"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je suis devenue une femme à trente-six ans.
Avant je n'étais rien. Je n'avais pas envie.
Je suis devenue une femme avec un vase, parce qu'il était à portée de main sur l'étagère de ma chambre, et qu'il était joli.
La première fois s'est faite sans lui.
Je ne voulais pas qu'il parte à peine entré, à cause du fait que je n'étais pas encore une femme, à l'âge où j'aurais dû l'être.
Je n'ai rien senti. Ni douleur ni plaisir.
Pas de quoi en faire un plat ou un poème.
« L’autre chambre » est un objet littéraire non identifié. Il y a beaucoup dans ce petit livre, petit par la taille et le nombre de pages, mais grand par ce qu’il contient. Diane Schmidt raconte deux histoires de femmes qui ne se ressemblent absolument pas pour finir par se rencontrer. Ces deux femmes, dont la vie ne leur a pas fait de cadeaux, n’ont pas le même tempérament: Marine est totalement absente de la vie en général; Ondine croit à la vie. Ces deux femmes sont touchantes, sincères, battantes. J’ai eu une telle empathie pour elles! Il faut les découvrir, il faut faire la connaissance de ces deux.
Et surtout, il faut faire la connaissance de la plume de l’auteure, de Diane. Diane écrit une poésie, certes une poésie sans rime mais une poésie si riche, riche en mots, en phrases courtes, en émotions. Il est inutile d’en faire trop quand le but principal d’un roman est de donner des émotions. Il se dégage des mots choisis par Diane, une sincérité, une force, une envie de crier, de se battre. Ses mots peuvent être crus mais cela est nécessaire pour apprivoiser ces deux femmes, leurs deux vies, leurs souffrances et leur espoir.
En plus d’être une poète, une auteure, Diane Schmidt est une artiste. Elle a ponctué son roman de dessins sobres, au trait affirmé, au contour solide, à la beauté féminine. Tout cela donne une réalité à « L’autre chambre », la réalité de deux femmes malmenées dans la vie, la réalité d’une vraie auteure au talent multiple, la réalité d’un beau livre!
L'autre chambre sonne aussi comme l'anti chambre, non pas de la mort, mais de l'ennui, de la vie sans envie, de la violence et du viol, de l'amour et de la haine, des coups portés. Ce court texte, inclassable, poème en prose ou roman, interpelle par sa forme et la puissance des mots, des phrases.
Deux femmes, l'une âgée de 36 ans qui attend la rencontre amoureuse, l'autre de 19 ans, chassée de chez elle par sa mère et danseuse dans un night club.Elle a déjà connu la violence sur son corps au sein de sa famille puis avec l'homme qui partage sa vie. "La vie est une pute qui me fait tout payer" dit Ondine pour résumer sa vie. Mon corps est plein de cicatrices, il tire, craque, saigne" clame Marine en ajoutant "je ne suis pas une femme, je n'y arrive pas".
Deux femmes différentes, deux souffrances mais un homme va les réunir. Dès les premières lignes d'une écriture poétique on distingue, dans l'autre chambre,la présence d'un homme par son parfum, sa chemise, par un pronom, "lui." Jamais nommé mais toujours présent, il est le lien entre ces deux présences féminines aux prénoms "d'eau", Ondine et Marine.
Elles nous livrent leur vie, leurs obsessions.
L'une étouffée par son père, 36 ans et sans hommes. L'autre , 19 ans, dont le corps a déjà connu la violence des hommes.
Une écriture poétique, un texte à clamer, à slamer, à déclamer. Des rimes plates et embrassées dans une prose épurée avec des combinaisons de mots travaillés. Un vers libre offrant de multiples figures de styles comme l'anaphore "la beauté est un piège....ou encore Il m'emmène au sommet, ou enfin je ne parle pas...". Cette répétition donne au texte un rythme soutenu.
Un concentré d'émotions et de sentiments, un premier roman prometteur à lire à voix haute pour en mesurer pleinement l'intensité. J'attends le prochain avec impatience!
Une écriture qui va vite ,j'ai lu ce livre à bout de souffle,dans l'urgence tel était mon ressenti à la lecture.Les phrases courtes donnent toute la rapidité du texte,ainsi que l'écriture sous forme de vers .Ce livre est parfois violent,sensuel,un peu dérangeant,chose sûre,il m'a beaucoup troublé.j'ai en revanche beaucoup aimé les dessins qui l'accompagne.
"Étrange et déroutant cet entrelacé de vie de ces deux femmes que tout oppose en apparence …
L’une, la plus âgée, mais la moins expérimentée, presque laide, issue d’un milieu bourgeois, aimée et peut-être même trop aimée d’un père omniprésent qui a fini par mourir , « Même pour sa dernière heure il se fait attendre », shootée à l’aspirine se retrouve face à l’autre, en miroir . Cette autre revenue de tout et de tous les coups du haut de ses vingt ans à peine, le nez explosée à la poudre, mais au minois et au corps désirable, rejetée, puis expulsée d’un milieu familial indigent, par une mère qui au bout du compte n’est même pas la sienne.
J’ai retrouvé dans le texte de Diane Schmidt, quelque chose de Duras, ce minimalisme dans l’écriture où chaque mot, chaque signe comptent et participent au rendu de l’ambiance si particulière qui teinte le roman, suspendu entre pensée, rêve et réalité tangible.
