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Ça s'est passé quatre fois. Ou peut-être une seule. Ça dépend de la manière de compter.Comme chaque année, Baya, ses soeurs et une ribambelle de cousins passent leurs grandes vacances à Hammamet. C'est pour elle l'été de tous les bouleversements. Véritable défi à la modération, cette famille est un univers où il est à la fois drôle, attachant et dangereux de naviguer. Les luttes de pouvoir s'exercent, y compris entre les enfants, dans l'indifférence totale des adultes. Sous le joug de cousins plus âgés, Baya vit des moments d'autant plus douloureux qu'en l'absence de sa mère elle ne peut se confier à personne.Trébuchant mais découvrant aussi sa propre force, Baya va traverser cette mer de difficultés, d'injonctions silencieuses et de tabous transmis de génération en génération, et en sortir en tous points grandie.Roman initiatique, La Nièce du taxidermiste nous offre une puissante et tendre évocation de ce qui attend les femmes dans la grande aventure de leur corps et de leur identité.
Khadija Delaval fait avec ce premier roman le portrait de la jeune Baya la narratrice en quête d'identité et de son corps.
Ce récit nous plonge dans différents états émotionnelles, horrifié, bluffé, envoûté, médusé car l'intrigue nous donne le meilleur comme le pire avec une histoire réaliste et authentique, une famille dysfonctionnelle à l'apparence bourgeoise, l'amour, l'amitié, les violences, Baya qui devient une proie face à son cousin. Le passage de l'enfance à l'adolescence avec une sexualisation, la place des femmes sous un régimes patriarcale et de tradition. Baya une jeune fille qui ressent du désarroi, la panique et une révolte.
"Depuis le sang dans ma culotte, c’est chez lui que je rêvais d’aller tous les jours pour me mettre à l’abri des moqueries de mes cousins, des regards lourds de sens de ma tante Tsakhef et des pincements de joue que m’infligeait son mari."
C’est l’histoire de Baya, famille bourgeoise d’origine tunisienne vivant à Genève. Tous les étés, elle rejoint avec ses sœurs ses cousins et leurs parents dans la maison d’Hammamet de la grand-mère. Etés du laisser-aller où les enfants évoluent dans un chaos étourdissant d’adultes déresponsabilisés, dans le tourbillon d’une clique de cousins pléthoriques. L’été de ses douze ans est celui de la bascule. Elle a ses règles pour la première fois. Elle n’y comprend rien. Rien de ce qui se passe dans son corps ou dans le regard des adultes qui change et lui offre un nouveau statut flatteur de jeune fille. Jusqu’à ce qu’elle devienne la proie de ses cousins plus âgés.
Khadidja Delaval propose un portrait puissant d’une jeune fille rattrapée par son corps et par la violence qui fait irruption dans sa vie d’enfant. Le roman initiatique qu’elle dessine fait évoluer Baya et reprendre le pouvoir. Apprendre à dire non, à ne plus se taire, n’est pas naturel, surtout dans une famille aussi dysfonctionnelle, toute bourgeoise qu’elle soit selon les apparences. Sa route sera solitaire pour dépasser le mektoub, « ce mur en béton sur lequel on ne faisait que se cabosser la tête toute sa vie durant en espérant que le bon Dieu le changerait si on prenait le bon chemin. »
Incontestablement, l’auteure a trouvé un ton authentique à hauteur d’enfant, avec toute la singularité de cette période. On découvre, souvent effarés, la logique particulière des enfants, leur vie secrète, leurs perceptions qui échappent aux adultes. Elle tape très fort, ses phrases décrivent sans tabou les affres d’une jeune fille perdu qui cherche une issue à l’horreur qu’elle vit, rongée par la culpabilité que ce qu’elle a vécu est sa faute.
Pas de place à la pudeur lorsqu’il faut raconter un viol et les conséquences psychologiques sur une jeune fille de douze ans. Les mots sont crus, durs, choquants. On sent la volonté de Khadija Delaval d’atteindre le lecteur, forcé de lire les yeux grands ouverts, impossible de ne pas regarder. Et le malaise s’installe car il y a plusieurs scènes détaillées à l’extrême qui déploient une grande violence physique et psychologique, et s’impriment dans la rétine. Toujours avec la complicité passive des adultes qui, certes ne savent pas, mais ne cherchent jamais à savoir ce que font leurs enfants en roue libre.
Ce malaise est voulu, délibérément provoquée, mais il m’a dérangée. Pas parce qu’il parle de viols, j’ai lu récemment plusieurs romans d’une grande crudité sur le sujet qui m’ont embarquée. Il faut en parler. Les auteurs sont là pour déranger le confort des lecteurs et sortir la poussière de dessous le tapis.
