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Vagabondage halluciné et foisonnant de réfé- rences (histoire littéraire, techniques d'écriture, eschatologie, érotisme, etc.), ce récit à la première personne du singulier évoque le destin d'un livre sans jamais le nommer. Nous ne savons jamais qui est exactement celui qui nous parle. S'agit-il d'un clochard, d'un malade mental, d'un fou génial, d'un saint ou peut-être même du Christ ?
Seule certitude, c'est bien en tant d'auteur rejeté, conspué, laissé pour mort, « sans qualités » qu'il nous poursuit et nous bouscule. D'où un texte en construction/déconstruction permanente, porté sur les cimes du lyrisme mais aussi du dégrisement.
« Lecteur inconsolable, tu as le trac, n'aie crainte :
Personne ne nous lit. J'accède à une écriture indus- trielle ; un roman informatique. Je suis avant tout un homme d'aff aires. Lecteur chrétien, je t'aime de loin ; lecteur nihiliste, je t'étreins. Je suis un catholique mort dans le catholique. E all'errore che io vi spingo, al religioso errore. Je suis chauff é à blanc dans les ténèbres des ténèbres. Mon texte n'a ni une architecture de style baroque, ni une architecture de style roman ; c'est une construction d'HLM. Aucun écho, nulle ombre ni silhouette en fi ligrane ni fantôme en relief, nul trou dans le numérique textuel ; connexions infraterrestres :
L'espace s'épaissit, l'univers se compresse. » D'où un texte qui « fonctionne » comme la Tentation/ Révélation d'un enfer autant que d'un salut étrange, obsessionnel. L'auteur de ces pages oscil- lant entre le sublime et l'obscène livre aussi « entre les lignes » une critique percutante de la littérature telle qu'elle advient aujourd'hui, « sans parole », privée de « bonne nouvelle », truff ée de « modes automatiques », bruit blanc d'une machine à gaver le regard qui lit. Sans au-delà. « L'expérimentation de techniques littéraires comme le cut-up (décou- page), le fold-in (pliage) et les permutations avec l'inventif Brion Gysin lui donnent les instruments nécessaires à la fondation d'un monde imaginaire en perpétuelle mutation : ce monde n'a plus de limites ni de défi nitions établies et se nourrit aussi bien de la poésie d'Arthur Rimbaud, du théâtre de Shakespeare, des coupures de journaux, de textes scientifi ques et, cette fois, également d'ex- traits d'ouvrages de science- fi ction. (...)Je suis triste, triste, triste. Je suis un néant. Le pays qui a fait de Rimbaud un commerçant, de Flaubert un retraité, de Verlaine le locataire d'un taudis, de Lautréamont un mort anonyme, de Stendhal un inconnu, de Mallarmé un fonctionnaire subal- terne, de Baudelaire un paria, de Nerval un pendu, de Bloy un proscrit. L'intolérance est partout en France. » Parmi les références qui reviennent, Rimbaud, Dominique de Roux, Kerouac et tou- jours et encore le Verbe.
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