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Arlette saute de train en train sur les lignes ferroviaires qui desservent encore le centre de la France, région dont elle connaît toutes les petites villes, leurs gares, leurs hôtels et les patrons des PME qui l'ont employée. À la recherche de Juju, son amoureux fugueur, elle voyage à l'aventure, entre réalité et souvenirs ;
Une quête ardente et fantaisiste, concrète et vaporeuse, qui la conduira jusqu'au Monico.
Comme on l’aime Le Monico ! Voici des échappées pétillantes qui enlacent le même rythme. Sans erreurs d’aiguillage, l’envolée prétend aux sourires, aux clins d’œil. Aux jeux savoureux d’une subtilité hors pair. Arlette est une jeune femme, narratrice de cette trame et l’on peut dire aussi : rame, voie de gare, humoristique et tendre comme du bon pain. Mais, attention ! ici règne l’atmosphère relevée, agréable d’une teneur cartographique aérienne. Arlette est en voyage, pas n’importe lequel. Elle est partie en quête de Juju, l’homme de sa vie, son amoureux, en direction de Saincaize. Telles des poupées gigognes, ces morceaux d’architecture s’emboîtent frénétiquement. Cette délicieuse constance est une torpeur en attitude souveraine. A l’aise, bien en assise dans ce train des plus paraboliques la lecture est une ode de tendresse et d’attention envers les images de la vie d’antan et de ce jour. « Assise à l’avant du premier wagon je suis accompagnée par des colombes qui font les malines en montrant qu’elles vont plus vite que le train ne roule. » Juju n’est pas seulement l’amoureux. Mais un otage de guerre qui n’a jamais pu atteindre Khartoum la capitale du Soudan. On a parfois la gorge serrée dans cette lecture où l’émotion est vive et fusionne d’emblée avec les paysages traversés aux couleurs sentimentales et existentialistes. Arlette n’est pas seule dans le train. Elle est en périple avec Robert qu’on imagine un adulte riche de savoirs et de réponses subites et justes. C’est le dictionnaire parabolique, le plan des routes et des destins. Ce trésor littéraire est salvateur. Les gares traversées en haute contemporanéité s’imprègnent d’un habitus révolu, celui d’avant. La nostalgie n’est pas triste, seulement consolante. Va-t-elle retrouver Juju ? « Dans le désert j’ai été seul avec mes geôliers durant neuf cent trente-six jours. » Dans Le Monico emblématique règne le summum qui ne fait pas vibrer les trains et n’incitent jamais à un arrêt sur image. Au contraire, s’élève ce que Eric Bohème modèle de plus majestueux, de plus durable, de plus sincère. Retrouver Juju, aller au bout de ses ressources, et s’accorder cette part de chance, de fusion avec un voyage des plus initiatiques et paysagés riches d’intériorité révélée. « Le Monico » est un lieu de retrouvailles, je ne dirai pas les gares visitées avant de trouver ce port d’attache. Lisez ce rayonnant, ce baume au cœur. Un récit qui fait du bien. Publié par Les majeures Editions Antidata .
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