"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce livre se propose de confronter Hannah Arendt (1906-1975) et Cornelius Castoriadis (1922-1997) autour d'une thématique majeure, quoique peu étudiée, de leurs oeuvres respectives : la Grèce ancienne et tout particulièrement la démocratie athénienne - le siècle de Socrate et Périclès plutôt que celui de Platon et Aristote, les moeurs et institutions politiques vivantes plutôt que les doctrines et traités philosophiques abstraits. Pour Arendt comme pour Castoriadis, le « germe grec » constitue en effet, à partir d'un certain moment de leurs parcours, une ressource essentielle pour penser les conditions philosophiques, anthropologiques et politiques d'une véritable démocratie. Dès lors, nombre de leurs thèses et engagements bien connus s'en trouvent éclairés, précisés, affinés : critique du totalitarisme et de la modernité capitaliste, défense de la démocratie directe, analyse des révolutions modernes, du mouvement ouvrier ou des révoltes contemporaines. En suivant notamment Castoriadis dans ses séminaires à l'EHESS de la fin des années 1980 - dans lesquels la référence à Arendt joue un rôle de tout premier plan - on saisit mieux ce qui rapproche indéniablement ces deux penseurs majeurs du XXème siècle, mais aussi ce qui les sépare sur des points décisifs. On peut alors, à notre tour, tenter de nourrir un projet d'émancipation individuelle et collective à la lumière de l'un de ces « rares moments heureux de l'histoire où liberté et politique sont allés de pair » (Arendt).
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