dans la première sélection pour le Prix Orange, mais s'il m'attirait, son sujet me faisait aussi un peu peur.
Roxane a 17 ans, des parents divorcés, entre en classe de première dans un lycée d'élite. Elle pense que son avenir, sa vie entière se jouent maintenant. Elle doit réussir à obtenir LE sésame, l'admission en prépa, la voie royale vers un métier qui lui procurera sécurité financière et fierté des parents.
Elle a également une vie sociale à entretenir, les fous rires avec les copines, les premières relations avec le petit ami...
Le roman donne alternativement la parole à Roxane et à François, cardiologue, lui-même père d'un lycéen.
Le style évolue en fonction du narrateur (pour les chapitres de Roxane, un glossaire est fourni à l'attention des daron.ne.s) et Vanessa Bamberger réussit très bien l'exercice.
L'identification a été difficile à éviter, mes deux filles étant adolescentes, et l'une d'elles étant en première cette année, donc confrontée aux mêmes questionnements que Roxane. Romain, le fils adolescent de François, et Roxane, présentent deux facettes de l'adolescence, mais tous deux soumis à la même pression, aux mêmes injonctions de réussite.
Vanessa Bamberger signe un roman puissant, provoquant mille émotions allant de l'empathie à la peur.
Un roman qui fait réfléchir.
Coup de coeur ! Un roman bien ancré dans la réalité de ce début de 21è siècle.
Si la pression exercée sur la jeunesse, qu’elle soit dorée ou à la dérive n’est pas une nouveauté, il semble bien quand même que le rouleau compresseur soit monté en puissance.
Pour Roxane, l ‘adolescence, c’est la lutte sans merci pour se maintenir au niveau exigé par le lycée tremplin pour les prépas, c’est un parcours en équilibre instable au rythme des alliances amicales ou amoureuse, c’est aussi le quotidien en solo avec une mère altiste et peu présente. C’est aussi la trahison sournoise d’une débâcle hormonale sous la forme d’un éruption d’acné, qui peut très bien faire basculer le tout. Malgré le conflit des parents entre la mère adepte du « zéro médoc » et le père soucieux au delà du raisonnable de l’aspect physique de sa fille, Roxane apprécie le répit que lui confère le traitement par isotrétinoine.
François est cardiologue. En ville. Il n’a pas cédé aux injonctions de son père lui aussi médecin libéral et qui rêvait d’un fils chef de service hospitalier. Malgré tout, il voudrait bien détourner son propre fils d’un avenir de saltimbanque.
Jusqu’au drame qui vient rompre la corde tendue de cet équilibre précaire.
Aucun temps mort dans cette histoire qui alterne les personnages, Roxane et François, jusqu’au point critique qui va réunir leurs destins. La tension se majore dans un crescendo que ne dément pas la construction à la manière d’une oeuvre musicale, entre quatre mouvements.
La bande son ne s’en tient pas au classique, calquée sur le répertoire de la mère de Roxane puisqu’elle fait aussi la part belle également aux hits écoutés par les ados.
J’ai aussi beaucoup apprécié de faire une mise à jour de mon lexique « jeune », d’ailleurs proposé en annexe avec la traduction.
Depuis Principe de suspension, je sais que nos cerveaux s'accordent (et le cerveau, pour moi c'est important), depuis Alto Braco, je sais que nous partageons quelques images, odeurs, saveurs planquées dans un coin de nos cœurs. Avec L'enfant parfaite, je sais désormais que Vanessa Bamberger pourra me raconter n'importe quelle histoire, je la suivrai. Il y a dans sa façon d'écrire, dans l'intelligence de ses constructions quelque chose qui me parle immédiatement. Ceux qui me connaissent savent que les histoires qui mettent en scène des adolescents ne sont pas celles que je préfère, loin de là. Eh bien, avec Vanessa, ça passe. J'ai tout de suite adhéré au personnage de Roxane, à sa voix. Ensuite, il n'y avait qu'à se laisser porter par l'intensité de l'intrigue et la tension narrative distillée avec subtilité.
