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Des soubresauts de la guerre civile dans un village d'Estrémadure aux plaines gelées de Sibérie, de la légion étrangère dans le Sahara oriental aux amphis de la fac de Lettres de Barcelone, trois générations d'hommes maudits traversent le XXème siècle unis par les liens du sang, de l'infamie et de la mort.
Diego, professeur d’université avec une bonne réputation et une vie bien établie, a enlevé l’infirmier en charge de sa sœur handicapée à Barcelone, lui a fait traversé toute l’Espagne dans le coffre de sa voiture jusqu’en Estrémadure pour finalement lui coller trois balles dans la tête dans la maison familiale, le tout sans donner d’explication à la police. Sur le point d’être jugé, il raconte par écrit comment, depuis trois générations, les hommes de sa famille sont cernés par la violence et poursuivis par une forme de fatalité qui se confond avec l’histoire fratricide de l’Espagne du XXème siècle.
« Le Fils du Père » (titre et photo de couverture magnifiques), le roman de Victor Del Arbol est indéniablement un roman noir ambitieux. Il est ambitieux en cela qu’il ne se contente pas de dérouler une histoire de crime en nous dévoilant sa gestation, ses motivations et ses conséquences au fil des chapitres. « Le Fils du Père » (Jésus ou Satan, selon l’angle sous lequel on regarde) épouse l’histoire tourmentée de l’Espagne à compter de 1936, date de la fin de la guerre Civile et du début de la dictature fasciste de Franco. Le roman raconte trois générations d’hommes d’une même famille, tous pétris d’une histoire violente et d’un machisme mal digéré. Le grand-père Simon, homme de main des phalangistes et volontaire pour aller combattre sur le front de l’est aux côtés de la Wehrmacht, fait prisonnier par l’Armée Rouge, est revenu plus ou moins traumatisé de Russie. Son fils (le père, donc), qui a grandi sans père, a versé dans la violence à son tour a été engagé (plus ou moins volontaire) en Afrique du Nord. Lui est un homme dur, dur avec son épouse, sans tendresse pour ses enfants et (peut-être) incestueux avec sa jeune fille. Et puis le fils, Diego, qui a toutes les apparences de celui qui évite la violence et la pauvreté par son éducation et qui est malgré tout rattrapé par elle sur le tard, inexorablement. Son crime, objet central du roman, on en découvre assez vite les tenants et les aboutissants, il suffit de quelques pages au sujet de sa victime. Diego ne s’explique pas devant ses juges, il se sait déjà condamné, il n’a pas de fils, la « malédiction » s’arrêtera avec lui. Le roman n’est pas forcément facile à lire si on ne connaît pas un minimum l’histoire de l’Espagne car Victor Del Arbol, à qui elle est sûrement très familière, n’explique pas réellement les faits historiques évoqués. Cela dit j’ai appris des choses sur l’engagement de troupes franquistes sur le front russe, par exemple, ce que j’ignorais totalement. Là où le roman est aussi un peu ardu à suivre, c’est par son côté « éclaté » : trois personnages principaux, on passe de l’un à l’autre sans cesse avec une chronologie totalement éclatée elle aussi. C’est donc une lecture exigeante pour un roman noir qui n’en est pas vraiment un. A la fois polar, chronique familiale, roman choral, fresque historique et politique, « le Fils du Père » en dit long sur l’Espagne du franquisme et sur les séquelles que la Guerre Civile et la dictature ont laissées dans la société espagnole autant que dans les psychés.
En septembre 2011, Diego Martin est en Unité d’évaluation et de soins psychiatriques. Diego Martin (quarante ans) marié et professeur d’université, a torturé et tué Martin Pearce (vingt-quatre ans) le 11 novembre 2010, après trois jours d’horreur …
Pourquoi cet homme, d’apparence pacifique, a-t-il commis un tel acte ? Ses écrits durant son internement seront-ils révélateurs ? Pour quelles raisons n’avaient-il pas revu son père depuis plus de vingt ans ?
En juillet 2010, Diégo était pourtant retourné au village (dans l’Estramadure) pour l’enterrement de son géniteur. Il y avait revu ses frères Octavio et Alberto ainsi que sa soeur Liria. Que c’était-il passé dans la Grande Maison, durant leur jeunesse ? …
Victor del Arbol va nous faire plonger dans les souvenirs des uns et des autres, de père en fils, sur trois générations. Essayer de décortiquer la complexité des liens filiaux, analyser le processus du pardon, de la résilience … Car Victor del Arbol a « le chic » pour appuyer là où ça fait mal !
Un très beau roman, sincère et empreint d’humanité (et de nostalgie) comme ce formidable auteur espagnol sait indéniablement en offrir à ses lecteurs ! Voilà un homme doué d’un talent fou pour l’écriture, qui s’exprime « avec ses tripes » !
Depuis « La Tristesse du samouraï » (2012) qui l'a fait connaître en France, Victor Del Arbol n'a eu de cesse de sonder l'histoire de son pays et les violences qui la constituent, qu'elles soient politiques, sociales ou familiales.
