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Voici une enquête littéraire et historique qui s'intéresse à un objet aussi singulier que révélateur de l'époque qui l'a vu naître : le masque mortuaire du philosophe Hegel.
Conservée aux Archives littéraires allemandes à Marbach, cette empreinte faciale en plâtre pose bien des questions, d'authenticité, ou de conditions de réalisation. Mais, avant tout, elle retrace l'histoire des vivants qui ont cherché à s'approprier l'héritage, le capital et l'énergie dont ce masque était à la fois l'emblème et la trace tangible. Une histoire à cheval sur deux siècles, le XIXe et le XXe, pleine de rebondissements, où se côtoient des mouleurs et des collectionneurs, des juristes et des politiciens, des philosophes et des artistes, d'Elias Canetti à Virginia Woolf, d'André Breton à Paul Éluard.
Thomas Hunkeler est critique littéraire et professeur à l'Université de Fribourg, en Suisse. Il est l'auteur d'Échos de l'ego dans l'oeuvre de Samuel Beckett (L'Harmattan) et de Paris et le nationalisme des avant-gardes (Hermann). Il poursuit depuis de nombreuses années des recherches sur le modernisme européen.
Le masque mortuaire de Hegel est ici le prétexte à une véritable enquête littéraire et historique qui questionne intelligemment notre fascination pour cette pratique.
Un petit bouquin propre à exciter notre insatiable curiosité.
Ouh là là, Hegel késaco ? L'un des philosophes les plus difficiles d'approche ? Et il est pas mort d'abord ?
Et Thomas Hunkeler, késaco ? Un professor suisse de Fribourg ?
Mais dans quoi est-ce qu'on s'embarque avec ce Masque de Hegel ?
Alors prenons soin de vérifier que c'est pas trop long (130 pages, ok) et qu'on a des réserves d'aspirine (ok).
Reste plus à espérer qu'on soit pas tombé sur un remake du Monde de Sophie ou pire, un livre formaté pour les prix qu'on court (une plume prestigieuse, un sujet historique et intello, aïe ça coche déjà pas mal de cases ...).
➔ C'est une véritable enquête littéraire et historique que Thomas Hunkeler nous propose autour de ce fameux masque mortuaire de Hegel.
Mais G. W. Hegel est décédé en 1831 en pleine épidémie de choléra et l'on doute qu'un mouleur ait pris le temps de braver les interdits funéraires et les risques de contagion. Le masque n'apparaîtra d'ailleurs opportunément que vers 1930, peu de temps avant le centenaire de sa mort.
S'agirait-il d'un faux réalisé à titre posthume ?
"[...] Que savons-nous de celui qui était [...] son propriétaire ? Qui était celui qui le lui avait vendu ? A quel moment avait-on produit ce masque qu'aucun des biographes de Hegel ne semble avoir cru nécessaire d'évoquer ?"
➔ C'est fascinant, cette histoire de masques mortuaires ou funèbres. Une interface entre deux mondes, un moulage pris tantôt sur le visage du défunt, tantôt de son vivant. Une empreinte qui trouble et qui fascine.
Ce fut une pratique très en vogue jusque dans les années 30 - ce fut même dans les pays communistes un "moyen de canonisation laïque" - mais devenue plus rare aujourd'hui car elle "semble désormais relever d'un goût déplacé pour le macabre mâtiné de fétichisme", même si "on n'en finit pas si aisément avec la fascination qui [en] émane".
➔ On apprendra entre autres anecdotes, que Paul Eluard et André Breton firent prélever (de leur vivant !) des masques en plâtre et s'en échangèrent une copie chacun.
L'auteur nous fera découvrir également d'autres masques funèbres célèbres comme celui de L'inconnue de la Seine. La noyée dont l'énigmatique sourire fascina de nombreux d'artistes comme Virgina Woolf ou les surréalistes, celle qu'Aragon appellera "la Joconde du suicide".
➔ Thomas Hunkeler, en bon professeur, ne prend pas son lecteur pour un demeuré et place la barre assez haut : tout est prétexte à questionnement philosophique, interrogation sociétale, critique littéraire ou artistique, ...
L'enquête - exhaustive et détaillée - sur le masque de Hegel nous égare parfois entre couloirs de musées et pages de catalogues, et il arrive qu'on se surprenne à lire quelques passages en diagonale ou à préférer les artistes modernes aux philosophes passés.
Mais on l'a dit, le bouquin n'est guère épais (à peine plus de cent pages) et l'originalité du sujet a vraiment de quoi exciter notre insatiable curiosité.
Le bouquin est même agrémenté de quelques photos judicieusement choisies.
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