Souvent, les journées de Jean-Luc Ployé commencent dans une petite salle sombre d'une prison de haute sécurité. Par réflexe, il passe la main sous la table pour vérifier la présence d'une alarme, et s'assure qu'un gardien armé reste à proximité. Face à lui viennent s'asseoir Alain Penin, violeur multirécidiviste massacrant celle qui lui résiste à coups de tournevis, ou encore Jacques Rançon, criminel sexuel qui découpe les parties génitales de ses victimes. Des heures durant, parfois toute la journée, il les questionne sur leurs crimes, leur vie personnelle et familiale, leurs fantasmes, et leur fait passer des tests de personnalité. Il y a aussi, chaque jour, des victimes, jeune fille agressée par son père, femme violée, enfant perdu. Dans la vie solitaire de l'expert se succèdent les trajets en voiture entre les commissariats et tribunaux de France ; les repas seul au restaurant, l'estomac noué ; les combats pour trouver le sommeil.
Qu'est-ce qui pousse un homme à se confronter chaque jour à la violence que produit notre société, en accueillant les récits de la plus implacable cruauté et ceux d'une souffrance absolue ? Comment rentre-t-on chez soi après avoir passé huit heures à échanger avec Michel Fourniret ou Francis Heaulme ? Peut-on être un père tranquille et un compagnon tendre quand on rencontre à la chaîne des victimes traumatisées ? Expert psychologue près la Cour de Cassation, Jean-Luc Ployé, du haut de ses 1 000 procès d'assises et 15 000 expertises, renverse l'analyse dans un document exceptionnel.
Expert de sa propre histoire, enquêteur de toutes les psychés, l'auteur livre ainsi le récit de son enfance invisible dans une famille très nombreuse. Atteint de bégaiement, moqué par ses parents et voisins, il deviendra l'un des plus grands experts de France, dévoué à sa carrière au point de délaisser ses enfants et ses compagnes. Car La Passion du mal, entre regard, bienveillance, voyeurisme et réparation, le consume tout entier : il lui faut sonder les profondeurs de l'âme humaine, comprendre et dire pour que justice se fasse, dans une société dévorée par la violence et en quête de douceur.
Un texte qui m'a intéressé car il parle d'un métier de la justice dont on parle peu.
Le narrateur nous parle de son métier de psychologue au service de la justice, que ce soit en rencontrant des victimes dans les commissariats lors des dépôts de plainte, ou des présumés coupables, qu'il va voir aussi dans les commissariats mais aussi dans les prisons, avant les procès. Il est aussi appelé à intervenir pour faire des comptes rendus lors des procès.
Jean Luc Ployé nous parle de sa vie professionnelle mais aussi personnelle, que ce soit sa vie quotidienne, sa vie familiale avec ses enfants. L'auteur fait un bilan de sa vie, professionnelle et personnelle. Il se questionne sur l'impact de certains comptes rendus qui ont servi à rendre des jugements. Il parle des rencontres qu'il a eu lors de sa carrière, que ce soient avec des victimes, beaucoup de violences conjugales, familiales et des présumés coupables, certains avec des remords ou pas du tout. Il parle aussi de certains échecs, erreurs face à des humains, dont il n'a pas su découvrir des mensonges. Il parle aussi très bien de la solitude ressentie face à son travail et du manque de retour de ces impressions. Impressions qu'il écrit dans des rapports ou dont il parle dans les assises. Il parle aussi de sa vie personnelle et de façon de s'isoler. de belles pages sur ces pauses dans sa voiture sur les parkings des prisons ou dans les brasseries avant d'aller témoigner dans les palais de justice ou seul devant sa page blanche avant d'écrire son rapport.
Le titre " la passion du mal" ne correspond pas trop à ce texte car je ne pense qu'il a une passion pour le mal même si les rencontres qu'il fait lui font approcher le mal humain.
En tout cas, j'ai découvert ce métier, indispensable pour la justice mais aussi son côté humain qui peut induire des erreurs.
#LaPassiondumal #NetGalleyFrance
Jean-Luc Ployé est expert judiciaire, psychologue, il donne un avis sur l’état psychologique des victimes ou des accusés.
Son quotidien, ce sont les violences conjugales, les viols, les meurtres. Il a ainsi interrogé plusieurs prédateurs, des violeurs et / ou tueurs en série. Ici il revient sur cette expérience, les entretiens mais aussi sur sa carrière, sa vie personnelle. Il réussit à trouver un équilibre dans le récit entre son histoire et sa profession, équilibre si difficile à trouver dans la réalité pour une pratique si exigeante et prenante.
Il réussit à intégrer habilement dans le retour de son expérience professionnelle un récit également intime sur son enfance, la relation avec son père, ses enfants avec lesquels il revient sur ses erreurs. Il parle de ses faiblesses. Chose très intéressante quand on a l’homme d’un côté, le retour sur ses regrets, ses points faibles et le professionnel de l’autre, face à des victimes devant lesquelles il ne faut pas faillir ou des accusés devant lesquels il doit rester impassible.
Un récit déroutant, fluide et passionnant.
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