Dans « Le Fils du père », certainement son meilleur roman, il s'est surpassé dans la noirceur.
Après l'incendie en septembre 2011 d'une unité d'évaluation et de soins psychiatriques sont retrouvées les notes d'un certain Diego Martin qui y a été interné pour avoir assassiné l'infirmier en charge de Liria, sa sœur adorée.
Dans ce manuscrit il consigne le récit de sa famille en soulignant la malédiction qui pèse sur sa composante mâle tout juste capable de semer le malheur, de briser ce qui l'entoure et de s'autodétruire.
Pourtant Diego, dernier représentant de ces trois générations délétères, pense qu'il est différent de ceux qui l'ont devancé parce qu'il les a fuis et qu'il est devenu un professeur d'université respectable. Mais le passé vous rattrape toujours avec le poids des haines ancestrales et la transmission ne s'arrête jamais, comme une fatalité.
Malgré la désolation qu'ils répandent, on ne parvient pas à détester ces hommes. Victor Del Arbol fait d'eux un portrait en clair-obscur où le mal cohabite avec le bien et où l'amour se transforme en violence parce qu'il est indicible pour des machos de leur espèce incapables de dévoiler leurs blessures honteuses et tues.
Et ce tableau tout en nuances, nourri d'événements historiques tragiques (guerre civile, Seconde Guerre mondiale...) et de discriminations sociales, c'est une voix extérieure à celle de Diego qui nous le révèle en s'interrogeant sur la frontière parfois ténue entre la vérité et l'illusion, entre la réalité et les faux-semblants.
Avec son écriture précise, fulgurante et puissante, « Le fils du père » est un roman ambitieux et tortueux qui s'empare du lecteur pour ne plus le lâcher.
EXTRAITS
Son talent, c'était la démolition.
Il était un malheureux de vocation.
Tu te bats parce que tu ne sais pas être en paix.
Les gens vivent autant qu'ils peuvent et comme ils peuvent. Peu le font comme ils veulent.
https://papivore.net/litterature-hispanophone/critique-le-fils-du-pere-victor-del-arbol-actes-sud/
Il y avait longtemps que je n’avais pas lu l’auteur. Sur les conseils (et le prêt d’une amie), je me lance.
J’ai aimé cette lignée d’hommes qui joue de malchance : le grand-père envoyé en Sibérie ; le père dans le Sahara et qui ne trouve pas d’emploi fixe ; le fils qui collectionne les étudiantes malgré ses pratiques douteuses.
J’ai aimé la Grande Maison, point de repère de la famille, même si au début du roman, elle ne leur appartient pas.
J’ai eu de la peine pour les réfugiés dans les grottes du Mocho où se retrouvent les bannis de la société.
J’ai aimé les leitmotivs qui relient les fils à leur père : la veste de cuir, les rails du train, le vent que rien n’arrête, la bague à la perle noire.
J’ai aimé que l’auteur m’emmène en Russie avec les espagnols et autres européens au côté des Allemands : le froid, les prisonniers, et puis la déportation. Mais j’ai trouvé un peu facile Olga qui revient et libère le grand-père.
Un peu sortie de nulle part également M. Luna, qui prend le père sous son aile et qui devient un ami jusqu’à la fin de sa vie. Au début du roman, M. Luna n’était jamais mentionné.
Je n’ai pas aimé le personnage de l’infirmier anglais qui se prend pour le Prince des Ténèbres : que fait-il exactement, à part prendre des photos ? Mon imagination n’est pas allée jusqu’à imaginer le pire.
Mais j’ai aimé que ce roman me parle des pères incapables de dire leur amour pour leur fils, ce qui les handicapera toute leur vie.
Quelques citations :
Sans doute parce que je ne vois pas le Diable, mais seulement un fils imparfait abandonné par un père trop cruel et arrogant pour comprendre et pardonner sa révolte. (p.110)
…même si tu es le fruit d’une tragédie dont tu n’es absolument pas responsable. (p.352)
L’image que je retiendrai :
Celle de la belle-fille du fils qui se rend dans des soirées échangistes à 17 ans.
https://alexmotamots.fr/le-fils-du-pere-victor-del-arbol/
Avant de tuer Martin Pearce, il était professeur d’université. Il venait de dépasser la quarantaine, sa vie aurait dû suivre son cours, mais à un moment donné, les choses ont changé. Personne ne sait pourquoi il a commis ce meurtre. De l’unité de soins psychiatriques où il se trouve en attente de son procès, Diego se remémore des vieilles histoires, des rancœurs qui auraient dû rester enterrées. Il se souvient de tout, il a l’impression d’être une merde, il était l’aîné, il aurait dû les protéger.
Des années trente à nos jours, Victor Del Arbol retrace la relation d’un fils avec son père et brosse le portrait de quatre générations d’une famille à travers l’Histoire de l’Espagne du XXe siècle. Des personnages marqués par la violence, les secrets, les blessures et le poids du passé. Un roman sombre, dur, souvent cru porté par une écriture puissante et fascinante. Une histoire d’abandon, de dépassement, de résilience et d’amour.
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