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Le jeune Hiram Walker est né dans les fers. Le jour où sa mère a été vendue, Hiram s'est vu voler les souvenirs qu'il avait d'elle. Tout ce qui lui est resté, c'est un pouvoir mystérieux que sa mère lui a laissé en héritage. Des années plus tard, quand Hiram manque se noyer dans une rivière, c'est ce même pouvoir qui lui sauve la vie. Après avoir frôlé la mort, il décide de s'enfuir, loin du seul monde qu'il ait jamais connu. Ainsi débute un périple plein de surprises, qui va entraîner Hiram depuis la splendeur décadente des plantations de Virginie jusqu'aux bastions d'une guérilla acharnée au coeur des grands espaces américains, du cercueil esclavagiste du Sud profond aux mouvements dangereusement idéalistes du Nord. Alors même qu'il s'enrôle dans la guerre clandestine qui oppose les maîtres aux esclaves, Hiram demeure plus que jamais déterminé à sauver la famille qu'il a laissée derrière lui. Dans son premier roman, Ta-Nehisi Coates livre un récit profondément habité, plein de fougue et d'exaltation, qui rend leur humanité à tous ceux dont l'existence fut confisquée, leurs familles brisées, et qui trouvèrent le courage de conquérir leur liberté.
C'est l'histoire d'un jeune esclave, plus communément appelé un "asservi" dans ce roman.
Fils bâtard du maître et d'une mère esclave dont il a été séparé, il un don.
Un talent mystérieux que le réseau, organisme clandestin qui œuvre pour libérer les esclave, espère qu'il mettra au profit de leur combat.
D'une écriture envoutante, Ta-Nehisi Coates raconte le destin de ces hommes et femme opprimés, assujettis mais déterminés à trouver la liberté.
Plus que les tortures, la douleur la plus criante est la séparation des familles, des époux, des enfants et des parents.
L'auteur hurle cette souffrance là.
Il a des passages poétiques, presque mystiques.
L'écriture est dense, très dense et élégante.
Ta-Nehisi Coates s'est éloigné de la non fiction pour ce premier roman ; c'est une réussite.
Lu dans le cadre du prix du Livre de Poche 2023
Avant de participer au prix Audiolib, je n’avais jamais entendu parler de ce roman qui m’a fait forte impression, que ce soit en raison des thématiques abordées, des personnages ou de la plume de l’auteur aux qualités littéraires indéniables. Car sans jouer sur le pathos tout en restant proche des protagonistes, et donc des lecteurs, Ta-Nehisi Coates arrive à nous faire ressentir une large et intense gamme d’émotions, de la révolte pure, à l’admiration en passant par la compassion, mais aussi le dégoût de ces hommes qui se sont arrogé le droit de vie et de mort sur d’autres en raison de leur couleur de peau.
Dans ce roman, l’auteur dépeint toute l’horreur d’un système esclavagiste basé sur l’exploitation des Noirs par les Blancs. Des Blancs qui traitent les Noirs comme des bêtes immatures tout juste bonnes à travailler encore et encore pour qu’eux puissent se baigner dans la luxure et l’oisiveté. À cet égard, le demi-frère mal dégrossi d’Hiram est un symbole à part entière. Blanc et fils légitime, il jouit de tous les privilèges que sa couleur de peau lui octroie quand Hiram, fils d’une esclave, doit se contenter de le servir et de veiller sur lui. Une injustice parmi tant d’autres qui m’a révoltée et brisé le cœur.
