Un douloureux passage à l'âge adulte, entre sensibilité et horreur...
Qui n'a pas bu puis musardé par un chaud soir d'Été saisira avec grande difficulté l'étrange ivresse qui prit pour palais l'esprit de nos deux hommes. Soit, ils ne titubaient pas, de sorte qu'on ne pouvait pas affirmer qu'ils étaient francs saouls, mais la trop grande application qu'ils mettaient dans l'anticipation des obstacles de la rue, avec une sorte d'emphase gesticulatoire, qu'il s'agît de quidams, de pavés remarquables couronnés d'herbes ou de fleurs sauvages, de devantures biscornues, de charrettes, de groupes de bonimenteurs ou de sébiles tremblotées au bout d'un bras trop maigre, ce bien avant qu'ils n'en fussent à proximité, n'attestait que trop de l'affection encore effective de leurs pensées, lèges aux sortilèges qu'ils avaient bus, dans une taverne dont ils avaient oublié le nom et qui, en l'occurrence, n'avait que peu d'importance.
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