Justice par l'exécutif, ciblage des quartiers populaires et des populations précaires, vidéosurveillance omniprésente et fichage tentaculaire, contrôle accru des communications et des déplacements, chasse aux marginaux et aux sans-papiers, alourdissement des peines, généralisation des mesures de sûreté et allongement des délais de prescription de nombreux crimes et délits : nous sommes entrés dans un véritable processus révolutionnaire qui transforme peu à peu notre société par un double mouvement de radicalisation du contrôle social et de mutation du droit pénal.
L'option sécuritaire n'est pas une réponse à une prétendue montée de la délinquance mais au délitement du tissu social et économique. Le recours au pénal et à la rhétorique punitive est un moyen pour l'État de reprendre la main en réaffirmant sa souveraineté face à une crise qui le met en échec d'autant plus crûment que les politiques économiques s'internationalisent et échappent à son contrôle. L'autoritarisme sécuritaire est ainsi la contrepartie de la libéralisation de l'économie et de l'érosion de l'État providence que connaissent nos sociétés occidentales depuis la fin de la période fordiste. Il est le versant obscur de la mondialisation du capitalisme.
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