Racisme, trahisons, mensonges, chasses à l’homme, viols, violences physiques et morales, la pire étant peut-être celle consistant à séparer des familles afin de répondre à la loi de l’offre et la demande comme si un être humain était une marchandise comme les autres… D’ailleurs, ne parle-t-on pas de titre de propriété dans les plantations où sont enchaînés tant d’hommes, de femmes et d’enfants ? Certaines choses sont très dures à entendre, a fortiori quand on sait qu’elles sont tirées d’une histoire pas si lointaine que cela, et que le roman est basé sur la vie d’une famille ayant réellement existé. La danse de l’eau contient néanmoins aussi de beaux moments emplis d’amitié, de solidarité, de complicité, d’amour sous différentes formes, de connivence, d’échanges…
Parmi les personnages, j’ai été particulièrement touchée par Hiram, ce jeune homme courageux et droit qui fera de son mieux pour faire avancer la condition des gens qu’il aime, mais aussi des autres esclaves. Ainsi, après des péripéties et des désillusions, il va intégrer un mouvement clandestin abolitionniste qui n’est pas parfait, mais qui apportera un vent de révolte nécessaire pour briser le mur de l’oppression. Il y rencontrera notamment une figure de la lutte contre l’esclavage, Harriet Tubman impressionnante de détermination ! Le réseau permettra également à Hiram de prendre la pleine mesure de sa force et de l’étendue de son surprenant don. Car sa mémoire prodigieuse, qui lui permet de tout retenir, n’est pas son seul et plus grand atout…
Je n’en dirai pas plus sur cet élément original que je n’avais jamais rencontré dans un roman, mais j’ai adoré en apprendre plus sur celui-ci, en tester les limites et découvrir comment il va aider Hiram dans sa lutte pour la liberté. Au fil des pages, le jeune homme gagne en force, mais finit également par réaliser l’importance d’aimer sans avoir envie de posséder, grâce, entre autres, à une jeune femme tout aussi résiliente et déterminée que lui. D’ailleurs, si Hiram se révèle attachant bien qu’avare quand il s’agit de partager ses sentiments, la galerie de personnages secondaires ne manque pas d’intérêt. J’ai, pour ma part, été très touchée par une femme en apparence froide, mais bien plus tendre qu’on pourrait le penser. Plus on en apprend sur elle, son passé et toutes ces épreuves que les Blancs lui ont fait vivre, plus on se prend d’affection pour cette survivante d’un système qui broie tout sur son passage !
Quant à la voix du narrateur, je l’ai trouvée extrêmement fidèle à la représentation que je me suis faite d’Hiram au fil des pages. À moins que ce ne soit le ton posé, mais ferme d’Alex Fondja qui m’ait aidée à former une image précise d’un jeune homme courageux qui s’affranchira d’un système oppressif pour venir souffler un vent de liberté communicatif…
En conclusion, La danse de l’eau est un roman puissant dont le titre prend tout son sens à mesure que l’on se plonge dans l’histoire d’Hiram, un jeune esclave qui va affronter bien des épreuves avant de s’approprier son don unique et un passé qui s’était dérobé à sa mémoire. Intense et parfois très dur de par la violence historique à laquelle il nous confronte, ce roman n’en demeure pas moins porteur d’espoir et de beaux instants d’amitiés et d’amour sous différentes formes. Une histoire de courage conjuguée au pluriel et de lutte pour la liberté !
Plongez dans la Virginie la veille de la guerre de sécession dans les champs de tabac. Hiram est un esclave, fils d’une esclave (une asservie) et du maître des lieux (un distingué). C’est sous les yeux d’Hiram qu’on entre dans ce monde hiérarchisé, où les asservis sont déshumanisés, vendus, séparés des leurs, bradés, victime de la volonté et mesquinerie des blancs. On le suit dans ce Sud où il découvre le réseau clandestin qu’il intègre. Il se rend dans des États du Nord où les noirs, libres, peuvent prospérer.
Si le sujet traité est classique, il y est traité sous un angle original avec un personnage particulier. Hiram a un don, un pouvoir mystérieux transmis par sa mère, la conduction. Il peut ainsi se transporter d’un endroit à un autre grâce à l’eau. Mais attention pas de science fiction non plus.
