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Le pavillon des écrivains

Couverture du livre « Le pavillon des écrivains » de Claude Durand aux éditions Fallois
  • Date de parution :
  • Editeur : Fallois
  • EAN : 9782877068307
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Le livre de Claude Durand est fait du tressage de cinq fils narratifs de couleurs différentes mais de même texture : le roman de Villeneuve, commune de banlieue petite-bourgeoise gangrenée par le chômage, l'insécurité et le repli sur soi ; la chronique du Pavillon et de ses habitants (les cinq... Voir plus

Le livre de Claude Durand est fait du tressage de cinq fils narratifs de couleurs différentes mais de même texture : le roman de Villeneuve, commune de banlieue petite-bourgeoise gangrenée par le chômage, l'insécurité et le repli sur soi ; la chronique du Pavillon et de ses habitants (les cinq résidents et la gardienne), celle de leurs occupations respectives et de leurs relations mutuelles ; les réminiscences personnelles (enfance, famille, liaisons féminines) et professionnelles (anciens professeurs, collègues) du narrateur ; la probable trajectoire de Calvi, l'ancien maire de Villeneuve, telle que semble la dessiner le puzzle incomplet rassemblé par le narrateur ; enfin une biographie esquissée de la France des années 1930-90 où l'égocentrisme sceptique et l'irascibilité du vieillissement se trouvent confrontés à l'impatience violente d'un monde qui, à ses entours, n'entend pas marquer le pas, mais va de l'avant et n'est pas disposé à mettre le mot fin à sa propre histoire.

Comme les voisines qui l'enserrent, Villeneuve-sur-Ourcq est une de ces communes prises dans l'agglomérat de cités-dortoirs et de pavillons individuels qui a dévoré la campagne autour de Paris et qui n'ont rien d'une ville, hormis le nom et la mairie dont on les a pourvues.
La commune a été longtemps administrée par un notable, député, ancien ministre.
Pour des raisons inconnues, il a été abattu d'une balle dans la tête au pied de l'escalier d'honneur par où, les samedis, les nouveaux époux quittent la salle des mariages sous une pluie de riz.
Jeune historien, Lucas Desoubeaux revient dans cette banlieue où fut transférée jadis la faculté dont il a suivi les cours. Avec quatre autres candidats, il a été retenu comme résident pour six mois au Pavillon des Écrivains, un de ces gîtes que les collectivités territoriales ont créés un peu partout, au titre des affaires culturelles, pour y héberger des créateurs ou prétendus tels. Immergé dans le tissu communal, il doit, comme ses homologues, élaborer en contrepartie une monographie sur un sujet d'intérêt local agréé par les autorités.
Lucas, qui a consacré sa thèse aux menées de l'extrême droite en France des années 30 à la fin de la guerre d'Algérie, a naturellement opté pour une reconstitution de la carrière de Calvi, l'ancien maire assassiné qui a donné son nom à la maison communale dévolue aux écrivains commandités, sur laquelle veille Pepita Flores, gardienne haute en couleur, ancienne chanteuse d'espagnolades rattrapée par l'âge et l'abus de spiritueux.
L'enquête de Lucas sur la trajectoire de César Calvi, le maire assassiné, le conduit à interroger divers acteurs de la scène locale. Ces témoignages surabondants mais contradictoires, plutôt que de contribuer à l'élucider, ne font qu'épaissir le mystère entourant l'assassinat d'un personnage dont on décèle néanmoins que sa trajectoire lui a fait parcourir en un demi-siècle tout le spectre politique, du rouge vif au brun foncé en passant par la grisaille du marais centriste.
En contrepoint de cette radiographie d'un pays rhumatisant, parvenu à la fin du second millénaire perclus de guerres avec son proche voisin, avec ses possessions d'outre-mer et avec lui-même, la mémoire du narrateur convoque l'histoire de sa propre famille, celle de Français moyens campés sur des principes conservateurs, largués par le courant de l'Histoire, mais rattrapés et bousculés par l'évolution des moeurs, que ce soit en matière de divorce, d'avortement ou d'homosexualité. S'en dégage un sentiment de perte de repères, de brouillage des identités, sur le plan privé, analogue à celui qu'on éprouve dans la vie publique où, de glissements en dérives, de renoncements en trahisons, les mots semblent devenus les alias de vérités opposées à celle que recelait leur usage premier.

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