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Après quinze ans d'éloignement, Agathe, scénariste à New York, retrouve Véra, sa cadette aphasique, dans la bâtisse du Périgord où elles ont grandi. Elles ont neuf jours pour la vider. Les pierres des murs anciens serviront à restaurer le pigeonnier voisin, ravagé par un incendie vieux d'un siècle.
Véra a changé, Agathe découvre une femme qui cuisine avec agilité, a pris soin de leur père jusqu'à son décès, et rétorque à sa soeur « Humour SVP » grâce à son smartphone dont elle lui tend l'écran.
C'est dans une campagne minérale qu'Elisa Shua Dusapin installe son quatrième roman, peut-être le plus personnel à ce jour. A travers un regard précis et sans peur, empreint de douceur, elle confronte la violence des sentiments entre deux soeurs que le silence a séparées.
En 2016, Elisa Shua Dusapin publie son premier roman aux éditions Zoé, Hiver à Sokcho (prix Walser, Régine Desforges, Révélation SGDL et lauréat du National Book Award en 2021). Suivent Les Billes du Pachinko (Prix suisse de littérature et Alpes-Jura) en 2018 et Vladivostok Circus en 2020 (sélection Prix Femina). Ses trois romans sont traduits dans le monde entier.
Je pense que je suis passée à côté de ce roman.
J'ai aimé suivre Agathe de retour dans la maison familiale pour la vider. Elle y passera quelques jours avec sa soeur.
L'occasion pour elles de ne toujours rien se dire d'important sur leur vie.
A force d'élipses, l'autrice ne m'a pas permis d'accrocher au vécu des deux soeurs. Même le non-dit à propos de la fausse-couche devient lassant de silence.
Et puis ses odeurs de fromage....
Ma sœur et mon malaise
Dans son nouveau roman, Elisa Shua Dusapin raconte les retrouvailles de deux sœurs après la mort de leur père. En vidant la maison familiale, elles vident aussi tout ce qu'elles ont sur le cœur. Leurs ressentiments, leurs incompréhensions, leur... amour.
Agathe a passé son enfance dans le Périgord avant de partir dans une famille d'accueil aux États-Unis. Ce séjour, qui devait durer le temps du lycée, s'est prolongé. Désormais, elle vit et travaille outre-Atlantique. Quand s'ouvre ce court roman, elle revient après des années d'absence pour aider sa sœur à vider la maison familiale qui a été vendue.
Leurs retrouvailles se font dans une ambiance lourde, car Véra, de trois la cadette, a ressenti le départ d'Agathe comme une trahison. Car sa sœur a choisi l'exil après l'aphasie dont elle a été victime. Sans doute n'a-t-elle pas supporté la charge mentale de son quotidien auprès de sa cadette qui ne parlait plus. Elle l'a certes aidée à surmonter son handicap, constaté sa volonté d'apprendre à lire et à écrire, mais elle a aussi dû faire face à l'incompréhension et aux quolibets des collégiennes, volontiers cruelles.
Très vite, elle va pourtant se rendre compte que Véra a changé, que les années de séparation lui ont plutôt été bénéfiques, même si elle a sans doute aussi été contrainte de s'adapter. Car il a bien fallu qu'elle s'occupe de son père durant ses dernières années d'existence, remplir les tâches ménagères et gérer les questions administratives, cuisiner et trouver le moyen de communiquer sans pouvoir parler. Elle va aussi constater l'efficacité de son organisation pour vider la maison, au point d'avoir soudain peur de finir trop vite et d'avoir du temps disponible qu'il lui faudrait bien partager avec sa sœur.
Alors, elle souligne qu'elle n'est pas en vacances et qu'elle doit travailler à l'adaptation en série de "W ou le souvenir d’enfance", le roman de Georges Perec. La production l'a choisie comme dialoguiste et vu la renommée des acteurs pressentis, elle n'a pas droit à l'erreur.
Alors que les souvenirs ressurgissent, qu'elle croise une ancienne connaissance, leur relation va prendre une autre tournure.
Depuis Hiver à Sokcho, on sait combien Elisa Shua Dusapin aime les ellipses et la suggestion. Ici, son style tout en retenue fait merveille. On ressent plus qu'on exprime des émotions à fleur de peau. Cette économie de moyens nous offre ainsi quelques jolies formules, comme lorsqu'Agathe relate sa rencontre avec Irvin, qui partage désormais sa vie à New York: «tout ce que j'avais connu s’est révélé idiot face à ma découverte de sa peau contre la mienne.» En une phrase tout est dit. Et fort joliment.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. En vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.
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C’est avec un très grand plaisir que je suis allée rencontrer Elisa Shua Dusapin à l’Alliance Française de Paris le 26 septembre dernier, pour la sortie de son dernier roman.
