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Dans le futur, faire pousser une simple tomate est devenu un crimeDans un futur aseptisé et indéterminé, la société est hiérarchisée en trois classes sociales distinctes. L'alimentation est devenue entièrement réglementée par des multinationales. Ce sont elles qui produisent et fournissent tout ce dont se nourrissent les citoyens, si bien qu'il est devenu strictement interdit de cultiver ses propres semences. Aujourd'hui, pour avoir découvert des graines de tomate et avoir osé les faire pousser chez elle, une jeune femme est emmenée devant les tribunaux. Ceci est l'histoire de son procès.Dans la lignée des grandes oeuvres d'anticipation telles que SOS Bonheur ou 1984, ce nouvel album de Régis Penet questionne les dérives de notre société moderne et l'appropriation du vivant par des sociétés privées. Un récit qui part de rien (une simple tomate) et nous raconte la fin du monde... dans un futur qui ne nous semble pas si éloigné que ça.
Chronique précédemment publiée sur le blog www.sambabd.be
Je vous avoue que j’ai un gros souci avec le résumé de l’éditeur. On nous parle de « multinationales » qui « produisent et fournissent tout ce dont se nourrissent les citoyens » et on y conclue que « l’appropriation du vivant par des sociétés privées » est la cause des ennuis judiciaires de l’héroïne parce qu’elle a cultivé sa propre tomate. Or, à moins d’avoir mal lu, rien ne permet d’arriver à cette conclusion. Dans La tomate, On ne parle jamais de multinationales et le thème, aussi intéressant et essentiel soit-il, de l’appropriation du vivant à travers les brevets ou autres législations lobbyfiées n’est pas du tout abordé. Personnellement, j’avais cru comprendre que la raison la plus probable pour laquelle Anne Brejinski se retrouvait dans le box des accusés, bien que jamais réellement précisée, était le danger de contamination biologique qu’elle avait fait potentiellement courir à l’ensemble de cette société aseptisée en faisant tout simplement pousser une tomate chez elle, dans un pot de terre.
Pour le reste, même si le sujet (multinationales ou pas…) d’une société aussi réglementée et contrôlée est très intéressant et, dans l’ensemble, très bien traité, je trouve le scénario un peu plat. Procès, Flashbacks, procès, flashbacks, jugement, The End ! Bon, je dis ça, je suis peut-être un peu sévère car tout cela n’est évidemment qu’un prétexte pour nous présenter les dangers de cette société froide où tout est ultra-contrôlé (jusqu’aux esprits !), où la ségrégation règne entre les classes sociales, où la consommation d’eau est drastiquement régulée et où l’on « retranche » tout ce qui est considéré comme impur (Anne Bréjinski est d’ailleurs épuratrice de métier, ce qui me conforte dans ma théorie de contamination biologique à la tomate…). Au passage les auteurs relativisent un peu la perception de l’art avec l’épuration d’un tableau assez connu.
Côté dessin, c’est à la fois beau et sobre, froid et limpide. Bref, c’est en accord avec le sujet et notamment la perfection recherchée par cette société future. Les choix de découpages et de cadrages sont très cinématographiques et l’on ne peut s’empêcher de penser à une (future) adaptation filmée. Les décors sont minimalistes ce qui rend le tout très impersonnel et crédible à la fois. Certes, le lieu de l’action est dévoilé par la présence d’une Tour Eiffel en ruine mais c’est à peu près la seule indication géographique que l’on a (avec le fameux tableau trouvé dans la rue suite à un affaissement…).
Au final, une BD intéressante au dessin très classe mais dont je regrette un poil la linéarité et la simplicité du scénario.
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