Ce livre n'est pas un roman ordinaire.
Il frappe - et dérange - d'abord par sa structure. Deux récits avancent, cheminent côte à côte : finiront-ils par se rejoindre ? C'est un " livre des livres " qui contient de la prose, des poèmes, des textes qui ressemblent à des préfaces, de longues descriptions, et même une critique. Il foisonne aussi par ses phrases souvent longues, au vocabulaire recherché, parfois précieux. Chaque chapitre commence par une citation qui incite à la fois à la réflexion et au rêve. Des citations cachées parsemant les récits constituent un autre jeu de piste mystérieux.
Le fond, ensuite. Deux grands adolescents vivent, le temps d'un week-end, une amitié si forte qu'elle en devient amour. Un homme blessé décide de s'enfermer près d'un canal abandonné dans une maison crépusculaire qu'il construit de ses propres mains. Du décor apparemment banal, le passé semble vouloir resurgir : la guerre, des légendes réinventées. Tout finit par s'entremêler, se donner sens et s'émouvoir. Tout finit par devenir poésie.
La critique finale rappelle qu'il ne faut rien prendre trop au sérieux. Que le livre peut et doit se lire de différentes manières, même - et surtout - avec humour.
" Ce livre est très important pour moi. D'abord parce qu'il est le premier. J'ai toujours pensé qu'un jour j'écrirais un roman. Alors je me suis mis au travail. Comme j'étais au chômage en ce temps-là, je n'avais que cela à faire ou presque. Bien sûr, je ne m'imaginais pas écrire autre chose qu'un chef-d'oeuvre, si possible le livre, ou le livre des livres. Alors j'ai commencé par le début, et même l'avant-début, puisque j'ai écrit deux textes ayant pour but de faire l'éloge du livre que je n'avais pas encore inventé. Déjà, le titre s'était imposé à moi : le grand hurlement est une sorte de rite que je faisais de temps en temps avec mes Louveteaux lorsque j'étais chef scout, et cette expression me plaisait énormément, elle a toujours eu une forte impression sur moi. Quel serait le thème principal du livre ? J'ai vite compris que je partirais dans plusieurs directions, qu'il n'y aurait peut-être pas de véritable fil rouge. Il y en a un, pourtant. Enfin, je crois. Dans un club de sport, j'avais entendu des jeunes se moquer d'un de leurs camarades en le traitant notamment de pédé. Ils faisaient tout pour le rabaisser, l'humilier, l'exclure de leur groupe ; lui s'incrustait, baissant la tête, acceptait tout, faisait semblant de rire de leurs sarcasmes. Là, j'ai su que c'était cela mon sujet, que c'était cela dont je voulais parler. Je ne sais pas si c'est évident à la lecture du livre, en tout cas c'était mon objectif. Et c'est là. Cherchez bien, vous trouverez ! "
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