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A travers ses Mémoires (Fortune de France), on a pu suivre les péripéties, sous le règne d'Henri III puis d'Henri IV, de Pierre de Siorac, un noble provincial et huguenot, qui a connu une ascension foudroyante, grâce à son intelligence des hommes et son intrépidité.
Il a côtoyé les grands du royaume, vivant au plus près les douloureux événements de l'Histoire de France, comme la Saint-Barthélemy ou l'assassinat d'Henri III. Dans son ombre, Miroul, son fidèle serviteur. Fils de paysan, larron un temps à la suite du massacre de sa famille, Miroul lève ici le voile sur la prime jeunesse de Pierre de Siorac, sur les années décisives où le caractère s'ébauche et se forge, au château de Mespech dans le Périgord noir, sous la tutelle du père, le flamboyant baron Jean de Siorac.
Grâce à Olivier Merle, qui reprend le flambeau, Miroul porte haut une parole qui est le plus souvent inaudible, celle des petites gens...
Pour prolonger le plaisir éprouvé à la lecture de la fresque historique de Robert Merle, j'ai voulu découvrir ce roman, écrit par son fils, Olivier Merle. Il ne s'agit pas d'une suite mais d'un autre point de vue sur les aventures contées dans "Fortune de France", premier tome de la série. Cette fois, c'est Miroul qui tient la plume pour nous raconter son arrivée au château de Mespech et l'amitié qui l'a immédiatement lié à son maître, Pierre de Siorac.
On y découvre de nouveaux épisodes, que les Mémoires dudit Siorac avaient passés sous silence. L'idée était jolie que de rendre hommage à l'oeuvre du père en offrant la parole au serviteur. Mais sa concrétisation n'est qu'à moitié réussie, à mon avis. On sent l'application et le soin que met l'auteur à utiliser un langage crédible et fidèle à la langue de l'époque, si magnifiquement employée par Robert Merle. Cependant, il ne parvient à en restituer ni la saveur, ni les nuances.
Mais ce sont surtout les incohérences du récit au regard de celui dont il veut être le miroir qui m'ont troublée et gênée. Pour exemple : à l'époque où Miroul est censé écrire, il a été anobli et ses liens avec Pierre de Siorac se sont à ce point renforcés que les deux hommes se tutoient en privé. Or rien de cela n'apparaît dans "L'Avers et le Revers". Plus gênant, peut-être, j'ai eu l'impression que le récit se traînait, que l'intrigue languissait, comme si, finalement, Miroul n'avait que peu de choses à ajouter aux Mémoires de son maître. Il eût sans doute été plus judicieux de situer ce point de vue du valet dans le cadre de la narration de Pierre-Emmanuel de Siorac, comte d'Orbieu, car les chroniques dont il est le narrateur occultent totalement les humbles et se concentrent sur les "grands" personnages de la cour. Dans ses Mémoires, le maître de Miroul n'a, lui, jamais cessé de dépeindre la vie des "petites" gens, à la campagne comme à Paris. Si bien que le projet comporte une contradiction dès son origine.
Sans doute, ce roman peut-il plaire à ceux qui n'ont pas (encore) lu l'oeuvre de Robert Merle. Pour ma part, je n'y ai pas retrouvé la jubilation éprouvée à la lecture de "Fortune de France". J'en suis bien déçue !
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