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La cocaine des tourbieres

Couverture du livre « La cocaine des tourbieres » de Hervé Jaouen aux éditions Ouest France
Résumé:

Hervé Jaouen est tombé amoureux de l'Irlande en 1977. Ce n'est que de longues années plus tard qu'il s'est senti autorisé à rendre compte de ses multiples séjours. Il craignait que son regard ne fût celui d'un "touriste" et ne dénature un pays qui est devenu sa seconde patrie. Force est de... Voir plus

Hervé Jaouen est tombé amoureux de l'Irlande en 1977. Ce n'est que de longues années plus tard qu'il s'est senti autorisé à rendre compte de ses multiples séjours. Il craignait que son regard ne fût celui d'un "touriste" et ne dénature un pays qui est devenu sa seconde patrie. Force est de reconnaître qu'il a réussi à restituer ses émotions, puisque Journal d'Irlande est devenu le livre de chevet de nombreux irlandophiles et que Chroniques Irlandaises a été considéré par Libération comme digne de trouver sa place, à trente années de distance, auprès du fameux Journal irlandais d'Heinrich Böll, prix Nobel de littérature. La tâche était ardue, vous dira-t-il. Comment rendre compte d'émotions subtiles, nées de presque rien, c'est-à-dire de paysages, de rencontres, de conversations en apparence banales ? En les décrivant dans leur simplicité, en prenant le meilleur de l'humour des Irlandais, en s'amusant de leurs contradictions, qui font tout leur charme.
1996 fut en France l'année de "l'imaginaire irlandais" et Hervé Jaouen fut très sollicité pour donner des conférences, animer des causeries, signer ses livres. Il vous dira que la question répétitive qui l'irrita le plus, au cours de ces manifestations, fut celle-ci : "Pourquoi l'Irlande ? ", à laquelle on lui demandait de répondre en deux minutes, alors qu'il estime, si on additionne La Cocaïne des tourbières et ses deux précédents ouvrages, n'y avoir pas encore répondu en plus de 1000 feuillets. Échaudé, il mit au point cette réponse laconique : "Pourquoi l'Irlande ? Parce qu'en Irlande les nuages charrient de la spiritualité, qu'il pleut de la poésie et que. les Irlandais ne portent pas d'imperméable." Hervé Jaouen n'en porte pas non plus. Sa démarche est poétique. Pas plus qu'un amoureux ne se préoccupe de faire radiographier sa belle avant de l'épouser, Hervé Jaouen ne s'attache outre mesure à la réalité économique ou politique de l'Irlande. Il se contente de l'esquisser quand le contexte s'y prête. Entre l'Irlande et Jaouen, il y a une véritable histoire d'amour fou, et bien qu'elle soit essentiellement spirituelle, même ou surtout, quand on pêche la truite ou le saumon en sa compagnie ou qu'on l'accompagne au pub, dans cette histoire l'Irlande acquiert cette présense charnelle que seul un écrivain peut donner à un pays.
Comme il l'explique dans un avant-propos à La Cocaïne des tourbières, Hervé Jaouen pensait ne plus rien avoir à écrire sur l'Irlande après les Chroniques. Heureusement pour le lecteur que cela n'a pas été le cas. Il ne souhaitait pas rompre avec l'Irlande, mais simplement, sans doute, vivre désormais comme un vieux couple, ne plus déclarer sa flamme chaque jour. L'île Verte ne l'a pas voulu, pour notre plus grand bonheur. L'entreprise de séduction de l'Irlande n'a pas de limites, Hervé Jaouen l'a définitivement admis, et le dit dans son avant-propos à La Cocaïne des tourbières, où il nous donne en outre l'explication du titre de son troisième ouvrage - comment résister aux muses irlandaises quand elles vous soufflent un tel titre ?
"Cette année comme les autres années, nous avons encore eu avec Mrs. O'Leary, véritable héroïne de mes trois volumes de notes de voyage, cette conversation qui nous amuse beaucoup, elle et nous, sur l'engourdissement et le doux bien-être dans lesquels vous sombrez en Irlande, sur cette langueur intemporelle au sein de laquelle nous avons depuis plus de deux lustres appris à nous complaire.
J'ai eu la même conversation avec un gentleman-farmer et poète, Jim Robson, propriétaire de Clifden House, un manoir près de Corodin, comté Clare.
"Qu'est-ce qu'il y a dans l'air ? Vous ignorez la réponse, Hervé ? Vraiment ? Elle ne date pas d'hier, pourtant. Au XIXe siècle, un savant anglais a découvert que s'échappait des tourbières un gaz dont les propriétés sont très proches de celles d'un alcaloïde bien connu sous le nom de cocaïne. Compte tenu de l'immensité de nos tourbières, l'air irlandais est saturé de coke. On est tous shootés du matin au soir et d'un bout de l'année à l'autre." Enfin, tout s'explique ! Nous sommes accros à la cocaïne des tourbières ! J'ai donc eu raison d'écrire quelque part que l'Irlande est une drogue douce qui crée un terrible effet d'accoutumance.
Et dont rien ne peut vous guérir.
De toute façon, il faudrait être bien sot de vouloir subir une cure de désintoxication."

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