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Sur la côte Bretonne, dans la ville de Bertigny-sur-Mer, le capitaine Enky Bau voit ressurgir le spectre de disparitions d'enfants jamais élucidées qui ont eu lieu ces dernières décennies. Une intuition le prend en tenaille et ne le lâche plus : l'ogre rôde toujours et ne chasse peut-être pas seul. Surplombant la ville, au bord de la falaise, un sombre manoir semble à l'affût, prêt à frapper à nouveau. Et si le vieux peintre qui y vit avait de noirs desseins que les couleurs qu'il étale sur ses toiles ne pouvaient plus dissimuler ? Une enquête policière menée tambour battant. Vous êtes à deux doigts de naviguer aux frontières du réel...
Difficile de classer un roman si original dans un genre. Ce pourrait être un roman policier, voire un polar, étant donné qu’il y a l’intervention de policiers et qu’il s’agit d’une enquête. Ce pourrait être un thriller, parce qu’il y a énormément de suspense et que, bien des fois, les situations ont fait trembler le lecteur que je suis. En fait, ce sont les deux genres en même temps et bien plus encore.
L’action se déroule dans une ville bretonne, qui par le nom choisi n’existe pas sur la carte mais qui à travers ses descriptions pourrait correspondre à de nombreuses villes de Bretagne. Vous l’avez compris, l’auteur aime semer le trouble et dans ce qui est son premier roman, il y arrive avec une maîtrise incroyable. Dans cette ville, il y a un étrange manoir, dont les occupants sont plus que bizarres, on pourrait dire totalement dérangés.
L’enquête semble assez simple. Un groupe s’amuse à visiter les maisons abandonnées en laissant une trace de leur passage : des inscriptions à la bombe de peinture. Ce genre de chose s’est déjà vu dans le coin et la police ne semble pas avoir à prendre les choses trop au sérieux. Mais, quand ce groupe visite le fameux manoir, l’enquête se complique. Un policier, Enky, se souvient que ce lieu a aussi été le théâtre de disparitions non résolues…
Aujourd’hui, dans ce manoir, vit un peintre. Discret, bien trop discret. Son passé est largement retracé puisqu’il permet de comprendre l’origine de son talent. Autour de lui, des phénomènes suspects se produisent, mais de là à savoir s’il est mêlé à ces événements dramatiques, il n’y a qu’un pas que la police ne peut pas franchir, puisqu’il n’existe aucune preuve…
Durant tout le roman, on se laisse porter par une histoire rondement menée. Les chapitres se succèdent, on sait que chacun est capital pour résoudre les énigmes, l’ambiance nous le fait comprendre. Par contre, c’est un défi que d’essayer de démêler tout ce qui relie les événements évoqués. Ce n’est que dans le dernier bon tiers du roman que tout s’accélère et que la lumière est faite. Alors, le lecteur tourne les pages à en perdre haleine, ou plutôt à s’en user les doigts, stupéfait par les révélations.
Tout devient clair, l’enquête fait s’imbriquer l’ensemble des pièces du puzzle. Et si je reste vague, c’est pour ne pas vous gâcher les surprises, car oui il y en a plusieurs. S.H. Kovski a mené le rythme de son livre d’une main de maître. Vous allez trembler et même après avoir fini le roman vous ne serez pas tranquilles. En tout cas, vous n’oublierez jamais cette histoire, elle est de celles qui marquent votre esprit. Quant à l’art de la peinture et ceux qui ont le talent de créer des toiles qui interpellent, vous en aurez sans doute aussi une autre vision…
Ce livre mérite un énorme succès littéraire et ensuite, un film qui fera frissonner les lecteurs devenus spectateurs de cette terrible histoire.
Le peintre à deux doigts, premier roman de S.H. Kovski se déroule sur la côte bretonne, dans la ville de Bertigny-sur-mer.
Au début du bouquin, nous sommes à l’été 1968 et, dans un sous-sol, où sont installés deux chevalets et exposées deux œuvres. Une femme, Mima, est en extase devant les petites mains graciles et élégantes de son neveu Arthur, lui assurant qu’il est un génie et que personne ne pourra le nier. À la question de celui-ci : C’est dur d’être peintre ?, elle répond « Poussin, je t’enseignerai. Tu seras le plus doué. »
Nous nous retrouvons ensuite en juin 2018 avec le Capitaine Enky et son assistante, une jeune policière, Gaëlle. Ils enquêtent sur des vols par effraction commis dans de belles villas inoccupées, assortis d’inscriptions « FLRS » tagués sur les murs intérieurs en rose fluo.
Enky, en se rendant ensuite au Billy’s, le bar de la plage est parcouru d’un frisson, une intuition ou plutôt le souvenir d’une enquête ancienne et non résolue à propos de disparitions d’enfants, vient de poindre en son esprit.
Il est en vacances le lendemain, aussi en profitera-t-il pour se replonger dans cette histoire, commençant par se rendre aux Archives départementales, dans le but de vérifier une coïncidence.
L’auteur fait alterner deux périodes, celle concernant les années 1968, avec la disparition du père d’Arthur, 1969 et 1970, puis 1989, 1990, 1991 ; années de certaines disparitions et celle du présent, c’est à dire l’été 2018, relative à l’enquête policière menée tambour battant par Enky Bau.
Ce roman très original baigne dans une atmosphère particulièrement spéciale et glauque avec comme personnages principaux Arthur le peintre, Mathias, son frère, leur tante Mima à la personnalité plus qu’angoissante et terrifiante et bien sûr le fameux capitaine Enky. Un autre personnage à part entière est ce sombre manoir qui surplombe la falaise et qui fait figure de véritable guet-apens.
S.H. Kovski entraîne son lecteur dans les méandres psychologiques d’êtres gagnés par la folie. Un véritable délire les conduit dans des voies impénétrables ou presque, pour le commun des mortels. Le talent de cet auteur est à deux doigts de réussir à nous convaincre de l’existence de ce monde imaginaire. Il parvient à maintenir un suspense allant crescendo jusqu’au dénouement final absolument époustouflant où j’ai découvert entre autre ce qu’était le sokushinbutsu...
Le peintre à deux doigts se révèle être un polar sombre, malgré la présence de ce bel art qu’est la peinture, mais surtout un polar dans lequel S.H. Kovski se délecte à nous décrire des personnages torturés très énigmatiques vivant dans un monde aux frontières du réel, et mène avec brio une étude psychologique très fine de tous les protagonistes, avec même parfois un brin d’humour.
Par bonheur, le capitaine Enky et ses petites facéties avec son agente Gaëlle, son goût marqué pour le russe blanc, ce cocktail mêlant lait doux sirupeux, vodka percutante et liqueur de café amer, sa boisson favorite et son amour immodéré pour sa ville, surtout sans les touristes, apporte la touche stabilisante et rassurante.
Comme son auteur me l’a gentiment dédicacé, le peintre à deux doigts va apprécier vous croquer, alors n’hésitez pas à vous préparer à le rencontrer et à faire sa connaissance !
Je remercie les Éditions Souffles Littéraires pour cette superbe découverte.
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