Agathe revient dans son Périgord natal. Elle vit aux États-Unis depuis quinze ans, où elle a laissé son compagnon Irvin (ainsi que son travail concernant une adaptation d’un roman de Georges Perec … ) Dans le but d’aider sa soeur (aphasique) Vera à vider la maison de feu leur père, à l’abandon depuis trop longtemps. Ces retrouvailles agacent et embarrassent – voire intimident – Agathe, qui ne sait pas trop comment réagir en présence de sa soeur muette. Petit à petit, les souvenirs d’enfance (plus ou moins douloureux …) vont refaire surface. Elle se souvient notamment du jour où, quand elle avait six ans, Véra a eu à table une sorte d’AVC ou de mini anévrisme, qui l’a laissée mutique et quelque peu « lente » … Des disputes de leurs parents et du départ de leur mère …
Elles vont travailler l’une à côté de l’autre du 6 novembre au 14 novembre. Agathe va alors avoir tout le loisir de re-découvrir cette soeur (bien plus autonome qu’elle le croyait) dont elle s’est tenue éloignée si longtemps.
Ce court roman (140 pages) est une petite pépite ! L’écriture de l’auteure est une merveille. Son phrasé : un diamant brut. Avec un sujet plutôt banal (un déménagement) – du moins à première vue – Elisa Shua Dusapin va réaliser une oeuvre d’art littéraire.
C’est indéniablement une formidable linguiste, une magicienne des mots !
Corée du Sud, Japon, Russie… C’était jusqu’ici dans des décors très internationaux et multiculturels que, d’ascendance franco-coréenne, Elisa Shua Dusapin avait cadré son inlassable exploration des thèmes de l’appartenance et de l’exil, des barrières de la langue et de l’incommunicabilité. Dans sa dernière fiction Le vieil incendie, elle poursuit cette fois sa quête au plus près de son lieu de naissance, un Périgord à la fois familier et étranger, plein de souvenirs incendiés.
Cela fait quinze ans – la moitié de sa vie –- que, devenue scénariste à New York, Agathe n’a plus mis les pieds dans la maison de son enfance, en Dordogne. Elle y avait laissé sa sœur cadette Véra, aphasique depuis l’âge de six ans, auprès de leur seul père, puisque leur mère avait quitté le domicile conjugal depuis longtemps déjà. Abandonnée en l’état après le décès paternel il y a maintenant quelques années, la vieille bâtisse a finalement été vendue. Elle sera démolie pour fournir les pierres manquant à la reconstruction d’un pigeonnier médiéval, détruit par un incendie cent ans plus tôt. Afin de la vider, les deux sœurs s’y sont donné rendez-vous. Elles disposent de neuf jours en tête-à-tête entre ses murs, neuf jours de confrontation aux vestiges du passé et de leur relation détruite...
Même la nature semble d’emblée s’en mêler, teintant d’une ambiance d’épouvante l’arrivée de Véra et de sa camionnette de location, un soir de novembre tempétueux, au bout du long chemin défoncé qui mène à la maison lugubrement isolée au fin fond de la campagne périgourdine. Rien ne viendra plus conjurer le sentiment d’étrangeté, vaguement teintée de répulsion, ressenti par la jeune femme en ces lieux qui gardent une part d’elle-même, interrompue par ce qu’elle a voulu une cassure nette, et dont elle réalise avec surprise qu’ils ont continué sans elle une existence différente de ce qu’elle en imaginait, surtout en ce qui concerne sa sœur. Cette sœur dont elle a fui le handicap, qui lui apparaît d’ailleurs monstrueuse au premier regard jeté dans l’oeilleton curieusement inversé de la porte d’entrée, n’est plus le terrifiant boulet qui suscitait les moqueries, mais une jeune femme sereine et accomplie, qui a trouvé son équilibre dans la région et communique avec aisance grâce au clavier de son smartphone.
Ainsi les deux fillettes unies par un lien fusionnel ont laissé la place à deux adultes crispées face à leur étrangeté mutuelle. Et, tandis qu’à l’opacité de leurs non-dits répond la lourdeur d’une atmosphère singulière, presque hostile – l’étang est si noir qu’il ne reflète même pas la lune, les feuilles de lierre rougies par l’automne « palpitent [tels des] petits coeurs venus s’éteindre en dehors de leur cage », de rébarbatifs chasseurs chatouilleux de la gâchette hantent l’épaisseur mousseuse de la forêt –, le texte, éblouissant de pudeur, de justesse et de précise concision, tisse à fleur de peau l’impalpable mais indéchirable toile qui, finalement bien davantage qu’une absence de langage, les tient toujours plus enfermées dans leur impossibilité de communiquer et de jeter le moindre pont entre leurs solitudes.
