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Boris Canetti, un inspecteur blasé et alcoolique, est chargé d'une enquête insolite. Des vols sont commis par un procédé évoquant un ancien et fort étrange syndrome : les victimes sont prises d'une folie faisant d'elles des poètes, des musiciens ou des danseurs géniaux déconnectés de la vie ordinaire et de tout ordre rationnel.
Bonjour, Bergson revisité dans un polar, cela donne un roman étonnant…
Alexis Legayet fait partie de ces auteurs que l’on choisit de savourer, sachant qu’il va nous emmener dans des sphères que nous ne côtoyons pas tous les jours. Sur une culture philosophique indéniable, il arrive à plaquer des thèmes très modernes comme le néo-féminisme dans « Délivrez-nous du mâle », chroniqué précédemment.
Boris Canetti est un inspecteur de police, légèrement alcoolique et très très blasé. Alors quand il découvre un cadavre au sourire extatique, il ne peut qu’être intéressé, d’autant plus que c’est un simple coup de fil qui a permis de vider le compte bancaire de la victime. Les victimes, il y en aura d’autres, sont toutes prises d’un étrange syndrome leur insufflant une folie créatrice qui les déconnecte de la vie ordinaire. Comment l’inspecteur parviendra-t-il à faire face à un psychiatre retors ? La France pourra-t-elle se remettre d’une épidémie de fous dansants et de la découverte du « Chant de la création » ?
C’est le huitième roman de l’auteur et son premier polar. Gageons qu’il poursuivra dans cette veine car c’est une réussite, peut-être parce qu’il parle aux neurones de la loufoquerie que nous avons rarement l’occasion d’utiliser. Je ne vous cache pas que les parties philosophiques m’ont laissée un peu sur la touche mais en revanche me replonger dans les œuvres de Jeff Koons et de McCarthy a été libérateur. Quant à voir le rire comme sauveur universel, il y a pire comme remède.
Le professeur de philosophie se devine derrière la belle écriture, habitée, jouissive, sinueuse et moderne. L’enquête tient la route même si les personnages sont borderline et se retrouvent dans des situations inappropriées, ou carrément foldingues. En revanche, les réflexions sur notre époque, son goût de l’argent magnifié par les excentricités de l’art contemporain, son asséchement des esprits par toutes sortes de sollicitations, ses jeunes qui se construisent avec certains textes de rap, sont sources de petits bonheurs de lecture.
Quand vous saurez que la maison d’édition recherche une littérature philosophante à tendance loufoïde, vous saurez vers quelle œuvre, je souhaite vous entraîner. Notez bien que je renouvelle mon avertissement : à réserver aux lecteurs possédant une case spéciale, celle du risque et du goût de la différence. Un mot sur le visuel de couverture : il dit tout de l’environnement de ce polar, il est absolument juste !
Je remercie très sincèrement Alexis Legayet pour la dédicace et la Mouette de Minerve pour l’envoi de ce premier opus des enquêtes philosophiques.
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