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L'art de former les jardins modernes

Couverture du livre « L'art de former les jardins modernes » de Whateley Thomas aux éditions Monfort Gerard
Résumé:

François de Paule de Latapie, né à Bordeaux en 1739, fut secrétaire du baron de Secondat, fils de Montesquieu, et l'accompagna dans un voyage en Italie.
A Naples, il connut l'ambassadeur d'Angleterre illiam. Hamilton, parcourut la Grande-Bretagne et fut enthousiasmé par ses jardins. Il visita... Voir plus

François de Paule de Latapie, né à Bordeaux en 1739, fut secrétaire du baron de Secondat, fils de Montesquieu, et l'accompagna dans un voyage en Italie.
A Naples, il connut l'ambassadeur d'Angleterre illiam. Hamilton, parcourut la Grande-Bretagne et fut enthousiasmé par ses jardins. Il visita Stowe, dont il rédigea une excellente description qui figure à la fin de sa traduction de l'ouvrage de Thomas Whately, LArt déformer les jardins modernes que nous rééditons aujourd'hui. Ce livre est, avec la Dissertation sur le jardinage de l'Orient de Chambers, le texte le plus riche sur les jardins irréguliers.
Dans son introduction, le traducteur souligne les difficultés pour un Français, épris de la rigueur des jardins dessinés par Le Nôtre, de souscrire à ceux qui sont ordonnés selon les idées de Kent ; en effet, celui-ci, dès 1720, allait s'écarter des règles admises ; Latapie fait ressortir également l'influence des récits de voyageurs qui décrivaient les jardins chinois, comme Chambers ou le frère Attiret, sur la " méthode " anglaise.
Whately (1728-1772) en tant que secrétaire de Lord Grenville, chancelier de l'Echiquier, eut la possibilité de fréquenter la fine fleur de l'aristocratie et par là même ses jardins. Son ouvrage adopte une approche qui s'apparente à celle d'un artiste : construisant son jardin comme un peintre une oeuvre, il dessine une structure, des formes ; il est attentif aux couleurs, cherche à les harmoniser en fonction des saisons, soucieux d'effacer ce qui pourrait paraître convenu, artificiel ; on ne trouve plus chez lui cette volonté de dominer le paysage, qu'on sentait chez ses devanciers, mais il préfère utiliser les accidents du terrain, tous les éléments de la nature, les mettre en valeur, les souligner, les corriger parfois.
Pour lui, la nature devient spectacle, elle est l'idéal devenu visible, elle est consolatrice parce qu'elle demeure indifférente aux vanités. Whately fut, comme ses contemporains, un fervent lecteur d'Horace, pour qui le jardin est un espace clos où se concentre et s'exprime le bonheur domestique. L'Angleterre alors se passionnait tant pour les jardins irréguliers que pour l'architecture gothique, voyant en eux l'image et le symbole de l'indépendance, le refus du pouvoir absolu ; la liberté faisait place au fatum.
Le jardin est pour Whately une oeuvre de séduction, qui non seulement implique la volonté de plaire, mais revendique sa place dans le monde. Ce pouvait aussi être une réponse aux questionnements métaphysiques, la possible fusion avec la nature permettant d'éviter la question de la finalité, devenue incertaine. La démarche de Whately préfigure celle de Werther. La lecture de L'Art de former les jardins modernes pourra être d'un grand profit tant pour ceux qui ont à créer des jardins, que pour les amateurs qui veulent comprendre comment s'ordonne un jardin irrégulier.

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