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Octobre 2010. John Earle McLaren - « Whitey » - a soixante-sept ans. Homme blanc et puissant, père d'une famille de cinq enfants, il est connu comme l'ancien maire respecté de la petite ville de Hammond, dans l'État de New York. Alors quand il aperçoit un matin sur le bord de la chaussée un individu à la peau foncée brutalisé par des officiers de police, il fait de son intervention un devoir moral. Il tente de ramener les policiers à la raison, mais des coups de Taser l'envoient au sol, de violentes impulsions électriques auxquelles il ne survivra pas. Selon la version officielle, Whitey est décédé dans un accident de la route, des suites d'une crise cardiaque.
Que peut-il rester à une famille quand son seul point de ralliement était ce père aujourd'hui subitement enterré ? Il y a d'abord Jessalyn, qui a toujours vécu dans l'ombre de son mari. Désormais veuve, cette femme douce, éteinte, ne semble pas trouver en elle-même la force nécessaire pour tenir ensemble le foyer. Il lui faudra se relever et se reconstruire en tant que femme avant que de redevenir mère. Viennent ensuite les cinq enfants, Thom, Beverly, Lorene, Sophia et Virgil, aussi différents les uns des autres que peuvent l'être les membres d'une même fratrie. Des adultes englués dans leur quotidien, préoccupés par leur vie de couple, pris dans leurs ambitions et leurs regrets, leurs secrets et leurs fautes.
Oates a écrit un roman magistral sur la dislocation d'une famille. L'une des grandes réussites de ce texte réside dans le portrait des enfants, affrontant chacun à leur façon le deuil de leur père, figure tutélaire, mais aussi dans la force et la résilience dont ils font preuve, notamment lors de la découverte de la falsification de l'acte de décès.
Et puis il y a surtout l'étonnante figure de Jessalyn, la veuve anéantie à qui tout le monde prédit un avenir sombre, d'une tristesse insurmontable, et qui surprendra toute sa famille dans une évolution aussi spectaculaire qu'imprévisible...
Au-delà d'être un roman bouleversant de vérité sur le trauma psychologique d'une famille, La nuit. Le sommeil. La mort. Les étoiles aborde aussi le racisme des forces de police aux États-Unis et la lutte des classes. Joyce Carol Oates ose ainsi faire le portrait complexe d'une nation en pleine crise identitaire, et place le lecteur face aux contradictions de la société américaine.
Le 18 octobre 2010, John Earle « Whitey » McClaren (soixante-sept ans) ancien maire de Hammond (New-York) – et donateur des bonnes oeuvres de la police – est victime d’une violence aveugle (notamment à l’aide d’un taser …) de la part de deux policiers. Pris pour cible, après avoir voulu défendre le Docteur Azim Murthy (d’origine indienne) médecin à l’hôpital pour enfants de Saint-Vincent, lui-même agressé tout à fait gratuitement. Un homme coupable d’avoir une peau un peu trop « foncée », au goût de policiers racistes … John Earle McClaren décèdera le 29 octobre (onze jours plus tard) alors qu’on le croyait pourtant sorti d’affaire …
Ses cinq enfants (Thom, Beverley, Sophia, Virgil et Lorene) vont spontanément se rendre dans la maison familiale (au 99 Old Farm Road) auprès de leur mère (Jessalyn) une femme âgée de soixante ans, totalement effondrée …
La version officielle des forces de l’ordre : « un AVC au volant de sa voiture. Heureusement, les deux policiers se trouvaient (comme par miracle !) présents sur la bande d’urgence où Whitey s’est arrêté … Ils ont ainsi pu alerter les secours, lui sauvant (momentanément) la vie … » Justice sera-t-elle rendue à ce brave père de famille, mort prématurément suite à un tabassage en bonne et due forme ? …
Lors de la succession, la division en parts égales entre chaque enfant de la fortune de John McClaren va provoquer jalousie et rancoeur chez les trois ainés, persuadés d’avoir plus de droit (?!…) que leur deux cadets. Une fratrie désunie, dont chaque membre a ses démons (et ses faiblesses cachées …) L’auteure nous livre une étude – et une analyse – des habituels « non-dit » patriarcaux fort pertinentes. De la régulière difficulté à faire accepter son droit à la différence par ses proches, à la relation (trop souvent destructrice) au sein d’une cellule familiale quasi dévorante … De la souffrance des blessures (non refermées) de l’enfance, à la légitimité du droit au bonheur – ou à un nouvel amour – après un deuil douloureux … Du respect (justifié) de tous les jardins secrets … En un mot comme en cent : de l’inextricable complexité des rapports entre des individus issus d’une même « couvée » …
Une sublime « comédie humaine » intimiste et contemporaine, brillamment orchestrée par la non moins fabuleuse Joyce Carol Oates ! Un roman foisonnant (901 pages) et une écriture d’une justesse éblouissante !
Comme d'habitude Joyce Carol Oates découpe au scalpel les relations et les sentiments humains avec une maestria sans pareil. Ici c'est au sein d'une famille aisée de 5 enfants, devenus adultes, et d'un couple dont le patriarche meurt soudainement suite à une bavure policière. Sous le choc, chacun réagit différemment mais violemment à cette disparition, et devra se reconstruire seul dans cette famille désormais disloquée.
" Voici ton heure mon âme, ton envol libre dans le silence des mots,
Livres fermés, arts désertés, jour aboli, leçon apprise,
Ta force en plénitude émerge, tu te tais, tu admires, tu médites tes thèmes favoris,
La nuit, le sommeil, la mort, les étoiles."
Un père (un patriarche) décède subitement et c'est le big bang dans la famille McClaren, la dislocation avant la reconstruction...
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