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Dans le décor paisible de la bretagne des grandes vacances, un drame secret se joue entre un frère et une soeur.
Soleil et brume, baignades et marches dans la lande ; la douceur du paysage contraste avec la brûlure des âmes à vif : les passions sont d'autant plus fortes qu'elles n'osent se dévoiler.
L’été qui s’enfuit est un ami qui part
Chaque été, j’ai des envies de relecture, il y a cinquante ans j’avais lu ce roman, l’unique publié de Jean-René Huguenin puisque ce dernier est mort deux ans après dans un accident de voiture.
J’ai appris que la collection Bouquins lui consacre un opus avec La Côte sauvage, son journal et plusieurs textes inédits.
Mes souvenirs de ce roman étaient intacts, donc je suis entrée dans ce roman avec le sentiment d’une familiarité et concomitamment le sentiment prégnant d’une écriture qui n’a pas pris une ride.
La Bretagne de la fin des années 50, c’est le fief de la famille Aldrouze.
Madame Aldrouze, hypocondriaque patentée règne sur ses trois enfants Berthe, qui vire vieille fille aigrie, Olivier qui revient après deux ans de service militaire et Anne qui va se marier avec Pierre, le meilleur ami d’Olivier.
Dès la première scène le lecteur peut ressentir que sans Anne, Olivier ne serait pas revenu dans cette famille, où un mystère demeure et ne sera pas dévoilé dans le roman, la mort du père juste après la guerre.
Olivier est une énigme, beau et solitaire depuis toujours.
« Il était si seul, il était si beau, il n’avait pas d’amis et quand il rentrait de l’école avec des notes trop brillantes, il jetait son carnet sur la table comme s’il était furieux de faire plaisir. »
D’emblée, il n’y a pas de doute sur les sentiments d’Olivier qui n’a d’yeux que pour Anne. Il va tout faire au cours de cet été incandescent pour qu’elle renonce à son mariage avec Pierre et dès qu’il aura réussi il fera tout pour que le mariage se fasse.
Tout le roman repose sur l’ambiguïté des corps et des âmes qui s’accordent mais où l’interdit les musèlent.
Même lorsqu’au cours de l’été, ils vont se mêler à un groupe d’amis, Olivier sera à l’écart tout en maintenant une emprise qui ne s’explique que par l’étrangeté de ce jeune homme.
Singulier Olivier l’est, mais aux yeux de tous il est fascinant alors qu’il a le sentiment profond de ne pas maîtriser sa vie, il est toujours ce petit garçon « qu’aucun danger n’effraie, a peur des ombres, ou plus exactement du vide : quand il était petit et qu’il s’éveillait la nuit, il se dépêchait d’allumer la lampe, tremblant que sa chambre, et la maison, et le monde entier n’aient disparu tout à coup. »
Le sentiment qui domine et sépare Olivier des autres, il me semble que pour lui chaque jour est un commencement et que pour les autres les jours se suivent.
J’aime cette écriture qui dit l’intranquillité, l’ambiguïté de ce beau jeune homme au milieu de la course effrénée des autres à vivre.
Les paysages bretons magnifiquement intégrés ne sont pas une consolation pour cet écorché vif qui pourtant sait les voir et les aimer, ils lui servent plutôt à cacher sa détresse.
Bien évidemment, la question reste entière de savoir comment Jean-René Huguenin aurait écrit si la vie avait buriné cette âme.
Une relecture qui m’a donné envie de lire ce qui est enfin édité.
Un livre qui traverse le temps, c’est rare.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/09/05/la-cote-sauvage/
Roman unique d'un auteur trop tôt disparu, à l'âge de vingt-six ans, en 1962, c'est un roman fort qui reste en tête après lecture.
De retour dans la demeure familiale bretonne pour les vacances, Olivier retrouve sa sœur Anne qu'il aime tendrement, sa mère maladive et son autre sœur Berthe, asociale et alcoolique qu'il déteste.
Il y a aussi son ami Pierre, qui va épouser Anne bientôt.
De par la personnalité d'Olivier, tout deviendra ambiguïté cet été là.
Son amour pour Anne, son amitié pour Pierre, les relations avec sa mère et avec Berthe, sa confiance en lui.........
C'est un être fort.
Fort et faible à la foi, voire désespéré.
Il donne l'apparence d'un homme aux opinions déterminantes, à la volonté farouche, infatué de lui-même, manipulateur.
Il n'est en réalité que doutes et questionnements.
C'est un être torturé et mal dans sa peau.
De scènes de côtes bretonnes en souvenirs d'enfance, on avance précautionneusement dans cette histoire de plus en plus ambiguë.
Amour et mort se frôlent.
Il y a peu d'action.
Le ton est parfaitement juste pour décrire la beauté bretonne, pour décrire ces vacances où les jours se succèdent et se ressemblent.
Mais l'angoisse et le mal-être d'Olivier, omniprésents même sous son apparente désinvolture ont fini par me gagner, dégageant un sentiment de malaise oppressant.
Que tout est finement suggéré dans ce roman !
C'est plus encore après la lecture que j'en ai apprécié toute la finesse, toute l'élégance, toute l'intelligence.
Les images de Jean-René Huguenin que j'ai vues sur internet renforcent le sentiment de similitude entre l'auteur et le personnage.
Ce livre-là, je le garde pour le relire un jour.
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