Point n’est donc besoin de naître biculturel ou dans l’exil pour expérimenter le cloisonnement de nos altérités. Dans le seul creux de la plus ordinaire fratrie fleurissent aussi d’indissolubles solitudes, coincées dans l’impossibilité de la relation à l’autre, cet autre d’autant plus inaccessible qu’on le pensait proche. Contrairement à ce que croyait Agathe, le plus grand facteur de solitude n’est pas l’absence ou la différence de langage, mais bien notre propre étrangeté au monde. Un thème qui la poursuit, puisque ses activités professionnelles du moment ont trait à l’adaptation du roman de Georges Perec, W ou Le souvenir d’enfance...
Agathe, qui a quitté sa famille à l’âge de 15ans pour s’éloigner de sa sœur Véra, aphasique depuis l’âge de six ans revient des Etats-Unis pour déménager la maison après le décès du père. Elle retrouve en Véra une femme épanouie adorant faire la cuisine et entreprend avec elle l’inventaire de leur maison périgourdine en se remémorant des événements passés. L’intrigue est mince et on a du mal à percevoir la qualité de la relation des deux sœurs, regret d’avoir abandonner la frangine, plaisir de la retrouver ? Quelle est la finalité de leurs retrouvailles ? On oubliera rapidement cette lecture.
C’était le 1er octobre 2016, à "La 25ème heure", salon du livre du Mans, les photos que je garde précieusement de cette journée peuvent en témoigner. Elisa Shua Dusapin était invitée par l’association "68 premières fois" pour parler de son très beau premier roman "Un hiver à Sokcho". "Le vieil incendie", son dernier, est tout aussi beau.
Mon plaisir à lire cet ouvrage, acheté dès sa sortie, a commencé par la première de couverture à la très jolie illustration dont j’ai eu l’explication à la page 53. Et puis, évidemment, les mots…l’histoire. Les mots de l’auteure, toujours aussi magnifiques, une écriture qui semble d’une grande simplicité et qui, pourtant, cache à la fois des élans du cœur et des pudeurs infinies, mais aussi une certaine violence. Elle est minimale, comme si l’auteure avait barré tout ce qui est inutile pour ne conserver que les mots essentiels. Les phrases courtes et parfois même sèches donnent ainsi au texte une force considérable.
Pour ce qui est de l’histoire, elle met en scène trois personnages : Agathe, partie il y a quinze ans pour faire sa vie à New-York – elle est scénariste – Véra, sa jeune sœur, qui ne parle plus depuis fort longtemps et… la nature. C’est, en effet, dans cette campagne de leur enfance, dans la maison perdue dans les bois qu’elles se retrouvent. Agathe est rentrée pour aider Véra à vider cette maison après le décès de leur père et elles ont très peu de temps. Naturellement, elles ont changé et surtout la plus jeune sans doute. Les échanges se révèlent difficiles "Je réponds (c’est Agathe qui parle) un peu sèchement que nous sommes sœurs et c’est aussi chez moi…" L’incompréhension est parfois présente, la tension sous-jacente, la peur de mal faire, de mal dire.
Elisa Shua Dusapin est de ces auteur(e)s dont la voix délicate, posée, douce – j’ai l’impression de l’entendre – rythme ma lecture. Et de la même manière, c’est par touches d’une intense délicatesse et d’une grande douceur qu’elle dresse le portrait de ces deux sœurs, comme elle dépeint le décor qui les entoure. Le roman est un véritable tableau aux couleurs fondues subrepticement traversé par un cerf qui "grignote dans un buisson", le décor d’une cuisine ou les fourrés d’un bois.
"Le vieil incendie" est un roman fort, concis, précis et d’une beauté infinie.
https://memo-emoi.fr
Ça sent le pétrichore,la pierre,la tourbe ,le fromage bien sûr et le bois des matins brumeux .
Bienvenue en Dordogne !
On y entend le crissement de la laine ,le crépitement du bois la nuit qui réveille les âmes ecorchées les "non dits " et surtout les "j'aurais du" .
Avec un style pur,travaillé comme une partition oû chaque mot se pose sur la bonne portée Elisa Shua Dusapin a cette faculté impressionnante de créer un univers oû tout se joue en équilibre entre fragilité, force,silence et cri de rage .On lit .. on attends car c'est elle qui orchestre.
J'ai pensé le lire vite et n'ai pas su le faire .Dans cet univers là même les arbres vous font bien comprendre qu'ils ne pousseront pas plus vite parce que vous êtes pressé .
On referme le roman .....comme tous ceux de cette autrice en y pensant longtemps après avec cette étonnante impression d'avoir assisté à une intimité qui ne nous regarde pas et qui pourtant nous bouleverse.
Et dans ce monde actuel fait de bruit ,de paillettes ,de surenchère et de superflu il est vraiment plaisant de s'attarder sur ces romans delicats oû les personnages qui ne crient pas ou ne parlent plus sont ceux qui ont vraiment des douleurs vives à exprimer .
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