C’est un premier roman, car la belle, oui Diane est très jolie, est avant tout graphiste. Elle nous offre au fil des pages plusieurs créations picturales inédites. C’est comme si elle nous invitait à nous ménager des pauses de lecture, en nous incitant à nous évader dans ses circonvolutions, afin de mieux nous imprégner de ses mots, pour revenir ensuite, encore plus présents à son texte.
J’ai été séduite par les multiples facettes esthétiques de l’ouvrage, le rendu poétique, la belle matière des mots et des pages. Cependant ce qui continue de ma fasciner au-delà du style, c’est d’avoir pris conscience qu’il me faudra encore plusieurs fois reprendre ce livre avant d’avoir épuisé tous les trésors qu’il recèle.
Merci à François des Editions Envolume pour cette suggestion de lecture, où malgré la dureté et l’âpreté des images, l’élégance affleure à chaque encoignure."
Magistral « L’autre chambre » de Diane Schmidt est un feu d’artifice au summum littéraire. Ces morceaux d’architecture vifs affirment une contemporanéité sincère. Ils sont délivrances et osent chuchoter à l’oreille du lecteur ce que la vie laisse sur le sillon des jours tremblants de désespoir. Bouleversants, ils sont les volets claquant à l’encontre de l’ouragan de l’irréversible. « On dit que les fous parlent tout seul ; alors je me dis que demain j’achèterai un chien. » Ces fragments de vie sont exutoires, souffrances écartelées dans ce contre-jour où les épreuves prônent un rebond nécessaire. Ici, là et maintenant résistent les mains qui s’agrippent pour ne pas sombrer. Le chaos confirme son destin. Deux femmes, un homme en filigrane parabole des conséquences, des affres qui martyrisent et font saigner « Trois fois ». Aux vases que l’on balance contre les murs sourds de tout entendement. « Ma mère m’a annoncé qu’elle n’était pas ma mère le jour où elle a accouché de Samy. Hébergée contre monnaie, puis adoptée. J’ai appris le même jour que j’étais orpheline et que l’amour se paie. » La prose dénuée de toutes fioritures est juste, sans ce trop inutile et trompeur. Ces confidences sont manichéennes. Le lecteur devine les lieux de ressources. Dans une construction aérienne, solaire et perfectionniste. Dans le creux des illustrations si précises, douées et consolantes. Ces morceaux de vie, échappés des étoiles filantes sont les résistances face au contre-jour. Il n’y a pas Sisyphe dans ces lignes majeures. Et, c’est là que réside l’espérance et l’endurance. Le dire est salvateur. « La beauté est un piège, pour celui qui la regarde, comme pour celui qui la porte. Un confort qui vous endort, un pouvoir comme une malédiction. »Le lecteur franchit la porte du délicat. Ces écorchées vives sont des crayons de couleur que l’on tient en main et que l’on ne peut lâcher d’un coup. Le pictural langagier emporte tout sur son passage. « La laideur, celle de la douleur, est sublime à contempler. La beauté sans elle n’est rien. » Durassienne, l’inspiration est un solfège inaugural. « Je rêve qu’il tombe dans l’antichambre. » Plus que bénéfique, cet antre est l’étendue du désert qui résiste et que la pluie divinise. Tremblant, il met un manteau de laine sur le froid éprouvant des fissures murales et métaphoriques. L’autre chambre chavire mais le possible est toujours le nuancé du désespoir. Les émotions sont vives dans le plein et n’osent s’émanciper. L’écriture est salvatrice. Flamboyante car chaque mot apporte sa touche sans maquillage. C’est un roman de prose, salutaire, féminin et intense. « Et puis un jour j’ai disparu. Sous un détail. »Magnétique, intime, tel un journal secret qui s’éveille au monde. « L’autre chambre » de Diane Schmidt publié par Les Editions Envolume est un cri. Culte et fort comme un café serré.
Merci Fleya
Lorsque la maison d'édition Envolume m'a proposé de découvrir un nouveau roman en avant première, je n'ai pas été longue à répondre favorablement. J'avais d'abord découvert Vapeur Girl qui m'avait à "moitié" plu malgré le fort potentiel. Tout comme ce premier roman, j'ai retrouvé ici la qualité du papier, et la couverture d'une beauté à couper le souffle. La différence est que j'ai plus accroché à l'histoire et à l'écriture! Les mots qu'utilisent Diane Schmidt sont percutants et forts, et s'imbriquent magnifiquement les uns les autres, au point de former des phrases délicieuses. Si délicieuses, que j'ai dévoré le bouquin en une heure. Alors que je tombais de sommeil, Ondine et Marine ont éveillé ma curiosité et su me maintenir éveillée. le livre est comme je l'ai dit très beau tant au niveau de l'écriture poétique, qu'au niveau du graphisme qui font de ce roman un véritable livre objet. A savoir que les illustrations pour la couverture et celles que nous retrouvons à des endroits clefs au fil des pages sont toutes de la main de l'auteure qui en plus d'avoir un talent pour l'écriture, m'a encore plus touché par son talent de graphiste!
L'Autre Chambre a finalement atterri dans la bibliothèque des beaux romans, à relire au moins une fois dans ma vie!
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