C'est mon premier livre de Donna Leon, je fais connaissance avec son personnage récurrent, le mélancolique commissaire Guido Brunetti, son aristocratique épouse Paola au caractère bien trempé, et ses deux enfants, et de tous les autres...
Bien sûr, il y a une enquête mais ce roman est bien...
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C'est mon premier livre de Donna Leon, je fais connaissance avec son personnage récurrent, le mélancolique commissaire Guido Brunetti, son aristocratique épouse Paola au caractère bien trempé, et ses deux enfants, et de tous les autres...
Bien sûr, il y a une enquête mais ce roman est bien plus psychologique que policier. La romancière américaine qui vit depuis plus de 30 ans à Venise plante ses intrigues dans un décor incomparable, celui de la Sérénissime, et plonge le lecteur au cœur de la vie quotidienne de la cité lacustre. Si elle en confirme la lumineuse beauté et le raffinement, elle en dévoile aussi les travers et en particulier l'insidieuse corruption qui y sévit. C'est Venise en eaux troubles.
Pas de rebondissement ni de course poursuite, de fin en apothéose, dans ce roman subtil, dense, et tout en demi-teintes, qui repose entièrement sur des dialogues à demi-mot, une surprenante manière de communiquer tout en sous-entendus et implicite. Il semblerait qu'à Venise, on avance masqué même en dehors de la période du Carnaval !
Et Guido, personnage intelligent et cultivé, est passé maître dans l'art de la manipulation et de l'esquive, qu'il exerce notamment sur son supérieur hiérarchique.
Le commissaire vénitien hérite donc d'une enquête sur des déchets ultra-toxiques dans laquelle est impliquée la Camorra (mafia napolitaine) et au cours de laquelle le carabinier Filippo Guarino a été exécuté ; parallèlement il en mène une autre, officieuse, sur Franca Marinello, une brillante jeune femme rencontrée au cours d'un dîner dont le visage étrange et la culture littéraire l'ont grandement impressionné et intrigué. Au fil des pages, Guido va dénouer patiemment l'écheveau et découvrir l'odieuse vérité.
Donna Leon est âgée de 70 ans, ses romans sont traduits dans une vingtaine de langues hormis l'italien comme l'a déjà dit Claude, par souci de protection de son anonymat à Venise.
J'ai déjà prévu de lire le prochain "Brunetti et le mauvais augure" quand il sera sorti en poche.
PS : à noter pas mal de coquilles dans la traduction, ça fait désordre !
Brunetti est mélancolique mais vit sereinement au sein d'une famille unie. Sa femme le laisse exercer pleinement son métier de commissaire sans aucun jugement, mais cet avis aura besoin d'être confirmé par d'autres lectures. Il n'est pas taciturne et torturé comme Adamsberg et Erlendur mais ces trois-là ont en commun la passion de leur métier, une grande intelligence, un regard bienveillant sur autrui, et une volonté farouche de faire triompher la justice.
Je viens d'acheter les deux premiers volets des "Enquêtes du département V".
Bises, Nina