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La parole épique commémore et réactualise dans un jeu subtil de temporalités enchevêtrées un événement perçu comme fondateur ou décisif par celui qui l'énonce comme par ceux qui la reçoivent, pour « célébrer avec solennité, dans un langage rituel, écrit Pierre Le Gentil, la liturgie de l'héroïsme chevaleresque ».
L'empreinte du sacré se manifeste dans l'inspiration chrétienne qui anime les textes où la mort héroïque sur le champ de bataille se fait l'homologue de la Passion du Christ, comme les souffrances des grands de ce monde évoquent le martyre des saints, et elle se révèle encore dans les prières, les miracles, les rêves et apparitions qui scandent le parcours des poèmes.
Les chansons de geste permettent aussi d'aborder la question de la relation entre violence guerrière et sacré, et d'analyser ce que René Girard appelle « la crise mimétique ». Elles offriraient même une solution pour résoudre les rivalités, eu égard à la place accordée au sacrifice rituel et au mécanisme victimaire, ainsi qu'aux liens qu'elles entretiennent avec le mythe.
Le dixième colloque international de la Section française de la Société Rencesvals qui s'est tenu à Clermont-Ferrand du 18 au 20 octobre 2017 a exploré les facettes de cette vaste thématique que les études rassemblées dans ce volume invitent à découvrir.
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