Grâce à ce don, l’auteur intègre quelque chose de mystique et de poétique. Le lecteur intégre et rythme parfaitement cette poésie. J’ai beaucoup aimé l’évolution de ce personnage qui peut paraître un peu naïf au début mais dont le regard sur les conditions de vie des noirs dans le Sud ou dans un État du Nord permet de le placer en tant qu’observateur puis son évolution vers la volonté d’agir pour la cause.
C’est aussi l’Histoire que l’auteur aborde de manière particulière en mettant l’accent sur les familles séparées par les distingués, exprimant l’indifférence totale. Cette approche rend souvent le récit bouleversant, sans exagération. Toutes ces émotions sont transmises par le lecteur à la voix grave, posée et qui colle parfaitement à cette histoire qu’on peut écouter comme un conte.
Si je commence par vous dire que ce roman est un roman sur l'esclavage, vous risquez de me dire, « un de plus ». Et c'est vrai la littérature américaine s'est emparé du sujet depuis longtemps. Pourtant Ta-Neishi Coates réussit le pari d'apporter quelque chose de nouveau. Lui que l'on connait pour ses essais passe de la non-fiction à la fiction avec beaucoup d'ambition.
Nous sommes dans la Virginie d'avant-guerre civile, dans une plantation de tabac appelée Lockless. La splendeur de Lockless et de ses voisines commence à pâlir : les propriétaires, par un mélange d'incompétence et d'appât du gain, ont travaillé leurs terres jusqu'à épuisement et ils en sont désormais réduits à brader leurs esclaves pour maintenir leur train de vie.
C'est un monde très hiérarchisé. Au sommet se trouvent les Distingués, propriétaires de terres et d'esclaves sur lesquels ils ont le pouvoir de vie et de mort. Viennent ensuite les blancs inférieurs, pour la plupart sans instruction, employés par les Distingués pour superviser les plantations et contrôler les esclaves. Après eux, il y a les Affranchis, d'anciens esclaves qui ont pu acheter leur propre liberté. Tout en bas se trouvent les Asservis, les esclaves.
Hiram Walker, est un Asservi. Enfant d'une esclave et du propriétaire de Lockless.
Il a le don de mémoire, la capacité à se souvenir de tout ce qu'il voit, entend et lit. Pourtant il ne se souvient pas de sa mère, vendue par son père quand il avait neuf ans. Mais Hiram a un autre don. Un don qu'il a du mal à comprendre et à maitriser, le don de la « conduction ». Au contact de l'eau, Hiram peut se transporter et transporter d'autres personnes sur de grandes distances.
Engagé par le réseau clandestin de libération des esclaves, Hiram va vivre de nombreuses aventures et petit à petit apprendre à apprivoiser la « conduction ».
Ta-Neishi Coates introduit une part de réalisme magique dans les récits habituels sur l'esclavage et met l'accent tout au long de son roman sur la séparation déchirante des enfants de leurs mères, des maris et des femmes, des familles de façon générale.
L'invocation de sentiments personnels, de foi ou de mémoire pour accéder à des pouvoirs surnaturels est un trope déjà vu en fantasy mais rarement dans de la littérature blanche. Et pour Coates, se souvenir n'est pas seulement un processus personnel - cela implique de puiser dans le collectif, dans la douleur des générations.
L'auteur nous offre un tableau subtil de l'esclavagisme dont les répercussions continuent de tourmenter l'Amérique contemporaine.
J'ai vu des symboles partout dans ce roman, à commencer par le nom du personnage principal (si vous ne savez pas qui est Hiram, je vous laisse faire vos petites recherches personnelles).
Magnifiquement écrit, « La danse de l'eau » est un premier roman remarquable, au rythme soutenu et avec un petit quelque chose de différent qui le distingue vraiment de tout ce que j'ai pu lire sur le sujet auparavant. On comprend aisément à sa lecture que Brad Pitt travaille à l'adaptation cinématographique et je suis vraiment surprise de l'avoir peu vu chroniqué sur Babelio..
Traduit par Pierre Demarty
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