Carole Martinez, auteur, jurée du Prix Orange du Livre 2017
Blanche est morte en 1361 à l'âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort ! La vieille âme qu'elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu'elle a été ne la hantait pas. Vieille âme et petite fille partagent la même tombe et leurs récits alternent. L'enfance se raconte au présent et la vieillesse s'émerveille, s'étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l'y attend. Veut-on l'offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais ? Par la force d'une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois, Carole Martinez laisse Blanche tisser les orties de son enfance et recoudre son destin. Nous retrouvons son univers si singulier, où la magie et le songe côtoient la violence et la truculence charnelles, toujours à l'orée du rêve mais deux siècles plus tard, dans ce domaine des Murmures qui était le cadre de son précédent roman.
Carole Martinez, auteur, jurée du Prix Orange du Livre 2017
La Revue de Presse littéraire de mai
Quand elle est morte en 1361, Blanche n’avait que douze ans. Le récit de son existence nous parvient au travers de deux voix réunies dans la même tombe, celle de l’enfant qu’elle fut et qui se raconte au présent, avec la vivacité fraîche et naïve du jeune âge, et celle de la vieille âme qu’elle est devenue de nos jours, son fantôme lesté d’une sagesse de six cents ans et qui, se souvenant de ce passé consécutif à une terrible épidémie de peste, lui donne une perspective évocatrice du long et difficile chemin parcouru par l’humanité au travers des siècles.
Privée dès le plus jeune âge de sa mère, morte de la pestilence qui, succédant à la Guerre de Cent ans au mitan du XIVe siècle, a emporté une personne sur trois et vidé en quelques années le pays de ses forces vives, Blanche ne connaît que l’autorité brutale d’un père rendu plus paillard et soudard encore par sa puissance seigneuriale. Elle qui rêve tant d’apprendre à lire et de courir librement comme les garçons de son âge – toutes actions interdites au sexe faible et déraisonnable qu’il faut préserver de ses penchants pervers – se retrouve à onze ans arrachée à ses sœurs et emmenée dans un fief voisin, au château des Murmures, y faire son apprentissage de promise au doux mais débile Aymon.
L’imagination et le fort tempérament de Blanche colorent son récit, par ailleurs d’une grande précision historique, d’une magie onirique empruntant au conte merveilleux et à la fable fantastique qui, alliée à une langue poétique d’une envoûtante beauté, ensorcelle le lecteur sitôt la lisière des premières pages franchies et son étonnement enjambé. Et tandis qu’autour de cette période charnière, frappée d’une crise d’une telle ampleur qu'entre mauvaises conditions climatiques, famines, épidémies, razzias dévastatrices perpétrées par les grandes compagnies – ces bandes de mercenaires privés d’employeurs par la fin de la guerre –, elle devait sonner la mort du Moyen Age et le début d’un long processus de sortie de la féodalité, tandis donc que les regards de Blanche enfant et de Blanche vieille âme se renvoient en miroir ce qu’elles furent et ce qu’elles devinrent, c’est toute l’évolution du pays qui transparaît métaphoriquement, entre l’époque médiévale, son ignorance, ses peurs et ses superstitions pleines de magie, et celle d’aujourd’hui, plus rationnelle mais nostalgique de sa fantaisie perdue.
Traversé par les grandes peurs primitives liées à la mort et peuplé de figures, ogres ou fées, directement inspirées de l’imaginaire des contes et des légendes, le récit fait aussi la part belle à cette terre franc-comtoise qui penche de toute la hauteur de ses coteaux en terrasses, péniblement façonnés au détour d’épaisses forêts, en surplomb de la Loue, cette rivière-femme aussi traîtresse qu’enchanteresse qui avale les hommes venus s’y mirer. Un livre d’une grande richesse historique et poétique, au charme si puissant qu’il vous laisse éperdu d’admiration pour son écriture si imaginative et si belle. Au-delà du coup de coeur.
Souffrir quasiment 370 pages et n’apprécier que les 25 dernières pages, c'est dur !
Trop de répétition, de longueur monotone, de vide à combler et d'envolées lyriques à n'en plus finir - qui en vieillissant me saoulent au plus haut point.
L'histoire au final ne raconte pas grand chose et ce livre aurait pu encore végéter un moment sur mes étagères sans que cela soit une grande perte. Lu et déjà presque oublié.
Premier livre de cette autrice que je lis et je suis sous le charme de l'écriture, de l'histoire ou se mêle fantastique et moyen-âge au temps de la grande peste, du rythme et de la narration entre la jeune fille , Blanche, "morte à 12 ans " et son âme qui a continué de vieillir et qui a maintenant 900 ans...L'histoire est un petit bijou qu'on découvre au fur et à mesure des pages. C'est doux, c'est tendre, c'est sensuel . L'amour tient une place essentiel mais pas de mièvrerie pour autant, l'amour comme ce qui relie vraiment les êtres les uns aux autres.
