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Bien des fois, j'ai pleuré de rage parce que mon père était pauvre et que ma mère n'était pas belle.
À quoi bon être le premier de ma classe, si c'est pour me sentir à cause d'eux humilié et ravalé sans cesse, dès que j'ai mis le pied hors du collège ? J'aurais tant voulu des parents qui me fissent honneur !
La mère de Castagné sent bon. Les doigts de la mienne, aux heures des repas, sentent l'oignon et le bout de son index est noir de piqûres d'aiguilles.
Au passage du père de Castagné, de celui de Balmigère ou de Maynadier, chacun se découvre en le saluant par leur nom ; mais mon père salue le premier les gens de connaissance qu'il rencontre et beaucoup ne lui rendent qu'à moitié et comme à regret sa politesse. Si je lui en fais la remarque, il me répond sans colère que « c'est ainsi qu'on est dans le commerce ».
Je le méprise alors et je pense aux Phéniciens et aux Carthaginois qui étaient des peuples de marchands, mais dont la grandeur et l'orgueil balancèrent ceux d'Athènes et de Rome.
J'ai honte pour mes parents d'être obligé d'user les vieilles culottes et les livres de mon frère aîné et de n'avoir jamais dix sous en poche.
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