Beley, homme violent, vigile, ayant fait de la prison pour avoir tabassé des types, pas gâté par la vie, est embarqué par son collègue de travail dans le cambriolage d'une cave qui regorge de bouteilles de vin de prix. Mais son pote est sauvagement assassiné et il est le prochain. Il s'enfuit...
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Beley, homme violent, vigile, ayant fait de la prison pour avoir tabassé des types, pas gâté par la vie, est embarqué par son collègue de travail dans le cambriolage d'une cave qui regorge de bouteilles de vin de prix. Mais son pote est sauvagement assassiné et il est le prochain. Il s'enfuit alors avec son fils, Julien, autiste de 12 ans, que sa mère a abandonné, poursuivis par les assassins mais aussi par les flics , sans savoir pourquoi. Commence alors un road-trip au cours duquel leur route croisera des personnages hauts en couleur.
L'aspect polar n'est pas, pour moi, le cœur du roman même s'il lui donne son rythme trépidant et crée un certain suspense; il s'agit plutôt d'une rencontre entre un père qui n'avait aucun lien avec son fils autiste qu'il considérait comme un boulet, d'un homme rempli de rage qu'il ne pouvait extirper de lui que par la cogne avec ce petit garçon différent qu'il découvre et qu'il protègera de toutes ses forces.
Au début du roman, le personnage de Beley est très antipathique (agressif, alcoolique, méprisant et vulgaire à l'égard des femmes qu'il prend pour les jeter, violent avec son fils qu'il ne supporte pas); puis, petit à petit, au contact forcé avec Julien, une sorte de tendresse bourrue émerge doucement de la gangue de rage dans laquelle son enfance à la dure et sa vie minable l'avaient enfermé.
L'auteur met sur la route de Beley et Julien des personnages, symboles de bassesse, de vilenie ou d'humanité. J'ai beaucoup aimé celui de Lucette, ancienne infirmière de 70 ans, qui les recueille quelque temps; elle est truculente, a un franc-parler qui cache un cœur gros comme ça.
Gênée au départ par le style parlé, très familier, souvent grossier, j'ai vite fini par l'apprécier car il correspond au personnage de Beley, sans éducation, qui s'exprime plus par ses poings que par la parole; j'ai particulièrement apprécié lorsque Beley tente d'utiliser des mots d'un niveau sémantique plus élevé ; il les déforme et le résultat est comique ("l'épée d'Amoclès", "faire de l'amnistie" au lieu d'amnésie). Le vocabulaire très imagé de Beley est un régal; j'ai cru parfois lire du Audiard, par exemple avec "je suis taillé dans un tibia de cigogne".
Bref, une belle découverte que je n'aurais probablement pas faite si Stéphane Lavaud ne m'avait pas proposé son roman en service presse; je l'en remercie.