Mais dans ce roman, je ne suis jamais entrée en empathie avec Baya, et cela m’a perturbée de ne pas avoir envie de la consoler. En fait les scènes les plus dures, nombreuses, et la récurrence des allusions aux règles, au sang menstruel, aux culottes salies et aux serviettes hygiéniques sales m’ont éloignée d’elle, me donnant la sensation d’être placée en position voyeuriste, finissant par me dégouter. Encore une fois, je suis persuadée que cet effet est recherché par Khadija Delaval, de même que la métaphore appuyée des menstruations sur la difficulté de devenir une femme dans le monde actuel.
Il est très rare qu’une lecture me laisse aussi perplexe une fois achevée, dans le sens où je lui reconnais de grandes qualités d’écriture et d’audace, tout en ayant été rebutée de façon très organique par certains passages, ce qui a altéré mon adhésion à l’ensemble. Reste un portrait à la fois dérangeant et inspirant d’une jeune fille qui construit son identité de femme forte et servira de repère à ses petites sœurs pour leur montrer la voie.
Lu dans le cadre du Coups de cœur des Lectrices Version femina novembre 2022
Le sujet me tentait : une jeune fille qui va passer ses vacances en Tunisie chez son oncle taxidermiste : un peu de mystère et de dépaysement.
Et bien pas du tout. Certes, l’action se déroule en Tunisie, mais la fameuse nièce ne dormira que 3 nuits chez lui pour le mariage de ses filles.
Le reste du temps, il est question de pipi la nuit et de hantise des tâches des règles dans la culotte de Baya, le personnage principal.
je me suis perdue entre tous les cousins, les dits cousins qui violent Baya qui peine à se défendre.
J’ai trouvé que l’auteure ne faisait rien de ce viol de Baya : pas de révolte, seulement cacher les faits, comme sa mère et les autres femmes de la famille avant elle. Quel dommage.
Un roman qui évoque la fin de l'enfance de Baya, la narratrice, lors de l'été de ses douze ans. Comme tous les étés, elle se rend à Hammamet, chez sa grand-mère, avec ses oncles, tantes et multiples cousins et cousines. Cependant celui-ci sera différent car ses règles arrivent et à partir de ce moment, de nombreux éléments figés de sa vie vont évoluer.
J'ai beaucoup aimé la partie culturelle de ce roman: la vie en été au sein de cette grande famille, les racines, les rituels du mariage de la cousine...Cependant, le reste est très dur et très pessimiste car les viols et attouchements subis par Baya sont décrits de manière très crue, très directe... Même si celle-ci semble s'en sortir ensuite correctement, elle reste très seule avec ses secrets au milieu de cette société patriarcale tunisienne.
La vie de la jeune Baya a deux facettes totalement opposées.
D’abord, il y a son quotidien de fille aînée d’un diplomate à Genève, avec une éducation très surveillée et réfléchie, fréquentant les meilleures écoles, apprenant le piano et ne disposant que d’un droit de sortie limité. Avec ses trois petites sœurs, elle mène une vie équilibrée et heureuse, entourée d’un père affairé mais prévenant et d’une mère lumineuse et charismatique.
Et puis, il y a ses vacances à Hammamet, où ses parents la laisse tous les étés, sous la garde de sa famille tunisienne. Là c’est une sorte de gardiennage régi par la grand-mère, dans lequel seuls les besoins matériels sont assurés, au détriment de toute éducation et de toute morale.
Ainsi, au milieu de cette famille nombreuse, composée de cousins, cousines, oncles, tantes et grands-parents de tous âges, les enfants se débrouillent et règlent entre eux les problèmes auxquels ils sont confrontés. Pour la petite citadine naïve qu’est Baya, l’été de ses 12 ans sera une catastrophe qu’elle mettra longtemps à dépasser.
Avec une écriture très crue et parfois gênante, Khadira Delaval, raconte les us et coutumes de la société bourgeoise tunisienne et le constat est tout à fait révoltant.
Si ce roman est intéressant du point de vue du témoignage qu’il apporte sur un mode de vie ancré de traditions, il est aussi très pessimiste. Car faire monter la révolte en nous pour nous démontrer que, à cause d’un amour profond et ancestral pour la famille, la société tunisienne n’est pas prête de changer, est on ne peut plus démoralisant.
J’ai été happée par ce récit très dur mais incroyablement prenant. Pourtant, je n’en ressors pas grandie et il me reste surtout une immense colère contre ses familles inconséquentes et démissionnaires, dont les femmes sont toujours les victimes.
