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Les Ames fortes occupe une position singulière dans l'oeuvre de Jean Giono. Encore plus qu'avec Un roi sans divertissement qui avait pourtant beaucoup déconcerté en 1947 et de façon plus subtile que dans Noé (1948) où les multiples récits sont ouvertement présentés comme des développements imaginaires, cette troisième Chronique déroute par sa complexité. Ce récit d'une vie à deux voix pour le moins équivoques, notamment celle de l'intéressée, Thérèse, est un agencement de versions résolument antinomiques et qui pourtant s'ajustent pour dessiner peu à peu le plus grinçant des portraits de l'espèce humaine. Avant les expériences du Nouveau Roman, l'auteur semble s'y complaire à éprouver le lecteur dans son désir d'adhésion à un texte contradictoire et d'identification à des personnages à l'identité éclatée.
A la "vérité plurielle" de ce récit est consacrée une lecture plurielle offrant des angles d'approche multiples, de nombreux repères contextuels et intertextuels, variant les échelles et les méthodes entre étude de réception, histoire littéraire, stylistique, critiques génétique, thématique et générique.
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