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"Dans un style volcanique et avec un humour satirique, Hyam Yared raconte l'histoire terriblement vraie de Hala, une héroïne d'aujourd'hui au coeur d'une tragédie antique. Hala n'est pas une seulement une femme vivant dans un pays arabe, c'est une femme universelle, une Antigone sacrifiée au nom de l'ordre de la société masculine.
Un roman d'une force inouïe, d'une beauté ravageuse qui devrait marquer la rentrée littéraire."
Un livre incroyable qui diffuse un malaise grandissant tant la lucidité du récit et de l'écriture est nette. Une jeune femme, vivant au Liban, se voit peu à peu étouffer, puis sacrifier, autant par sa famille que par une société religieuse où tout est culpabilité. Sa mère impose une dictature qui fera d'elle une boulimique. La bouffe devient l'objet du délit, un chantage absolu, un diable. Fille maudite et mutilée par sa mère, abusée par son frère (il n'y a que dans ce livre-là où j'ai lu une scène terrifiante de viol, où les bonbons achètent le silence d'une soeur qui n'est plus qu'un tube). Histoire vraie, c'est sûre.
Très difficile à résumer ce bouquin, je ne suis pas sûr d'y être réellement parvenu. Il manque des éléments, j'ai peur d'en avoir interprété d'autres. Écrit par une femme, c'est un roman sur les femmes. Sur leurs vies dans ces années-là au Liban. Hala, comme beaucoup se soumet à l'autorité plus qu'elle n'obéit. L'autorité des hommes mais aussi et surtout celles des mères, fortes, qui elles-mêmes ont eu une vie difficile. Dans le milieu dans lequel elle évolue, aucune déviance n'est tolérée : boulimie, homosexualité, sexualité avant mariage, même en parler est péché ! La religion culpabilisante ! "Le plaisir est une porte ouverte sur la dégradation de l'autorité. Il faut annuler le plaisir par la culpabilité. L'énergie calorique sans la culpabilité, c'est la révolution assurée." (p.26)
Hala grandit dans l'espoir de récolter de l'amour de sa mère, or celle-ci ne s'intéresse qu'à son dernier-né, Hicham :
"J'attendais que la colère la quitte pour me blottir en rêve dans ses bras. Chaque fois qu'elle les ouvrait, je me précipitais la première et arrivais quand elle les avait déjà refermés sur Hicham. La nuit, je rêvais de son parfum. Le matin, à l'affût du moindre signe, j'étais heureuse lorsqu'elle était détendue. Son sourire ressemblait à un arc-en-ciel retourné. Avec le temps, je me fis une raison. La tendresse, comme la colère, devait être une possession dont la mère était victime. Elle passait de l'une à l'autre sans raison." (p.19)
Ce roman est toute la vie de Hala, de son enfance à sa vie de femme. Les hommes y sont peu présents, mais importants par les actes qu'ils commettent ou au contraire par leur indifférence au sort des filles et par leur souhait de ne pas s'immiscer dans l'autorité maternelle (pour avoir la paix et vivre tranquillement), sous prétexte d'aller travailler pour faire vivre la famille. Plus tard elle les découvrira transparents, se désagrégeant petit à petit. Ce sont donc les mères qui éduquent les enfants, durement comme elles l'ont été ; celle de Hala est changeante : "Ma mère souffrait d'automutilation retournée sur autrui. A travers moi, elle punissait son propre sexe." (p.31/32)
C'est un livre qui se mérite : sa lecture n'est pas évidente, demande de l'attention, mais on n'en décroche pas. Hyam Yared est poétesse et romancière et son écriture s'en ressent. Des passages très beaux alternent avec d'autres plus crus, directs. La lecture est déconseillée aux pudibonds, mais fortement recommandée aux autres. Si certaines phrases sont un peu plus ardues à saisir, et certains passages un peu plus longs, je ne me suis jamais ennuyé dans ce livre. Hyam Yared développe un style qui accroche et garde le lecteur. Une sorte de fascination ou d'ensorcellement qui vous mènera au bout de cette histoire de femme libanaise, qui pourrait bien représenter une femme universelle.
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