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À seize ans, Charles Vanhist est un adolescent taciturne. Il souffre de la séparation de ses parents. Depuis leur rupture, il vit avec sa mère à Marcq-en-Baroeul. Dans son quartier, le jeune homme se lie d'amitié avec ses voisins, des retraités tout aussi solitaires que lui. C'est auprès d'eux qu'il se réfugie après l'épouvantable découverte du cadavre de sa mère. Egorgée. Sombrant dans le silence, Charles semble se désintéresser de cet assassinat. L'adolescent va peu à peu sortir de sa torpeur en tentant d'analyser le mobile du tueur. À ses dépens.
J'ai déjà lu le premier polar de Michel Bouvier (Lambersart-sur-deuil) dont j'ai dit beaucoup de bien. Son second roman policier se déroule à Marcq-en-Barœul ("à la Porte d'Auteuil, à Gallipoli..."*). Comme pour le premier on lit ce roman plus pour l'écriture, le style, les personnages on ne peut plus fouillés : le jeune Charles est en proie aux doutes et questionnements -on le serait à moins au vu des événements et de son âge-, il rencontre un journaliste à la retraite, une vieille voisine bigote, le policier chargé de l'affaire, un psychiatre un brin retors (pléonasme ?) et Priscilla sa future belle-mère, qui tous vont le titiller, le pousser dans ses retranchements, l'obliger à se remettre en question, lui si sûr de lui. "Essayant de trouver en lui quelque trace d'un tel lien [l'amitié] où les âmes "se mêlent et se confondent l'une en l'autre", il n'avait rien trouvé qui en approchât, ne serait-ce que du plus loin. Ce qu'il connaissait n'était jamais que son isolement, la perception de sa solitude, et cette perception n'était ni désagréable ni inquiétante ; non seulement il ne connaissait que cet isolement, mais il jugeait que cet isolement était heureux, puisqu'il s'y sentait à l'aise, tranquillement laissé à lui-même, et en sécurité par le fait que les occasions d'émotions en étaient fortement diminuées."(p.70)
Tous les personnages qui interviennent ont droit à leur moment de gloire dans ce livre : chacun est décrit en une page ou une page et demie même les secondaires voire les tertiaires... Et à chaque fois c'est un régal, la personne décrite se dévoile sous nos yeux, physiquement certes, mais aussi ses tourments, ses complexes, ses doutes et ses forces. Si je fais fi des propos de la dévote Mme Renardaim un peu lourds pour un mécréant comme moi et un dialogue entre le flic et Charles qui m'a fait hérisser les cheveux :
"- Vous faites vos études dans un lycée catholique, je crois ?
- Oui. Mon père disait qu'on n'est bien servi que lorsqu'on paie. Voilà pourquoi il avait décidé de payer pour mes études.
- Il n'est donc pas si con, ce bon père !" (p.207),
moi, le défenseur de l'école publique, moi qui n'ai rien contre les parents qui mettent leurs enfants dans l'enseignement privé mais qui en secret (dévoilé) rêve d'une école publique et unique (ou vice-versa), je ne pouvais laisser passer cette remarque sans rien dire, voilà, c'est fait !... si je fais fi disais-je donc de mes quelques agacements purement personnels, je dois ici révéler que ce livre est un régal : écriture léchée, humour, ironie, portraits précis des protagonistes et le sens et le goût de la belle phrase. Et l'intrigue me direz-vous ? Elle est secondaire, elle permet à l'auteur de présenter une galerie de personnages et de les mettre en rapport grâce (ou à cause) du meurtre. Elle sera résolue bien sûr, hâtivement sur la fin, sans vraiment de surprise, mais encore une fois, là n'est pas l'essentiel.
* Nino Ferrer
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