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« Jusqu'ici, en correspondance avec la civilisation que nous vivions, le prêtre était présent comme un notable, un peu dans la même ligne qu'une autorité civile. Il suffisait de mettre un prêtre dans un village pour y créer un climat de piété et de bon ordre ». C'est ce qu'observe, en 1963, un religieux fribourgeois dans une correspondance à l'évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, Mgr François Charrière. Dans le même temps, une enquête sociologique juge le clergé des paroisses rurales « zélé », mais « sous occupé ». Un demi-siècle plus tard, le prêtre catholique se fait toujours plus rare et socialement invisible, en Suisse romande. Sa figure se retire des paroisses, des institutions, de toute une société. En 1960, les diocèses romands revendiquaient mille prêtres séculiers, ils n'en comptent plus que quatre cent. Pourtant, Michel de Certeau observe, en 1987, que leur image fascine encore, « telle une relique de sociétés disparues ». Et la présence du curé reste toujours recherchée dans les moments cruciaux de la vie, du baptême au mariage, jusqu'à la mort.
Comment comprendre ces mutations profondes qui bouleversent l'état du clergé ? Quels sont, de 1945 à 1990, les changements dans le cursus du clergé depuis le recrutement jusqu'à l'expérience du ministère, en passant par les années du séminaire ? Grâce à des sources d'archives inédites, cette thèse s'interroge sur les perceptions que s'en donnent l'institution et ses acteurs, des évêques aux supérieurs de congrégations, jusqu'aux curés de paroisse et aux séminaristes.
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