A travers l'histoire de Roxane, élève de première dans un lycée d'excellence, l'auteure met en scène avec une grande virtuosité les différentes pressions qui s'exercent sur l'adolescent, sans que l'on n'y fasse bien attention. La pression de la réussite scolaire, sésame pour un après que l'on sait être une sorte de jungle dont seuls les meilleurs ou les plus exercés sortiront en bonne position. Alors autant commencer le plus tôt possible. La pression sociale, celle de la popularité, des bandes, des premières amours. La pression de l'image, de l'apparence qui transforme en drame le moindre bouton d'acné. La pression des parents, qui reproduisent à l'identique celle vécue à leur adolescence. Tout en se battant avec leurs propres problèmes, divorce, surcharge de travail, éloignement, qui les empêchent de poser un œil suffisamment attentif et compréhensif sur leurs rejetons. Pour raconter cette histoire, Vanessa Bamberger trouve les ressorts dramatiques parfaits, noue les trajectoires de ses personnages avec une belle dextérité et utilise une matière que l'on sent documentée sans qu'elle ne soit jamais pesante. Voilà pour le fond.
Venons-en à la forme. Une totale réussite. Le parti-pris musical est risqué mais tellement bien assumé que la bribe de doute à la première citation de rappeur en ouverture de chapitre est vite balayée. Peut-être parce que l'ensemble est équilibré, cohérent et que ce fil rouge qui relie les protagonistes malgré leurs différences est aussi ce qui donne le tempo au livre. La musique est ainsi ce qui résiste ou aide à résister à la frénésie du dehors. La mère de Roxane est altiste, la jeune fille écoute du rap mais son oreille est formée à la musique classique. De musique il sera encore question au sujet des rêves abandonnés pour des métiers plus "sûrs", ou comme un parallèle des battements d'un cœur. On parlera beaucoup du fond, de l'histoire dans les médias, le thème est porteur, la réalité de l'adolescence mise à nu et l'interrogation sur le soin apporté à autrui est prégnante. Pourtant, la réussite de ce roman est tout autant dans sa forme, le rythme insufflé par l'auteure, la voix presque slamée de Roxane, l'intensité dramatique jouée jusqu'au paroxysme.
On ressort de ce roman un peu sonné par le drame auquel on vient d'assister ; une tragédie qui sonne comme un avertissement aux parents et de façon plus large à l'entourage des enfants, à mieux regarder, écouter, comprendre leurs aspirations, leur état d'esprit. Et à ne jamais cesser de s'interroger sur le sens de la vie et les ingrédients du bonheur.
(NB : en prime, un petit lexique à l'attention des daronnes et darons qui ne manquera pas d'intéresser toutes celles et ceux qui souffrent parfois d'un souci de traduction)
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
Sujets passionnants et nécessaires (pression scolaire, reproduction des schémas sociaux, difficultés de communication ado-parents mais aussi entre parents, le manque d'éducation sexuelle...) mais le style m'a un peu gênée.
Roxane Blanchard, adolescente de 1ère S3 à Sully, vit avec sa mère Mélanie Fabre, concertiste (Alto), et se rend un week-end sur deux à Sète, chez son père Cyril Blanchard et sa copine Manon. La fille de Manon, Claire, est un modèle pour Roxane. François est le meilleur ami d'enfance de Cyril. Il vit avec sa femme Laurence et leur fils Romain à qui il met la pression pour passer en S l'an prochain. L'associé de François, Denis (même prénom que son père qui lui a mis la pression toute sa vie !), s'avèrera être un grand méchant .
L'idée d'une narration à la 1ère personne, slamée, pour nous présenter Roxane, en contraste avec le récit plus classique et plus sobre du médecin, François, est une bonne idée théorique. L'ensemble est fluide à lire malgré quelques moments où l'on sent un léger manque de naturel .
Cette sensation est encore plus présente en ce qui concerne les métaphores musicales permanentes, qui alourdissent un peu le texte. Tous les personnages sont profondément imprégnés de musique et ne ressentent qu'en Adagio et autre pizzicato.
Un roman qui se laisse lire, sans plus...
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Merci pour votre commentaire Fab . Ce livre sera dans ma PAL. Belles lectures. Prenez-soin de vous