Elle a treize ans. Elle nous raconte l’irruption de la puberté dans sa vie de jeune fille. Bien qu’elle ait été avertie, elle n’avait pas vraiment compris qu’elle serait concernée. Les premières règles constituent un véritable traumatisme, dont il sera question tout au long du roman, car cet événement intime sera associé à d’autres souvenirs encore plus douloureux.
Si elle vit en Suisse, les vacances d’été se passent en Tunisie, dans la maison familiale, avec les oncles et tantes, les cousins et les cousines. Les relations sont troubles, entre séduction et chamaillerie de l’enfance. On perçoit la sexualisation malsaine des échanges, d’autant plus dérangeante, que la jeune fille n’en comprend vraiment l’enjeu. Ce qui en ressort par contre clairement, c’est la place et le rôle attribué aux femmes, objets à marier, au cours d’une fête qui contribue à pérenniser leur statut sous couvert de traditions.
L’épisode le plus dramatique est curieusement traité avec un certain détachement, de la part de la victime au moment des faits, mais aussi de la narratrice qui en parle. Il faut l’insistance d’un ami témoin de la scène pour qu’elle prenne conscience de l’inadmissible.
Le versant culturel de ce roman est tout à fait intéressant, mais malgré tout, on ressent un malaise lié au décalage entre ce qui a été vécu et ce qui est ressenti. L’immaturité de la jeune fille n’est pas suffisante pour expliquer cette indifférence affichée. Il ne s’agit même pas d’un pardon puisqu’il n’y a pas de crime.
Impression mitigée pour ce premier roman qui se démarque par le ton sur un sujet très porteur ces dernières années
208 pages Calmann-Lévy 17 août 2022
#Laniècedutaxidermiste #NetGalleyFrance
C’est l’histoire d’une jeune adolescente qui découvre beaucoup de choses (dont de très mauvaises), lors de ses vacances en Tunisie, le pays de ses parents, alors qu’elle habite en Europe et a vécu un petit peu aux USA.
Ce livre est assez intéressant car il raconte les questionnements de cette toute jeune fille, mais il est très dur.
Mon souci porte sur ce qu’elle endure : viols (par une fille plus âgée, par ses cousins), maltraitance même.
Bref, j’ai eu un certain malaise à lire cet ouvrage, même si, après le temps de la réflexion, je sais qu’il m’en restera quelque chose.
COUP DE COEUR !
Un roman coup de poing sur les violences sexuelles, les injonctions et les tabous transmis de génération en génération.
Dans ce livre, le lecteur est plongé au sein d'une communauté tunisienne. Pendant les vacances d'été, plusieurs familles se réunissent à Hammamet pendant ces deux mois festifs.
Ce sont des retrouvailles "hautes en couleur" et explosives où la désinhibition des adultes est au cœur de ce récit.
Liberté et excès en tout genre prédominent, laissant les enfants sans surveillance…
Cousins et cousines se retrouvent ensemble pendant ces vacances où la loi du plus fort est instaurée, aux dépens des filles particulièrement.
Le reste de l’année, la famille de Baya vit en Suisse. Baya et ses sœurs sont studieuses, encadrées, surveillées par leurs parents.
La période estivale est la porte ouverte à toutes les tentations et le libre arbitre des adultes comme pour cette jeunesse dorée.
Cet été, Baya, le personnage principal, est devenu une jeune fille.
Elle n’a aucune idée du danger qui rôde ! Elle est une proie facile pour les prédateurs.
La vie de cette fillette va basculer dans l’horreur, l’incompréhension, les non-dits et la peur.
J’ai été happée par cette histoire de la première à la dernière page. J’ai suivi avec beaucoup d’émotions, la vie de Baya pendant ses années de jeune fille jusqu’à l’âge adulte.
C’est un personnage solaire et combatif malgré ce qu’elle a subi l’été de ses 12 ans.
Sa force de caractère lui permettra de survivre et de se reconstruire.
Une histoire qui me semble être un roman de non-fiction. L’auteure semble très bien maitriser son sujet sur les abus sexuels et les secrets de famille ainsi que les us et coutumes des familles tunisiennes.
C’est un roman qui m’a bouleversé et à la fois mis en colère.
Pour ne pas faire de vagues ou porter le déshonneur sur les familles, ces abus sont tus.
Les adultes continuent à perpétuer ces abus de génération en génération sans que cela ne soit dénoncé.
Je n’ai jamais trouvé ce texte cru ni incommodant. Il est d’une réalité et d’une justesse absolue qui m’a entièrement convaincue.
Il met en évidence les dérives et les dysfonctionnements dans certaines familles aux apparences bien trompeuses.
Un livre très réussi que je recommande vivement.
Petit bémol : Le choix du titre du roman qui ne le met pas assez en avant.
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2022/08/la-niece-du-taxidermiste.html
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