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Qui est Joseph Ceravolo ? La question monte doucement à la lecture des poèmes du Printemps dans ce monde de pauvres cabots, paru en 1968, et qui ne cesse de surprendre le lecteur avec une douceur fraternelle. La question monte et se résout d'elle-même au fil de ces textes d'avant crépuscule, qui collectent les environnements quotidiens, la vie naturelle à la lisière de l'urbain, les jours d'été sur la plage, les frelons et les oiseaux, les canards et les faons, en une suite d'adresses discrètes aux amis, aux enfants, aux être aimés. Quand Ceravolo ouvre la fenêtre, ce n'est pas tant pour regarder dehors que pour faire entrer le monde, « Je voudrais être parmi toutes ces choses qui éclosent » dit-il, son écriture d'un lyrisme direct et paisible se tient sur une ligne de clarté, et parvient à l'éclosion par une réduction du poème en une solution de ciel, de lumière et de mer qui produit une essence du bonheur, une joie de paradis. Le chant est bien un « éclat chimique », et l'on sent un attachement à l'invisible, une sensibilité au zen, une amitié aux peuples premiers, aux saisons, une façon de toucher à la spiritualité grâce à une métaphysique du moment. Ceravolo déploie dans le chant des grillons, le passage des voitures sur la route, les balançoires dans le parc, les chiens qui disparaissent au loin et les paysages du New Jersey une forme d'éternité d'être là tout en laissant passer le temps. Rivières, animaux, éléments et saisons, tous réunis par un lien qui tient dans le mystère et la simplicité du regard, qui serait soi et ailleurs que soi. La focale poétique est ici grande ouverte, et la langue nous paraît dans un même mouvement novatrice et familière, pleine de surprises syntaxiques, de détournements, d'élisions et de juxtapositions lumineuses où le jour apparaît « comme verre éclaboussé ». Qui est Joseph Ceravolo ? Un poète qui a conscience d'être une « partie de cette route de la matière » de l'existence, qui sait que « nous sommes mortels, nous faisons un tour de manège », et qui, tel un enfant trouvant de nouveaux jouets chaque matin, résout avec une grâce discrète et éblouie la question du glissement des corps et de la migration de l'âme.
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