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Vers minuit, une forte pluie commença à battre les tuiles de la toiture.
Etendu dans sa chambre, Rikyû sentait son sang bouillir de colère. La rage lui tenaillait les tempes. Son coeur tapait dans sa poitrine... L'averse s'intensifia tout à coup, puis un éclair fulgura, faisant jaunir le papier de la cloison, et le tonnerre gronda aussitôt. "Le ciel a entendu ma fureur", pensa- t-il... Le visage simiesque d'Hideyoshi envahit une nouvelle fois son esprit. Aucun motif sérieux ne justifiait l'ordre de se suicider que celui-ci venait de lui faire parvenir...
Le 28 février 1591, le shogun Toyotomi Hideyoshi ordonna effectivement à Sen no Rikyû, le plus grand maître de la cérémonie du thé de l'époque, de se suicider - ce qu'il fit. Mais pourquoi? Cette histoire bien réelle reste, après plus de quatre siècles, une grande énigme, qui a inspiré de nombreux écrivains et cinéastes japonais mais n'a jamais été résolue. On prétend, au Japon, que l'art très codifié de ce cérémonial autour du thé recèle un sortilège qui peut rendre fou le coeur des hommes.
Dans ce roman, au fil des heures précédant l'aube fatale, Kenichi Yamamoto va nous faire découvrir comment son héros aura constamment cherché à atteindre l'extrême limite de la beauté, même si ce devait être au péril de sa vie.
Rikyû, le plus grand maître de thé en ce Japon du 16ème siècle, est à ce point obsédé par son idéal de la beauté et par la recherche de la perfection dans son cérémonial, qu’il ne se rend même pas compte qu’il a fini par négliger ses proches et indisposer son entourage, s’attirant rancoeurs et jalousies, y compris celles d’Hideyoshi, le nouveau maître du pays. Alors que Rikyû vient de recevoir l’ordre de se suicider, le récit entame la chronologie à rebours des évènements qui l’ont mené à cette situation, dans un retour arrière sur toute son existence qui finira par dévoiler son drame secret : une tragédie personnelle qu’il aura, sa vie durant, tenté de transcender par l’intransigeante sublimité de son art.
S’inspirant d’un fait réel devenu légendaire au Japon, mais dont l’Histoire n’a pas retenu les motifs, l’auteur a librement imaginé le parcours et la psychologie des personnages qui ont amené un maître de thé aux apparences inoffensives à recevoir l’injonction suprême. Gommant tout mystère, il nous livre ainsi une version rationnelle et crédible de ce mythe qui a inspiré tant d’écrivains et de cinéastes japonais, solidement campée dans le cadre historique général de l’unification d’un Japon jusqu’ici divisé par les guerres féodales.
C’est pour le lecteur l’occasion de se plonger dans une culture aux traditions souvent singulières et étonnantes, au travers tout particulièrement de la cérémonie du thé, art extrêmement codifié, et parfait exemple de paroxysme du raffinement à la japonaise : on n’ignorera plus rien de ses significations bouddhiques et politiques à l’époque, des rivalités entre maîtres, de ses rites et de leurs différentes écoles, de son décorum et de ses objets si soigneusement choisis, de leur commerce et de leur symbolique.
Lent, poétique et fascinant, le récit imprègne peu à peu le lecteur d’une calme atmosphère à l’esthétisme soigneusement étudié, où Rikyû embaume ses sentiments pour l’éternité dans un art qui prend chez lui la dimension d’un sanctuaire : un art sur fond de mort, à la fois sublime et glaçant, pour une lecture dépaysante dont le plaisir est tout à la fois historique, culturel, artistique et esthétique.
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