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Un soir qu'il pleuvait, mon père me rapporta de son atelier, les tirant de la poche de sa veste, quatre ou cinq feuilles pliées en deux. Il les déposa sur la table et me dit : «Tiens, c'est pour dessiner.» Ce jour-là, en cachette, j'ai pleuré. A chaudes larmes. Des pleurs d'un chagrin indicible, abstrait, contradictoire, fait de la rencontre brutale du réel et d'un idéal : mon père me témoignait son affection mais il le faisait avec du papier à trois sous, de surcroît même pas blanc. Et le dessin ne pouvait s'accommoder d'un support à la banalité si manifeste. ».
Sous forme d'instantanés, de révélations fugaces, Jean-Luc Buis nous livre avec tendresse ses « petits riens », ces petits trésors qui font l'enfance. Tout en questionnant à demi-mot le miracle et le mystère, la cocasserie et la rouerie, le merveilleux et l'absurdité de la vie, il raconte l'histoire d'une jeunesse bretonne au coeur des années 1960. Des ponts avec l'artistique prolongent, exaltent le récit et lèvent un coin de voile sur le fonctionnement pictural de l'auteur.
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