Blanche, jeune fille rebelle, vouée à être mariée à un jeune fou dont elle découvre l'immense bonté dans son innocence, Blanche future souveraine du château des Murmures qui construit sa personnalité entre le désamour d'un père haï et la promesse d'un avenir qui ne peut être meilleur, Blanche chétive mais qui sait dompter le cheval de guerre volé à un routier, Blanche qui entend parler la rivière qui lui révèlera sa vraie nature en lui montrant le passé, beaucoup de petites choses en jolies touches qui forment un tableau bien captivant.
Une fois n'est pas coutume, à la grande habitude de Carole Martinez qui après "Du Domaine des Murmures" réitère avec un nouveau texte empli de beauté et de force.
Dés les premières lignes du roman nous sommes à nouveau happés au cœur de l'époque médiévale, que l'auteur sait nous rendre émouvante et passionnante. Mais sous l'apparence d'un conte cette fois-ci.
Mystère et merveilleux accompagnent Blanche tout au long de sa vie. Aymon porte en lui ce mystère, ce merveilleux -dont chacune des attitudes ou regards attendrissent Blanche-.
Quant à la Dame Verte, que souhaite-t-elle ? Qui est-elle ? Et pourquoi le père de Blanche semble-t-il si froid, rustre, indifférent ?
La petite fille et la vieille âme sauront faire revivre tant de souvenirs, que le lecteur ne peut être qu'emporté par le flot des évènements et des soubresauts de la Loue...
La terre qui penche
Je me laisse envoûter par ce livre aux accents arthuriens, où la Dame Verte de la Rivière est un écho de la Dame du Lac, où les preux chevaliers sont remplacés par des damoiselles qui poursuivent la quête, qui de leur émancipation, qui de la figure paternelle d'avant l'enfantement (qui est ce père que l'on connaît cruel et veule et qui fut brillant et amoureux).
Carole Martinez se réapproprie la Table Ronde dans ce roman initiatique cousu de merveilleux.
Comme Perceval, son héroïne, Blanche, part en quête. Mais son Graal, à elle, c'est la mère qu'elle n'a jamais connue, objet de tous les fantasmes.
La Terre qui penche de Carole Martinez m'a plongé au XIV siècle, c'est la période qui fut le sujet de mon mémoire de maîtrise,. Cette fin du Moyen-Age est particulièrement difficile à vivre pour les populations des divers pays qui forment notre actuelle Europe : elles connaissent de multiples fléaux famines, peste, sans oublier la très méidiatique Guerre de Cent ans.
Un livre découvert au détour de l'émission littéraire « La Grande Librairie ».
Cette fois encore, Carole Martinez nous emporte, voyage dans le temps, sur les rives de la Loue qui s’écoule au creux de la Terre qui penche, la seigneurie du domaine des Murmures. Mais aussi voyage dans la langue où avec un talent et un style qui n’appartiennent qu’à de rares conteurs, elle fait revivre la vieille légende de la Vouivre, chère aux francs-comtois, légende onirique d’une déesse aquatique prisonnière des eaux de la capricieuse rivière.
Dans un récit magnifiquement écrit, à deux voix (la petite fille et la vieille âme), le lecteur pénètre le destin tragique d’une fillette de la petite noblesse du XIVe siècle, Blanche, destinée par son père à partager les jours d’un jeune seigneur, simple d’esprit mais dont la douceur et la sensibilité vont peu à peu la séduire.
Sous la plume de C. Martinez, cette époque médiévale, âpre et rigide, où les destins sont scellés dès la naissance, où la nature omniprésente et magnifique sert de cadre aux amours naissantes, où la mort rôde partout et emporte les humains sans prévenir, cette époque lointaine renaît avec magnificence pour le plus grand plaisir des amateurs de littérature.
Après du domaine des murmures ... Toujours une merveille l'écriture de Carole Martinez ! Quelle façon magique d'envelopper le sordide de merveilleux atours pour le rendre supportable !
Très joli, très poétique, très bien documenté et bien écrit. J'ai cependant préféré "Du domaines des murmures" du même auteur, que j'aime décidément beaucoup. Même lieu, époque différente, toujours des figures féminines intéressantes, rebelles et fines...A lire!
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Je ne connais pas ce livre, ni son auteur, mais votre critique me donne envie :).
De mon côté, j'avais eu beaucoup de plaisir à lire "le Grand livre" de Connie Willis dont l'intrigue se passe également à la même période.
Avec un soupçon de voyage dans le temps... Je n'en dis pas plus.