Chaque année la grippe revient, annoncée par des prédictions abusivement alarmistes ou faussement rassurantes, précédée d'intenses campagnes de prévention vaccinale suscitant de non moins intenses campagnes de dénigration, mobilisant le corps médical, les épidémiologinstes et les virologues, mais rencontrant l'insouciance goguenarde d'une population résignée, prête à en affronter le risque avec la compensation d'une semaine d'arrêt de travail. Banalisée par les plus jeunes au point d'être confondue avec le rhume, diabolisée par les anciens qui n'ont pas oublié les millions de morts dus à la grippe espagnole de 1918-1919, c'est un inépuisable sujet de conversation car tout le monde, hélas, a un avis sur la grippe. Ainsi courent pêle-mêle révélations hasardeuses, rumeurs incontrôlées et conseils inappropriés.
Toujours présente au rendez-vous hivernal des pays tempérés et chaque fois différente, attendue mais imprévisible, l'épidémie annuelle de grippe saisonnière fait plus de victimes que les accidents de la route, mais cette hécatombe passe généralement inaperçue. À cela s'ajoute la menace de pandémie, réactualisée en 1997 avec l'émergence d'un virus aviaire hautement pathogène à Hong Kong, sa dissémination depuis 2003 dans les élevages de volailles de neuf pays asiatiques, puis son extension à l'Europe en 2005 et à l'Afrique en 2006. Près de 300 fois, ce virus A/H5N1 a réussi à franchir la barrière d'espèce et à provoquer chez l'Homme une maladie mortelle dans plus de la moitié des cas. Mais il reste heureusement incapable de se propager de personne à personne. Pour cela, une adaptation génétique est nécessaire. Les virus de la grippe étant capables de muter avec une grande fréquence, tout porte à croire qu'elle apparaîtra un jour ou l'autre, quelque part dans le monde. Ainsi, notre sort est-il suspendu à un événement génétique probable dont on ne peut prédire ni la date ni le lieu. Mais grâce aux progrès scientifiques réalisés au cours des cinquante dernières années, nous ne sommes plus aussi démunis qu'en 1918 devant le risque de pandémie. Outre les moyens modernes de diagnostic, de traitement et de prévention, la mise en place d'un réseau internationalde surveillance coordonné par l'organisation mondiale de la santé pour détecter précocement toute épidémie est un atout considérable contre l'effet de surprise. Gravissime ou modérée, la prochaine pandémie de grippe ne sera pas subie par des populations ignorantes et désarmées, mais activement combattue dès son apparition. Regarder la grippe en face, c'est vouloir se donner les moyens de maîtriser les épidémies saisonnières, mais aussi de réduire l'impact de la prochaine pandémie. Tous les professionnels de santé sont concernés.
Cet ouvrage leur est destiné. Réalisé par un groupe d'experts, c'est un outil didactique incluant un cédérom et des séquences vidéo pour que chacun puisse y trouver des réponses simples et pratiques aux questions que leur pose cette maladie toujours d'actualité.
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